Il a fallu cinq minutes en solitaire pour présenter toutes les femmes présentes, mardi soir dans une émission sur le French plateforme d’information Médiapart† Sur une banquette d’angle, une vingtaine de femmes ont partagé leurs expériences d’abus sexuels et de pouvoir par le journaliste vedette et ancien présentateur de l’actualité Patrick Poivre d’Arvor (74). Deux des victimes étaient mineures au moment des sévices, huit l’accusent de viol.

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Les événements, qui se seraient déroulés des années 1980 à il y a quelques années, sont largement commentés dans les médias français le lendemain. Comme l’histoire de Marie-Laure Eude-Delattre, qui raconta comment Poivre d’Arvor, une jeune femme ambitieuse rêvant d’une carrière dans le journalisme, l’attira dans sa chambre d’hôtel au Festival de Cannes en 1985, ferma la porte et malgré les protestations , allongé sur un banc et envahi. Margot Cauquil-Gleizes a témoigné qu’elle était une jeune écrivaine quand, à 16 ans, elle a été invitée à un autre festival dans la chambre d’hôtel de Poivre d’Arvor, où il l’aurait « jetée », déshabillée et pénétrée sur le lit. Une autre femme a déclaré que lorsqu’elle s’est rendue au bureau de Poivre d’Arvor de la chaîne de télévision commerciale TF1 « elle a eu son sexe dans ma bouche en cinq minutes ». Toutes les femmes présentes ont également témoigné ou signalé à la police.

Ce ne sont pas les premières accusations contre « PPDA », comme on l’appelle en France. Dans Novembre accusé La journaliste Florence Porcel, la présentatrice de nouvelles, l’a d’abord publiquement accusée d’abus sexuels et de pouvoir, mais son dossier a été abandonné et il a tout nié. Viennent ensuite seize plaintes contre Poivre d’Arvors, auxquelles il répond par seize contre-déclarations de diffamation. PPDA dit que certaines femmes ne s’en souviennent pas et que s’il y a eu une relation sexuelle, c’était par consentement mutuel. Plus tôt, il disait « bien sûr qu’il appartient à la génération dans laquelle le jeu de séduction était important. »

Mardi soir, vingt femmes ont partagé leurs expériences d’abus sexuels et de pouvoir par Poivre d’Arvor dans une émission sur la plateforme d’information française Médiapart.
Image Médiapart

rapport de force déséquilibré

Les vingt femmes de Médiapart ont désormais déclaré qu’elles allaient « faire bloc » contre l’ancienne présentatrice de l’actualité, qui serait toujours très appréciée dans le monde journalistique et littéraire. Beaucoup ont souligné qu’il n’était pas question de tentation, mais de coercition et de déséquilibre des pouvoirs. Les femmes étaient plus jeunes, espérant une faveur ou un emploi, ou subordonnées à Poivre d’Arvor sur le lieu de travail.

L’affaire montre la relation compliquée que la France, où notamment chez les élites la culture de la séduction et galanterie tenu en haute estime, a un comportement sexuellement transgressif. Cela a également été remarquable lorsque des histoires similaires sur le producteur hollywoodien Harvey Weinstein ont déclenché un tsunami mondial d’histoires d’abus sexuels de pouvoir en 2017 et 2018. Un groupe de 100 femmes françaises célèbres s’est prononcé contre la soi-disant discussion #MeToo, qui aurait déraillé. « Nous défendons la liberté de harceler, indispensable à la liberté sexuelle. Le viol est un crime. Mais la tentation intrusive ou inepte n’est pas une offense, la courtoisie n’est pas une agression machiste », écrivaient-ils dans le journal de l’époque. Le Monde

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