Le Premier ministre hongrois Viktor Orban ne souhaite pas que la proposition d’embargo pétrolier contre la Russie soit discutée lors du sommet européen, lundi et mardi. Orban n’est toujours pas en mesure d’accepter l’interdiction d’importer proposée car il craint de « graves problèmes d’approvisionnement » pour la Hongrie.
L’embargo fait partie du sixième paquet de sanctions que la Commission européenne a mis sur la table au début de ce mois, à la suite de la guerre russe en Ukraine. Au cœur de cela se trouve un embargo sur le pétrole et les produits pétroliers en provenance de Russie : la Commission veut qu’il n’y ait plus d’importation de pétrole brut dans six mois, et les importations de produits pétroliers raffinés doivent également cesser d’ici la fin de l’année.
Après des semaines de négociations, le sommet européen de la semaine prochaine semblait susceptible de fournir une percée. Orban lui-même a demandé que le dossier soit porté au plus haut niveau politique, mais affirme désormais qu' »une discussion serait contre-productive en l’absence de consensus ». Il l’a écrit dans une lettre au président du Conseil européen, Charles Michel. « Nos divisions internes seraient exposées sans possibilité réaliste de solution à nos problèmes. C’est pourquoi je propose de ne pas soulever cette question lors du prochain Conseil européen. »
C’est le Financial Times qui a écrit pour la première fois sur la lettre mardi. Une source européenne confirme son existence. Charles Michel n’a pas encore répondu à la démarche d’Orban.
Afin de convaincre les États membres les plus dépendants du pétrole russe, la Commission a déjà proposé à la Hongrie et à la Slovaquie un report de la mise en œuvre de l’embargo jusqu’à fin 2024, et à la République tchèque jusqu’en juin de la même année. Une compensation financière a également été évoquée, mais Budapest affirme avoir besoin d’au moins 770 millions d’euros pour moderniser ses infrastructures pétrolières.
Le plan RePowerEU de la Commission européenne échoue également à convaincre Orban. Il veut rendre l’Europe indépendante de l’importation de combustibles fossiles russes plus rapidement (d’ici 2027) et veut réserver 1,5 à 2 milliards d’euros pour des investissements afin de garantir l’approvisionnement énergétique. Cet argent devrait aller aux États membres par le biais de la facilité pour la reprise et la résilience (FRR), mais en raison de préoccupations liées à l’État de droit, le plan de relance hongrois n’a toujours pas été approuvé.
Devis
Combien les 26 autres (États membres) veulent-ils donner à la Hongrie comme investissement ?
Dans une interview accordée au site d’information Politico, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré qu’aucun accord sur l’embargo pétrolier ne pouvait être attendu lors du sommet européen. « Je ne pense pas que le Conseil européen soit le bon endroit pour résoudre cela, car c’est quelque chose de très technique », dit-elle. «Ce sont des pays sans frontière maritime qui ont besoin de voies d’approvisionnement alternatives via des pipelines. Il faut donc parler d’investissements dans les pipelines, pour augmenter l’approvisionnement, des raffineries qui ont besoin d’être modernisées et des investissements et des énergies renouvelables.
Cependant, il y a aussi un élément politique en jeu. « Combien les 26 autres (États membres) veulent-ils donner à la Hongrie comme investissement ? », demande von der Leyen. « Mais les plus grandes difficultés sont les problèmes techniques dont nous discutons maintenant. »
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