Nouveau décret pour les migrants : la stratégie du gouvernement pour résoudre le cas de l’Albanie

Le gouvernement italien présentera un nouveau décret-loi – en conseil des ministres réunis lundi à 18 heures au Palazzo Chigi – pour surmonter les obstacles judiciaires et permettre le transfert des migrants vers l’Albanie. L’objectif est d’élever la liste des pays considérés comme sûrs pour le rapatriement des migrants à une norme primaire, qui était jusqu’à présent réglementée par un arrêté interministériel. Il reste cependant encore des questions à résoudre concernant la relation avec le droit de l’UE et la spécification des paramètres permettant de considérer un pays comme sûr.

L’affrontement avec les juges s’intensifie

« »Meloni ne fait l’objet d’aucune enquête judiciaire contre elle et donc elle n’agit pas pour des intérêts personnels mais pour des visions politiques et cela la rend beaucoup plus forte, et aussi son action beaucoup plus dangereuse (…) ». Donc un représentant du système judiciaire démocratique. » Le Premier ministre Giorgia Meloni l’a écrit sur les réseaux sociaux, reprenant un passage du courrier électronique du vice-procureur de la Cour suprême Marco Patarnellopublié aujourd’hui par Tempo, sous le titre « Meloni est aujourd’hui un plus grand danger que Berlusconi. Il faut remédier à cela. »

Les propos du juge Albano

Déjà en mai, lors de la mise à jour de la liste des pays sûrs, Silvia Albano – un des juges de la section de l’immigration du Tribunal de Rome et président du Un système judiciaire démocratique – a souligné que le décret ministériel était une source réglementaire secondaire, subordonnée à la Constitution, aux lois ordinaires et à la législation de l’UE, et que, par conséquent, les juges étaient chargés de vérifier si le pays sûr « peut effectivement être considéré comme sûr sur la base de ce qui est établi par la loi » . C’est exactement ce qui a été fait – également à la lumière d’un récent arrêt de la Cour de justice de l’UE – pour les cas des douze demandeurs d’asile amenés mercredi en Albanie et renvoyés par bateau de patrouille à Bari.

Que contiendra le décret

La voie du gouvernement semble être de rendre norme primaire l’indication des pays sûrs n’est plus secondaire, tout comme le décret du ministre des Affaires étrangères (en accord avec la Justice et l’Intérieur) avec lequel jusqu’à présent la liste était mise à jour annuellement (la dernière en date est du 7 mai). En bref, il semble que l’on tente d’élever le niveau de la législation sur les pays sûrs du niveau secondaire (décret ministériel) au niveau primaire (décret-loi). Parmi les hypothèses, il y a aussi celle de rendre les décisions des juges susceptibles d’appel afin d’en bloquer l’effet. L’opération en Albanie, assure cependant l’exécutif, se poursuivra régulièrement. Le moment du prochain débarquement au port de Shengjin d’un navire militaire italien avec des migrants à son bord, ont-ils souligné, dépendra également des conditions maritimes. Pendant ce temps, le CPR de Gjader s’est immédiatement vidé.

Le nœud du droit communautaire

Mais il faudra surtout voir comment le décret-loi pourra résoudre le problème du rapport avec le droit communautaire (supérieur au droit national fondé sur l’article 11 de la Constitution italienne elle-même) : la décision de la Cour découle de l’arrêt du 4 octobre dernier du Cour de justice de l’UEun arrêt qui rappelle que les migrants en provenance de pays dangereux ne peuvent être rapatriés et qui conteste les généralisations des listes, estimant que la notion de pays sûr doit être précisée au cas par cas (par exemple, un pays peut être dangereux dans certaines zones et pour certaines catégories de personnes, par exemple les homosexuels).



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