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Selon la présidente de la Commission fédérale du commerce des États-Unis, Lina Khan, les stockistes des supermarchés sont un peu comme les auteurs célèbres : ils méritent un marché concurrentiel pour vendre leur travail. Cette semaine, un procès s’est ouvert devant un tribunal fédéral de Portland, dans l’Oregon, pour déterminer l’avenir d’une fusion à succès dans le secteur de l’épicerie. La FTC cherche à empêcher Kroger de finaliser son acquisition de 25 milliards de dollars de son rival Albertsons, une fusion annoncée il y a près de deux ans.

La FTC s’inquiète notamment de ce que l’on appelle un « monopsone ». En d’autres termes, les employés des supermarchés – en particulier les travailleurs syndiqués – n’auraient qu’une seule chaîne à laquelle vendre leur travail. L’agence affirme que la concurrence entre Kroger et Albertsons s’étend à la négociation collective et que les travailleurs seraient lésés si un acheteur du marché disparaissait lors d’une fusion. L’administration Biden a avancé le même argument pour les grands auteurs de livres lorsque les éditeurs Simon & Schuster et Penguin Random House ont tenté de fusionner. Un juge fédéral a finalement accepté cet argument.

La FTC a également des théories plus traditionnelles sur le préjudice, à savoir que le chevauchement des magasins dans plusieurs villes particulières diminuerait la concurrence. Kroger réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 150 milliards de dollars, tandis que le chiffre d’affaires annuel d’Albertson atteint près de 80 milliards de dollars. Les deux entreprises affirment avoir convenu de cessions significatives. Mais plus fondamentalement, elles affirment que le marché de l’épicerie est désormais dominé par des entreprises comme Walmart, Target et Amazon et que le rapprochement permettra à la société fusionnée d’investir des milliards dans la baisse des prix à la consommation.

Le contexte de l’accord est une période de pandémie qui a été favorable aux entreprises d’aliments emballés et d’épicerie dont les ventes, les bénéfices et les marges bénéficiaires ont augmenté dans un contexte de demande galopante et de difficultés dans la chaîne d’approvisionnement.

En 2019, Kroger et Albertsons affichaient de faibles marges d’EBITDA, autour de 4,5 %. En 2023, ces marges ont atteint près de 5,5 %. Ce changement ne semble pas très important, mais dans une entreprise à forte rotation où les revenus augmentaient rapidement, les gains en dollars d’EBITDA se sont élevés à plusieurs milliards.

Les Américains ordinaires, choqués par le prix de leurs produits, ne seront probablement pas ravis de la fusion des deux plus grands supermarchés. Mais il existe un débat de fond dans le secteur de la distribution sur les habitudes d’achat des Américains et sur la question de savoir si les achats en ligne, les supermarchés et les clubs-stores, qui exigent que les clients paient une adhésion, offrent vraiment la même expérience que la visite d’une épicerie traditionnelle. Le fait que ces formats de vente concurrents ne soient généralement pas syndiqués ajoute un autre avantage intéressant.

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