Des dommages importants menacent le commerce en Amérique du Nord maintenant que les deux plus grands transporteurs ferroviaires de marchandises au Canada cessent leurs activités. Les deux sociétés sont aux prises avec un conflit croissant avec le plus grand syndicat du personnel ferroviaire.

Le transport de charbon, de céréales et d’engrais, entre autres, entre le Canada et les États-Unis risque de s’arrêter en grande partie dans les prochains jours. Le transport ferroviaire représente environ 14 pour cent du commerce entre le Canada et les États-Unis. Les chercheurs de l’agence Moody’s estiment que la grève des cheminots menace de coûter l’équivalent de 226 millions d’euros par jour. Les entreprises concernées et diverses organisations industrielles parlent de « conséquences dévastatrices » pour le commerce au Canada, aux États-Unis et au Mexique.

Les négociations salariales ont échoué jeudi entre les deux compagnies ferroviaires – le Canadien National (CN Rail) et le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) – et le plus grand syndicat du personnel de train, la Conférence ferroviaire Teamster Canada. CN Rail et CPKC ont maintenant déclaré un soi-disant « lock-out ». Cela signifie que les entreprises obligent leurs salariés à arrêter de travailler.

CN Rail et CPKC forment ensemble un quasi-duopole sur le rail canadien. Non seulement ils possèdent les trois quarts de tous les rails, mais ils représentent également la même part (en tonnes) de tout le fret transporté par train. Une partie importante du transport entrant et sortant dans les ports de Vancouver et de Montréal, par exemple, s’effectue par chemin de fer.

CN Rail et CPKC ont ensemble pratiquement un duopole dans le secteur ferroviaire

CN Rail exploite un réseau de Vancouver dans l’ouest du Canada à Halifax dans l’est du pays et jusqu’à la Nouvelle-Orléans dans le sud des États-Unis. Le CPKC relie les principaux centres industriels du Canada, entre autres, aux ports américains de Corpus Christi (Texas) et de la Nouvelle-Orléans, ainsi qu’aux ports maritimes des côtes est et ouest du Mexique.

Accords salariaux et horaires de travail

Les deux transporteurs de fret et le syndicat discutent depuis un certain temps des accords salariaux et des horaires de travail de plus de neuf mille employés affiliés au syndicat. Teamster souhaite, entre autres, que les conducteurs, les contrôleurs et les autres membres du personnel des trains continuent à travailler par quarts de dix heures par jour, comme c’est le cas actuellement. CN Rail et CPKC veulent passer à douze heures par jour. La période de repos obligatoire entre deux équipes devrait également passer à douze heures, du côté des employeurs, au lieu des 24 heures actuelles.

Des dizaines de milliers de passagers des trains dans les grandes villes comme Toronto, Vancouver et Montréal ont également été touchés. Le CPKC est propriétaire des voies ferrées dans ces villes et le trafic ferroviaire y est complètement arrêté.

Le gouvernement canadien a demandé aux transporteurs et au syndicat de résoudre le conflit à la table de négociation. Le gouvernement du Premier ministre canadien Justin Trudeau peut soumettre le différend à un institut d’arbitrage indépendant, mais celui-ci n’a pas encore été choisi.

En 2019, un conflit entre CN Rail et les syndicats a donné lieu à une grève nationale des cheminots qui a duré huit jours. La grève a provoqué, entre autres, une importante pénurie de carburant au Canada. (Reuters, Bloomberg)






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