Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est d’accord avec la proposition de n’appliquer dans un premier temps l’embargo sur le pétrole russe qu’au pétrole livré par voie maritime. Il l’a dit lundi avant le début du sommet européen. Le pétrole importé via le grand oléoduc Druzhba serait pour le moment exclu de l’embargo, ce qui, selon Orban, est « une bonne approche ». Mais il exige des garanties avant d’accepter la proposition.
En exemptant temporairement le pétrole terrestre de l’interdiction d’importer, après des semaines de négociations, un moyen semble enfin avoir été trouvé pour contourner le veto de la Hongrie contre les sanctions pétrolières. Avec la Slovaquie et la République tchèque, le pays affirme qu’il a trop peu d’alternatives pour absorber un embargo pétrolier complet à court terme.
Mais la proposition telle que présentée au début du sommet européen reste insuffisante pour Orban. Il veut des garanties étanches pour la sécurité d’approvisionnement de la Hongrie, a-t-il déclaré. « Le gazoduc Druzhba traverse le territoire ukrainien. Nous devons avoir la garantie que si un incident survient avec le pipeline, nous aurons le droit d’obtenir du pétrole russe d’autres sources. S’il obtient cette garantie, il est prêt à accepter l’embargo, a indiqué Orban.
Le président Charles Michel est au sommet pour un accord politique sur un embargo partiel sur le pétrole. « Les prochaines heures devraient donner l’élan pour décider, pour faire un pas en avant. Il y a des sensibilités et des inquiétudes, des progrès ont déjà été faits aujourd’hui.
Les faibles attentes
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, n’était pas très optimiste à son arrivée. « L’affaire a certainement mûri, mais mes attentes d’une résolution dans les prochaines 48 heures sont faibles. Mais après cela, il y aura certainement une opportunité.
C’est la Commission qui a présenté début mai le sixième paquet de sanctions dont l’embargo fait partie. Maintenant, il y a enfin une perspective du consensus nécessaire sur le paquet entre les États membres, même si d’autres pays fixent également leurs conditions en plus de la Hongrie. « Nous n’avons qu’une seule clé du succès, et c’est la solidarité avec l’Ukraine et l’unité en Europe », a déclaré von der Leyen.
En tout cas, la Hongrie semble isolée et plusieurs dirigeants ont appelé Orban à accepter enfin l’embargo. Même le Premier ministre slovaque Eduard Heger lui a dit lors d’une réunion bilatérale que l’unité européenne est cruciale. « Les revenus de la vente du pétrole financent l’agression russe en Ukraine. Nous sommes des pays sans frontière maritime, mais avec l’aide de REPowerEU, nous pouvons nous débarrasser de cette dépendance. La semaine dernière, Orban s’est déchaîné contre le plan REPowerEU de la Commission, qui vise à accélérer l’élimination par l’Europe des importations de combustibles fossiles en provenance de Russie.
La Belgique fixe également ses conditions
La Belgique fixe également ses conditions pour accepter l’embargo pétrolier. Le Premier ministre Alexander De Croo, comme ses collègues Mark Rutte des Pays-Bas et Mario Draghi d’Italie, veut s’assurer que les pays qui reçoivent encore du pétrole russe (moins cher) via des oléoducs ne causent pas de désavantage concurrentiel. Le projet de conclusions, que Belga a pu consulter, précise qu’« une concurrence loyale et des conditions de concurrence équitables dans le marché unique européen » doivent être garanties. Selon une source européenne, une interdiction de réexportation du pétrole russe vers les pays concernés pourrait intervenir en temps voulu.
Il est également souligné dans les cercles de l’UE qu’un embargo pétrolier qui ne s’applique qu’aux importations en provenance de la mer réduira les importations russes de deux tiers. De plus, compte tenu de la promesse antérieure de la Pologne et de l’Allemagne d’arrêter tout le pétrole russe d’ici la fin de cette année, l’embargo européen pourrait arrêter 89 % des importations totales.
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