Restez informé avec des mises à jour gratuites

Les électeurs des régions est-allemandes de Saxe et de Thuringe se sont rendus aux urnes dimanche, et le parti Alternative pour l’Allemagne est en passe de remporter la victoire dans au moins un des Länder – un résultat qui équivaudrait à un tremblement de terre politique.

Les sondages donnent l’AfD en tête en Thuringe, ce qui serait la première fois qu’un parti d’extrême droite remporte une élection régionale dans l’histoire de l’Allemagne d’après-guerre. En Saxe, elle est deux points derrière les chrétiens-démocrates de centre-droit (CDU).

Les partis de la coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz se préparent à une raclée, alors que les électeurs expriment leur frustration face à un gouvernement que beaucoup associent à une forte inflation, une stagnation économique, une flambée des coûts de l’énergie et des querelles intestines constantes.

Les élections ont été dominées par la guerre en Ukraine, l’AfD et l’Alliance d’extrême-gauche Sahra Wagenknecht (BSW) exigeant la fin du soutien militaire allemand à Kiev et des pourparlers de paix pour mettre fin aux hostilités.

La campagne a également montré que 34 ans après la réunification allemande, une majorité de personnes dans l’est du pays, anciennement communiste, sont profondément désillusionnées par les principaux partis du centre et frustrées par la manière dont l’Allemagne est dirigée.

Un récent sondage réalisé par l’institut de sondage Forsa sur le sentiment des électeurs en Thuringe place l’AfD à 30 pour cent, la CDU de centre-droit à 22 pour cent, le BSW à 17 pour cent et le parti d’extrême-gauche Die Linke à 14 pour cent, tandis que les sociaux-démocrates de Scholz sont à 7 pour cent.

En Saxe, la CDU obtient 33 pour cent des voix, l’AfD 31 pour cent, le BSW 12 pour cent, les sociaux-démocrates 7 pour cent et les Verts 6 pour cent, selon Forsa.

Même si elle remporte les deux élections, l’AfD ne sera pas en mesure de former un gouvernement en Saxe ou en Thuringe. Aucun autre parti ne coopérera avec elle, ce qui prive l’AfD de la majorité parlementaire nécessaire pour gouverner.

L’AfD, fondée il y a 11 ans par des économistes en colère contre les plans de sauvetage de la zone euro, s’est transformée en un parti nationaliste radical et révisionniste historiquement, farouchement opposé à l’immigration.

Certains sondages suggèrent que les trois partis au pouvoir pourraient avoir de si mauvais résultats qu’ils ne parviendront pas aux parlements régionaux de Saxe et de Thuringe. © Ralf Hirschberger/AFP/Getty Images

Les services secrets allemands ont qualifié d’« extrémistes de droite » les sections saxonne et thuringienne du parti. En Thuringe, le parti est dirigé par Björn Höcke, un ethno-nationaliste qui a récemment été condamné à une amende de 17 000 euros pour avoir utilisé des slogans nazis interdits dans un discours devant ses partisans.

Il pourrait toutefois s’avérer difficile de former des coalitions viables sans l’AfD. Pour gouverner en Thuringe, par exemple, la CDU pourrait être obligée de s’allier au BSW, une option difficile à accepter pour de nombreux membres du parti de centre-droit.

Wagenknecht, un ancien communiste que beaucoup considèrent comme un apologiste du président russe Vladimir Poutine, a fait de la politique ukrainienne une condition préalable à toute négociation de coalition, affirmant avant les élections que le BSW « n’entrerait que dans un gouvernement régional qui prendrait une position claire en faveur de la diplomatie et contre les préparatifs de guerre, également au niveau national ».

Cela a déclenché l’indignation de la CDU, qui a toujours soutenu l’Ukraine et a fait pression sur le gouvernement Scholz, déjà le deuxième plus grand fournisseur d’aide militaire à Kiev après les États-Unis, pour qu’il fournisse encore plus d’armes.

Höcke a adopté une position similaire à celle de Wagenknecht, affirmant dans ses discours de campagne que l’AfD était contre le fait que l’Allemagne « soit entraînée dans une guerre avec la Russie par certaines élites occidentales déjantées ».

La campagne a été éclipsée par l’attentat terroriste du 23 août dans la ville de Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, lorsqu’un membre présumé de l’EI et ressortissant syrien a poignardé mortellement trois personnes et en a blessé huit autres.

L’AfD et le BSW ont tous deux profité de l’incident pour affirmer que l’immigration incontrôlée avait conduit à une augmentation de la criminalité violente dans les rues allemandes et pour exiger que les demandeurs d’asile ayant commis des crimes soient expulsés.

A Berlin, les craintes grandissent quant à une éventuelle chute des partis au pouvoir – le SPD de Scholz, les Verts et les Libéraux. Certains sondages laissent penser que les trois partis pourraient faire de si mauvais résultats qu’ils ne pourraient pas entrer aux parlements régionaux de Saxe et de Thuringe.

Certains spéculent qu’une défaite aussi écrasante pourrait inciter un ou plusieurs partenaires de la coalition à se retirer du gouvernement, déclenchant ainsi des élections anticipées.

Mais les experts estiment qu’un tel résultat est peu probable. Les sondages sont si mauvais dans les trois pays qu’ils n’ont guère envie de se présenter devant les électeurs avant les prochaines élections prévues à l’automne 2025.



ttn-fr-56