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Vladimir Poutine est arrivé en Mongolie pour sa première visite dans un État membre de la Cour pénale internationale depuis que celle-ci a émis un mandat d’arrêt à son encontre pour crimes de guerre présumés en Ukraine.

Avant l’arrivée de Poutine lundi, le Kremlin a rejeté les suggestions selon lesquelles les autorités mongoles pourraient arrêter le président russe, confiant qu’Oulan-Bator ignorerait les appels de l’Ukraine et des organisations internationales de défense des droits de l’homme à remplir son devoir en tant que membre de la CPI.

Des drapeaux russes ont été déployés dans la capitale mongole et des soldats en uniformes aux couleurs vives ont bordé un tapis rouge déployé pour accueillir Poutine à l’aéroport.

« Nous ne sommes pas inquiets. Nous avons un excellent dialogue avec nos amis mongols », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L’année dernière, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Poutine et sa commissaire aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, les désignant comme « présumés responsables du crime de guerre de déportation illégale » d’enfants des zones occupées de l’Ukraine vers la Russie.

La Mongolie est membre de la CPI depuis qu’elle a ratifié le Statut de Rome en 2002 et est censée se conformer à tous les mandats d’arrêt émis par la Cour.

L’année dernière, Oulan-Bator a célébré la nomination du premier juge mongol à la Cour. « En siégeant pour la première fois en tant que juge à la CPI, la Mongolie apportera une contribution significative au droit international », a déclaré son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cependant, la visite de Poutine fait suite à une invitation du président mongol Ukhnaa Khurelsukh à assister au 85e anniversaire des batailles de Khalkhin Gol – affrontements frontaliers soviéto-japonais en 1939 – et le mandat d’arrêt devrait rester lettre morte.

Mardi, Poutine doit rencontrer son homologue mongol, assister à des événements anniversaires et visiter un établissement d’enseignement avant de terminer la journée par un banquet officiel.

Le président russe Vladimir Poutine et la présidente mongole Ukhnaa Khurelsukh posent pour une photo lors d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai © Alexander Demyanchuk/Sputnik/Kremlin Pool/EPA-EFE/Shutterstock

Kiev a condamné cette visite, affirmant qu’elle porterait atteinte à la CPI.

« Nous appelons les autorités mongoles à exécuter le mandat d’arrêt international contraignant », a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères, ajoutant qu’il espérait que le président mongol était « conscient que Poutine est un criminel de guerre ».

Mykhailo Podolyak, conseiller de l’administration présidentielle ukrainienne, a déclaré qu’ignorer le mandat montrerait au monde qu’« il n’y a pas de règles ».

« La Mongolie doit l’arrêter », a déclaré Podoliak à la télévision ukrainienne vendredi. « Le fera-t-elle ? Très probablement pas. C’est pour cela que Poutine se rend en Mongolie, pour montrer qu’il n’y a pas de règles, pas de CPI, pas de Statut de Rome. »

Poutine n’a pas assisté au sommet des pays du groupe Brics l’année dernière en Afrique du Sud, pays également membre de la CPI.

« Accueillir Poutine, un fugitif de la CPI, serait non seulement un affront aux nombreuses victimes des crimes des forces russes, mais porterait également atteinte au principe crucial selon lequel personne, aussi puissant soit-il, n’est au-dessus de la loi », a déclaré Maria Elena Vignoli, conseillère principale en justice internationale à Human Rights Watch, dans un communiqué.

Trois personnes tenant des drapeaux ukrainiens et une banderole
Une manifestation contre la visite de Poutine a eu lieu à Oulan-Bator avant la visite du président russe © Byambasuren Byamba-Ochir/AFP/Getty Images

Les responsables mongols n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires lundi.

Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que l’UE soutenait l’enquête de la CPI sur les crimes de guerre en Ukraine et a appelé tous les États à coopérer, ajoutant qu’elle avait « clairement » fait part de sa position à la Mongolie par la voie diplomatique.

De nombreux pays d’Asie centrale marchent sur une corde raide depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Poutine, alors qu’ils cherchent à équilibrer leurs relations avec la Russie, la Chine et l’Occident, une approche qu’ils considèrent comme inévitable compte tenu de la géographie de la région.

La Mongolie partage une frontière longue de 3 500 km avec la Russie et, malgré ses efforts pour diversifier son économie, elle reste fortement dépendante de son voisin, notamment pour environ 30 % de ses importations et pour tous ses produits pétroliers.

Bien qu’elle ne soutienne pas la Russie dans le dossier ukrainien, la Mongolie s’est abstenue de voter à l’ONU pour condamner l’invasion.

Les ambassadeurs américain et australien à Oulan-Bator ont publié lundi sur le réseau social X des déclarations soutenant l’Ukraine et critiquant l’agression russe.

La visite de Poutine en Mongolie intervient dans un contexte d’incertitude sur le sort de Power of Siberia 2, un gazoduc qui, s’il était construit, transporterait 50 milliards de mètres cubes de gaz russe à travers le pays jusqu’en Chine.

Le gouvernement mongol n’a pas mentionné Power of Siberia 2 ni aucun autre nouveau gazoduc avec la Russie dans son dernier plan de développement quinquennal soumis au parlement le mois dernier.

Dans des commentaires adressés au journal mongol Unuudur avant son voyage, Poutine a décrit le pays comme un « voisin proche et un vieil ami ». Il a mentionné Power of Siberia 2 comme l’un des nombreux projets communs, mais a précisé qu’il en était encore au stade de « conception et d’étude ».

Reportage complémentaire de Daria Mosolova à Bruxelles



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