29 août 2024Ravie LakshmananCriminalité en ligne / Confidentialité

Les procureurs français ont formellement inculpé mercredi le PDG Pavel Durov d’avoir facilité une litanie d’activités criminelles sur la plateforme de messagerie populaire et l’ont placé sous enquête officielle après son arrestation samedi.

Né en Russie, Durov, qui est également citoyen français, a été accusé de complicité de diffusion de matériel pédopornographique, ainsi que d’avoir facilité le crime organisé, les transactions illicites, le trafic de drogue et la fraude.

Durov a également été chargé avec un « refus de communiquer, à la demande des autorités compétentes, des informations ou des documents nécessaires à la réalisation et à l’exploitation des interceptions autorisées par la loi », selon une traduction anglaise du communiqué.

L’homme de 39 ans a été interpellé à l’aéroport du Bourget, au nord de Paris, samedi à 20 heures, heure locale, après être descendu d’un jet privé. Pour éviter la détention provisoire, Durov a été condamné à payer une caution de 5 millions d’euros, mais il lui est interdit de quitter le territoire et doit se présenter aux autorités deux fois par semaine.

Cybersécurité

L’arrestation est liée à une enquête judiciaire sur une personne anonyme qui a été ouverte en France le 8 juillet 2024, principalement motivée par les politiques de modération laxistes de Telegram qui ont permis activité extrémiste et malveillante pour prospérer sur la plateforme. Une enquête préliminaire aurait débuté en février 2024.

« L’absence quasi totale de réponse de Telegram aux réquisitions judiciaires a été portée à la connaissance de la section de lutte contre la cybercriminalité (J3) de la JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la délinquance organisée, au sein du parquet de Paris), notamment par l’OFMIN (Office national des mineurs) », a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.

« Consultés, d’autres services d’enquête et parquets français ainsi que différents partenaires au sein d’Eurojust, notamment belges, ont partagé le même constat. C’est ce qui a conduit JUNALCO à ouvrir une enquête sur l’éventuelle responsabilité pénale des responsables de cette messagerie dans la commission de ces infractions. »

D’autres accusations contre Durov incluent :

  • Fourniture de services cryptographiques destinés à assurer la confidentialité sans déclaration de conformité
  • Fourniture et importation d’un moyen cryptographique n’assurant pas exclusivement des fonctions d’authentification ou de contrôle d’intégrité sans déclaration préalable

Cette affaire est l’un des rares cas où le dirigeant d’une entreprise est tenu responsable des publications des utilisateurs sur une plateforme majeure comptant plus de 950 millions d’utilisateurs actifs par mois. Durove était auparavant le PDG de la plateforme de médias sociaux russe Vkontakte qu’il avait fondée en 2006. Telegram a ensuite été lancée en 2013.

Cybersécurité

Suite à l’arrestation de Durov, Telegram a déclaré dans un communiqué sur X qu’il n’avait « rien à cacher », ajoutant qu’il « est absurde de prétendre qu’une plateforme ou son propriétaire sont responsables de l’abus de cette plateforme ». L’entreprise affirme également qu’elle publie des rapports des milliers de groupes et de chaînes liés à la maltraitance des enfants étant interdits sur le service de messagerie.

Il convient également de noter que les conditions de service du site stipulent spécifiquement qu’il ne traite aucune demande liée au contenu illégal partagé sur les chats Telegram et les chats de groupe.

Politico a depuis signalé que les autorités françaises ont émis des mandats d’arrêt contre le PDG de Telegram, Pavel Durov, et son frère cofondateur Nikolai en mars 2024. Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que l’arrestation de Durov n’était pas une décision politique mais faisait partie d’une enquête indépendante.

Le Wall Street Journal a ajouté révélé Mercredi, l’iPhone de Durov avait été piraté par des espions français lors d’une opération conjointe avec les Émirats arabes unis en 2017 dans le cadre d’une opération jusqu’alors inconnue portant le nom de code Purple Music, citant des personnes proches du dossier.

« Les responsables de la sécurité française sont très préoccupés par l’utilisation de Telegram par l’État islamique pour recruter des agents et planifier des attaques », indique le rapport.

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