Deux saints italiens, deux jeunes, sont morts à près de cent ans d’intervalle. Un millénaire du secondaire interrompu en pleine adolescence et un étudiant décédé à quelques pas de l’obtention de son diplôme d’ingénieur. François les proclamera saints lors du Jubilé, deux événements qui attireront de nombreux fidèles, notamment du nord, de Milan (et Assise) et de Turin, lieux liés à leur vie. Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, que Vatican News définit comme « un modèle et une référence pour la foi de milliers de jeunes dans le monde », seront canonisés respectivement Acutis lors de la Journée des adolescents, prévue du 25 au 27 avril, et Frassati lors de la Journée de la Jeunesse qui aura lieu du 28 juillet au 3 août. Acutis a été proclamé bienheureux en octobre 2020, Frassati en 1990 par Jean-Paul II. Deux histoires différentes mais aussi très similaires, deux familles très riches (pour les saints qui n’étaient pas pontifes des siècles passés c’est statistiquement rare), deux histoires de foi et d’engagement.
Acutis, le « saint patron » (non officiel) d’Internet
Carlo Acutis a été défini comme le jeune laïc « amoureux de l’Eucharistie » et passionné d’informatique, défini par beaucoup comme « un influenceur de sainteté ». Parmi ses grandes passions figuraient les technologies de l’information, qu’il utilisait pour diffuser et témoigner de la foi à travers la création de sites Internet ; pour cette raison, depuis sa béatification, les médias l’ont considéré comme un possible futur mécène d’Internet. Il a conçu et organisé une exposition en ligne sur les miracles eucharistiques à travers le monde. En 2006, à l’âge de 15 ans, il a été soudainement atteint d’une leucémie fulminante, à cause de laquelle il est décédé le 12 octobre, trois jours seulement après le diagnostic, à l’hôpital San Gerardo de Monza ; avant de mourir, il déclara vouloir offrir ses souffrances pour le Pape et pour l’Église et promit à sa mère Antonia Salzano qu’il lui donnerait de nombreux signes de sa présence. La mère a déclaré plus tard qu’elle avait eu des visions de Carlo dans un rêve, qui lui avait promis qu’il aurait d’autres enfants ; cela s’est effectivement produit en 2010, lorsque sont nées les jumelles Michele et Francesca Acutis, qui ont suivi l’exemple de leur frère en développant une grande foi religieuse. Défini comme « presque un Frassati milanais » (comme le titrait un article de l’Osservatore Romano), il fut enterré, comme il l’avait expressément demandé, au cimetière d’Assise, où il resta jusqu’à son transfert au Sanctuaire de la Spogliazione, dans le même ville, où il réside depuis le 6 avril 2019. La famille Acutis est actionnaire de Vittoria Assicurazioni.
Frassati, le jeune descendant qui a aidé (secrètement) les pauvres de Turin
Pier Giorgio Frassati, né à Turin en 1091 et mort en 1925, était le fils aîné d’Alfredo Frassati, longtemps directeur et propriétaire du journal La Stampa (dont il sera responsable du succès), puis sénateur et ambassadeur, et il s’éloigne du fascisme et est pour cette raison persécuté par les squadristi et contraint de vendre la presse à Giovanni Agnelli. C’est dans ce milieu qu’a grandi Pier Giorgio, qui a également étudié chez les Jésuites, où il a également abordé la spiritualité chrétienne. Il a étudié l’ingénierie à l’École Polytechnique et pendant cette période, il a servi dans le Fuci et l’Action Catholique et a rejoint le Parti Populaire. Mais c’est surtout son travail en faveur des pauvres qui l’occupa jusqu’à sa mort, un engagement qu’il cacha le plus souvent à sa famille, qui aurait préféré un style de vie plus adapté à un membre de la haute bourgeoisie. Le jeune Pier Giorgio est décédé le 4 juillet, à seulement 24 ans, atteint d’une méningite virale fulminante causée par la polio, probablement contractée en visitant les nécessiteux qui vivaient dans les quartiers les plus pauvres de la ville. Le Club Alpin Italien a dédié à Pier Giorgio Frassati, après sa béatification, un réseau de sentiers, appelé Sentieri Frassati, étendu à toutes les régions italiennes. Certains sentiers ont un itinéraire international. Le long de ces itinéraires, on commémore le bienheureux Pier Giorgio avec des plaques qui rappellent certaines de ses phrases. La ville de Turin lui a consacré une rue à Borgata Sassi. L’Opération Mato Grosso, un mouvement bénévole catholique, lui a dédié un refuge dans la Vallée d’Aoste, construit et géré par les jeunes volontaires de l’Opération Mato Grosso, il lui a été dédié précisément pour son amour de la montagne et des plus pauvres.