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Le Parlement indonésien s’est retiré d’une tentative controversée de modifier les lois électorales du pays après des manifestations contre ce que les critiques ont qualifié de tentative de prise de pouvoir par le président sortant Joko Widodo et ses alliés.

Jeudi, des manifestants se sont affrontés à la police devant le Parlement à Jakarta, tentant d’escalader une clôture pour pénétrer dans le bâtiment et attaquant le portail.

L’agence de presse Reuters a indiqué que les forces de sécurité avaient utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants, tandis que les manifestants portaient une fausse guillotine représentant le visage de Widodo, 63 ans, plus connu sous le nom de « Jokowi ».

Sufmi Dasco Ahmad, vice-président du Parlement, a annoncé jeudi soir que le Parlement reporterait le changement de règles prévu, qui aurait abaissé la limite d’âge pour les candidats aux élections.

Des manifestants tentent de démolir la porte du parlement © Mast Irham/EPA-EFE/Shutterstock

Avant la déclaration de Dasco, les critiques des changements apportés aux règles électorales craignaient que le Parlement n’adopte le changement plus tard jeudi après la dispersion des manifestants.

Le changement prévu, qui aurait en effet annulé une décision de la Cour constitutionnelle rendue plus tôt cette semaine, a été perçu par les opposants de Widodo comme une menace pour la démocratie indonésienne qui aurait permis au président d’étendre davantage l’influence de sa famille sur ce pays de 280 millions d’habitants.

Cela aurait permis au plus jeune fils de Widodo, Kaesang Pangarep, 29 ans, de se présenter aux prochaines élections dans la province de Java central.

Widodo, au pouvoir depuis 2014, terminera son second mandat fin octobre et transmettra le pouvoir à son allié Prabowo Subianto, un ancien commandant des forces spéciales de 72 ans élu en mars. Un autre fils de Widodo, Gibran Rakabuming Raka, sera le vice-président de Prabowo.

Des manifestants affrontent la police anti-émeute lors d'une manifestation contre les révisions controversées prévues de la loi électorale devant le bâtiment du Parlement indonésien à Jakarta
Les changements de règles auraient ouvert la voie au plus jeune fils de Widodo pour se présenter à une élection dans le centre de Java © Willy Kurniawan/REUTERS

L’assouplissement des limites d’âge était l’un des nombreux changements apportés aux règles de nomination des candidats que le Parlement prévoyait de confirmer jeudi et qui, selon les critiques, étaient destinés à profiter à Widodo et Prabowo.

Au cours de sa décennie au pouvoir, Widodo s’est avéré populaire auprès des investisseurs et des entreprises étrangères grâce à sa gestion de la plus grande économie d’Asie du Sud-Est.

Mais ses détracteurs mettent en garde contre le fait qu’il ait également cherché à consolider son pouvoir autour de sa famille au cours de ses années au pouvoir. Gibran, 36 ans, a lui-même pu se présenter à la vice-présidence de Prabowo plus tôt cette année grâce à une décision de la Cour constitutionnelle qui l’exemptait de l’âge minimum requis de 40 ans. À l’époque, la Cour constitutionnelle était présidée par le beau-frère de Widodo.



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