LE‘Abbaye de San Fruttuosoatout de FAI depuis 1983, fait partie de ces endroits qui nous rappellent que l’Italie est le plus beau pays du monde. Je l’ai visité avec le réalisateur Alessandro Capretti. Il y a, parmi les nombreuses merveilles, un petit cimetière avec les tombeaux gothiques de la famille Doria. À côté de ceux des nobles, il y a un tombeau où repose une femme ordinaire, Maria Avegno. Je ne connaissais pas son histoire et j’aimerais la partager avec vous.
Nous sommes en 1855. Le comte de Cavour salue le départ de Crésus à Gênes.un bateau à vapeur anglais destiné à transporter les troupes piémontaises en Crimée : Cavour a pris le parti du petit royaume dans une guerre qui pourrait devenir européenne, pour avoir une voix à la table de la paix ; une des plus grandes entreprises militaires de notre histoire, 50 mille hommes mobilisés, avec la perspective (réussie quelques années plus tard) de faire de l’Italie.
A son bord se trouvent 37 officiers, 239 soldats, des médecins et des infirmières, un hôpital de campagne pour une centaine de personnes, des médicaments, des mulets, des chevaux, du foin, de l’eau-de-vie, des rations alimentaires, des munitions et des explosifs. Une fois passé Camogli, le navire prend feu. Presque tous les soldats piémontais ne savent pas nager et ne comprennent pas les ordres du capitaine en anglais.
Le navire se dirige vers la baie de San Fruttuoso. Les pêcheurs voient arriver Crésus en feu et se précipitent à son secours. Maria Avegno et sa sœur Caterina sautent également sur son gozzo. Des marins désespérés s’emparent du petit bateau, le font chavirer, les deux femmes finissent à la mer, Caterina est sauvée, Maria se noie. Mais grâce aux vaillants efforts des habitants, presque tout l’équipage est sain et sauf.
L’émotion est grande. La reine Victoria décerne à Marie la Croix de Victoria et au roi Vittorio Emanuele II la médaille d’or de la valeur civile – la première femme de notre histoire -, le consul propose aide et études aux quatre orphelins. Et les princes Doria demandent l’honneur de pouvoir l’enterrer à côté de leurs ancêtres, où repose encore Maria Avegno, pour la plupart ignorée par un peuple qui ne connaît pas et n’aime pas son Risorgimento.
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