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La France met en service son premier réacteur nucléaire nouvellement construit depuis un quart de siècle, avec 12 ans de retard et après de multiples revers, alors que l’industrie cherche un renouveau avec des projets de nouvelles centrales.

EDF, l’opérateur public français du plus grand parc nucléaire européen, a annoncé lundi soir que les premières réactions en chaîne – ou opérations dites de divergence – au réacteur de Flamanville 3, sur la côte normande française, devaient démarrer pendant la nuit.

Si ces efforts sont couronnés de succès, le réacteur sera finalement connecté au réseau avant la fin de l’année, une fois qu’il aura atteint 25 % de sa capacité totale de 1,65 gigawatt, soit suffisamment pour alimenter une grande ville.

Ce réacteur, le 57e en France et prototype des modèles qu’EDF souhaite développer en France et à l’étranger, est devenu le symbole des revers que subit l’industrie nucléaire à l’échelle mondiale, à la suite d’une baisse des commandes au cours des dernières décennies, qui a poussé les travailleurs qualifiés à quitter le secteur.

Flamanville a finalement coûté plus de quatre fois son budget initial, soit 13,2 milliards d’euros, et a pris plus de temps à terminer que des modèles similaires construits par EDF en Chine et en Finlande, qui ont également été touchés par des retards.

Les composants de cette conception complexe ont dû être repensés, certains à la suite de plaintes des autorités de sûreté. EDF a également été critiquée par le gouvernement français pour ses difficultés à coordonner le projet qui impliquait des centaines de fournisseurs.

« C’est une étape historique dans ce projet », a déclaré Régis Clément, co-directeur de la division Production nucléaire d’EDF, à propos de ce lancement. « Nos équipes sont dans les starting-blocks. »

EDF, qui a des contrats pour construire de nouveaux réacteurs en Grande-Bretagne et qui lance un appel d’offres pour exporter sa conception ailleurs, a déclaré avoir tiré de précieuses leçons de Flamanville 3 qui lui permettront de réduire les délais de construction à l’avenir.

Mais le pays est toujours confronté à une série d’obstacles sur son territoire, malgré le lancement par le président français Emmanuel Macron d’un plan visant à construire au moins six nouveaux réacteurs.

Les décrets n’ont pas encore été formalisés et une impasse politique à Paris ne pourrait que retarder davantage le processus, après les élections législatives de cet été qui ont donné lieu à un parlement sans majorité absolue.

EDF, qui dépense de l’argent pour pourvoir des milliers de nouveaux postes afin de se préparer à ces commandes, doit s’entendre sur un plan de financement pour ces projets, qui pourraient coûter plus de 52 milliards d’euros.

Les espoirs de conclure un accord d’ici la fin de l’année s’amenuisent, ont indiqué plusieurs sources proches du groupe. L’ambition initiale de livrer les nouveaux réacteurs d’ici 2037 semble donc optimiste, ont-elles ajouté.

D’autres défis incluent l’amélioration des mises à jour de conception pour les futurs réacteurs, tandis que la formation d’un large éventail de personnel, des ingénieurs aux soudeurs, prendra du temps.

EDF doit également faire face à la concurrence d’autres acteurs étrangers, notamment ses rivaux sud-coréens, dans un contexte de renouveau mondial de la technologie nucléaire.

Bien que l’énergie nucléaire soit appréciée pour ses faibles émissions de carbone, elle a dû faire face à une atmosphère de méfiance après l’accident de Tchernobyl en 1986 et la catastrophe de Fukushima au Japon, suite au tsunami de 2011.



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