Soixante-dix ans après leur enlèvement en Belgique, cinq femmes sont enfin reconnues pour l’injustice qui leur a été faite. Lundi, l’État belge a été reconnu coupable en appel pour l’enlèvement d’enfants pendant la domination coloniale belge au Congo. Cinq femmes victimes enlevées à leur mère et kidnappées en Belgique doivent recevoir une indemnisation, a statué la cour d’appel de Bruxelles.
Cet arrêt marque un moment important pour la Belgique dans la confrontation avec son passé colonial. Ces femmes sont nées entre 1946 et 1950 de pères belges et de mères congolaises – appelés « enfants métis », du latin mélangequi signifie « mixte ». La Belgique coloniale considérait les enfants issus de relations mixtes comme une menace à la ségrégation raciale. Dans les années qui ont précédé l’indépendance du Congo en 1960, l’État a retiré en masse de nombreux enfants à leur mère et les a placés dans des orphelinats ou des familles adoptives en Belgique. Ce n’est qu’en 2019 que Charles Michel, alors Premier ministre belge, s’est excusé pour cette pratique, que le tribunal de Bruxelles a jugée comme un crime contre l’humanité.
La Belgique a également appliqué la méthode du placement hors domicile systématique dans l’ancienne colonie du Ruanda-Urundi, qui comprenait ce qui est aujourd’hui le Rwanda et le Burundi. Les enfants métis n’étaient souvent pas reconnus à l’époque, en partie à cause des stigmates sociaux et raciaux qui dominaient la société coloniale. Les enfants ont ensuite été placés sous la garde de l’État.
Non reconnu
Ils se retrouvaient souvent dans des orphelinats gérés par l’Église catholique et n’obtenaient pas la nationalité belge, ce qui les rendait apatrides. Tous ne sont pas reconnus par l’État belge. Jacqui Goegebeur, défenseure du groupe, espère que cela va désormais changer, a-t-elle déclaré à la chaîne publique VRT. « Avec cette décision, les enfants métis devraient avoir droit à la nationalité belge. »
Un juge a déclaré en 2021 que la plainte des cinq femmes, la première du genre en Europe, était expirée. La cour d’appel juge désormais que l’Etat belge doit encore indemniser les femmes pour “le préjudice moral résultant de la perte de leur lien avec leur mère, l’atteinte à leur identité et à leur lien avec leur environnement d’origine”.
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