Environ deux millions d’enfants et de jeunes de moins de 17 ans en Italie souffrent de troubles neuropsychiques de l’âge de développement. Un nombre des plus petits suivis dans les services d’assistance a doublé en moins de dix ans. Et avec la pandémie, la situation s’est encore aggravée, comme le montrent clairement les relations internationales. La Société italienne de neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Sinpia), à l’occasion du 50e anniversaire de sa fondation, a lancé le 11 mai la Journée nationale pour la promotion du neurodéveloppement.
Les aspects les plus rapportés de l’inconfort
Stress, retrait et dépression, irritabilité, difficultés de concentration, sentiment de solitude et d’impuissance, troubles du sommeil. « Le doublement de la prévalence des troubles neuropsychiques est certes l’expression d’une tendance déjà présente au cours des dix dernières années, mais la pandémie a montré comment une diminution de l’attention collective aux besoins neuropsychiques des enfants et des adolescents peut avoir des conséquences dramatiques sur leur santé mentale et développement global, en particulier pour ceux qui présentaient déjà des vulnérabilités », souligne Antonella Costantino, ancienne présidente de Sinpia et directrice de l’unité de neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Ospedale Maggiore Policlinico de Milan. L’incidence ne cesse d’augmenter et inquiète ceux qui sont en première ligne. « Les problèmes résultant des troubles neuropsychiques de l’âge de développement sont désormais dramatiques et tragiquement négligés », ajoute la présidente Sinpia Elisa Fazzi, directrice de l’unité de neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Asst Spedali Civili et à l’Université de Brescia. « Les ressources et les réponses du système sont nécessaires, intégrées et coordonnées entre l’éducation, le social et la santé, dans le contexte d’un changement culturel profond ».
Les « blessures invisibles »
Une bonne santé mentale fait partie intégrante de la santé et du bien-être humains et ne se résume pas à l’absence de maladie ou d’infirmité. « Les données présentées aujourd’hui se réfèrent à la partie la plus évidente de la détresse psychique mais il ne faut pas négliger le fait que les pandémies, les confinements et la guerre aux portes de l’Europe peuvent également produire des blessures invisibles pour l’âme humaine et, en particulier, pour celle des enfants. », souligne Emanuele Caroppo, psychiatre et psychanalyste Spi, membre du Groupe consultatif technique de l’OMS sur le Covid-19 et la santé mentale. « Des blessures qui peuvent alors se traduire par de véritables malaises, multipliant les maux à part entière ».
Focus sur les inégalités
Parallèlement, il faut considérer que les facteurs de risque de la plupart des troubles mentaux sont associés à des inégalités sociales. « Plus l’inégalité est grande, plus l’exposition au risque est élevée et inégale. Les données, en plus de mettre peut-être en évidence une meilleure capacité et une meilleure attention dans la détection précoce des troubles, soulignent le fort besoin de renforcer les services de santé mentale italiens qui, pour les plus petits, sont souvent encore insuffisants (en termes de nombre et de ressources allouées) pour répondre aux augmentation de la demande de traitement », poursuit Caroppo. « Pour protéger et mettre en œuvre la santé mentale des enfants, des politiques et des actions transversales (plan individuel, familial, communautaire et structurel) doivent être mises en œuvre visant à améliorer les conditions dans lesquelles les enfants naissent, grandissent, vivent, travaillent et, enfin, vieillissent à travers le mise en œuvre d’un « universalisme proportionné » dans lequel les politiques et les stratégies sont universelles et proportionnées aux besoins et au niveau de désavantage ».