Attaque à Solingen:Pourquoi Issa al H. était-il toujours en Allemagne ?

L’auteur présumé des faits à Solingen, le Syrien Issa al H., 26 ans, aurait dû être expulsé l’année dernière. Pourquoi il était encore en Allemagne – un aperçu.

Issa al H. aurait dû être expulsé dès 2023.

Source : dpa


Nous expliquons ici pourquoi l’expulsion a échoué et pourquoi al H. se trouvait en fait légalement en Allemagne au moment du crime.

La Bulgarie était à l’origine responsable

Issa al H. est arrivé en Allemagne en décembre 2022 et a demandé l’asile ici. Il est toutefois entré dans l’Union européenne via la Bulgarie. C’est pourquoi, selon le règlement Dublin III en la matière, les autorités de ce pays étaient responsables de sa procédure d’asile.
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Suite à une demande correspondante de l’Allemagne, la Bulgarie a également accepté d’accueillir al H. pour mener à bien la procédure d’asile. Cependant, le transfert en juin 2023 a échoué car le Syrien n’a pas pu être retrouvé dans son ancien logement de réfugiés à Paderborn.

Quelle a été l’intensité de la recherche d’Issa al H. ?

Cela soulève plusieurs questions : pourquoi al H. n’était-il pas présent dans le logement ? Quelle a été l’intensité de sa recherche ? Parce que : Le transfert selon le règlement Dublin III est lié à des délais et doit normalement être effectué dans un délai de six mois ; Une fois le délai expiré, le pays dans lequel la personne séjourne à ce moment-là devient responsable – dans le cas d’Al H., dont le transfert aurait dû avoir lieu au plus tard en août 2023, l’Allemagne.

Discussion en studio avec Sarah Tacke

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Autre détail dans ce contexte : le délai de transfert de six mois est étendu à 18 mois si la personne est « cachée » au sens de la loi sur l’asile. La jurisprudence exige que les autorités n’aient pas pu la retrouver ou l’atteindre pendant un certain temps malgré une recherche active. Dans l’état actuel des choses, il n’est pas encore possible de répondre de manière fiable si tel était le cas d’Al H.. Selon le Spiegel, il n’a pas été arrêté parce qu’il s’est comporté de manière discrète et qu’il n’y a pas assez de places en détention en attendant son expulsion.

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Protection subsidiaire ultérieure en Allemagne

Dans le cadre de la procédure d’asile allemande, l’auteur présumé a bénéficié d’une protection subsidiaire, c’est-à-dire d’un statut de protection régulier en vertu de la loi sur l’asile.

Droit d’asile : UN Droit d’asile est accessible à toute personne qui est politiquement persécutée dans son pays d’origine, c’est-à-dire qui risque de subir de graves violations des droits de l’homme de la part des autorités de l’État à son retour chez elle en raison de sa nationalité, de son appartenance à un groupe ethnique ou social, de ses convictions politiques. ou leur religion.

Protection des réfugiés :

Le Reconnaissance en tant que réfugié est basé sur la Convention de Genève relative aux réfugiés. La protection des réfugiés comporte des exigences similaires à celles du droit d’asile, mais s’applique également si la menace dans le pays d’origine provient d’acteurs non étatiques, tels que des milices ou des groupes terroristes.

Protection subsidiaire : La troisième forme de protection, dite protection subsidiairene présuppose pas de persécution politique. Il suffit qu’il existe un risque de préjudice grave dans le pays d’origine et qu’aucune protection n’y soit offerte. Il existe un risque de préjudice grave, par exemple si la vie ou l’intégrité physique est en danger du fait de la peine de mort ou de la torture.


L’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) a jusqu’à présent régulièrement accordé une protection subsidiaire aux Syriens et justifie cela par la guerre civile qui fait rage dans le pays. Mais récemment, de plus en plus d’évaluations ont été réalisées, notamment par l’Agence européenne pour l’asile et le tribunal administratif supérieur de Münster., qui évaluent différemment la situation sécuritaire, du moins pour certaines parties de la Syrie : dans certaines régions, il n’y a plus de menace immédiate pour la vie et l’intégrité physique et donc les conditions d’une protection subsidiaire n’existent plus.
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Expert : des modifications aux pratiques actuelles du BAMF seraient possibles

Dans ce contexte, Daniel Thym, professeur et directeur du Centre de recherche sur le droit des étrangers et du droit d’asile à l’Université de Constance, estime qu’un changement dans la pratique actuelle du BAMF est possible :

Au BAMF, la question se pose également de savoir si la protection subsidiaire des Syriens sera maintenue dans presque tous les cas. Vous y remarquerez également le changement d’humeur au sein de la politique, de la société et de la jurisprudence.

Daniel Thym

Indépendamment des questions de droit de l’immigration et d’asile : al H. attend une procédure pénale en Allemagne ; le procureur général fédéral a désormais repris l’enquête et émis un mandat d’arrêt. Le meurtrier présumé risque la prison à vie.

Daniel Heymann est rédacteur au sein de la rédaction de ZDF Law and Justice.

L'expert en matière d'asile, le professeur Daniel Thym, sur ZDFheute en direct.

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