En date du : 15 août 2024, 23 h 14

En Ligue 2, de nombreux groupes de supporters ont appelé à manifester. La raison : sur les neuf matchs du premier jour de match, un seul a lieu le week-end – et c’est ainsi que cela devrait continuer pour le moment.

« Le foot, c’est le week-end » (« Le football, c’est le week-end ! ») – telle est la devise sous laquelle se dessine actuellement la contestation en 2e ligue française. Parce qu’il adopte un nouveau calendrier de journées : six des neuf matchs de la première journée auront lieu vendredi soir (16 août 2024). Un seul est prévu samedi, deux devraient démarrer lundi soir.

La saison dernière, le calendrier de base était de huit matchs le samedi et un lundi. Le changement signifie un match le week-end au lieu des huit précédents. Le modèle devrait en principe continuer ainsi tout au long de la saison. Pour de nombreux fans, une ligne rouge a été franchie.

Il pourrait également y avoir des tribunes vides au Stade des Alpes de Grenoble.

Alliance des supporters : « Nous répondrons par une révolte commune »

« En quelques heures, tous les groupes se sont retrouvés à la même table et ont déclenché une vague de solidarité sans précédent »ont indiqué les groupes de supporters organisés de la Ligue 2 dans un communiqué commun. « Unis et déterminés, nous allons désormais répondre par une révolte commune. » Le nouveau calendrier des matches a été annoncé le 1er août, soit deux semaines seulement avant le début de la saison. De nombreux abonnements avaient déjà été vendus.

Selon l’annonce, tous les groupes de supporters actifs en Ligue 2 procéderont à un boycott. « Dans les matchs à domicile et à l’extérieur, de la 1ère à la 90ème minute. Les matchs se dérouleront dans un silence qui correspond à notre désespoir. » Les groupes menacent d’agir « perturber la diffusion des matchs par beIN Sports pour que notre voix soit entendue ». Il y a eu les premières protestations lors des matchs tests.

Les ventes de droits TV de dernière minute posent un dilemme

Le contexte est basé sur le fait que l’association de la ligue LFP n’avait pas de contrat de télévision pour la télévision française peu avant le début de la saison et que l’appel d’offres a été temporairement interrompu en raison des offres faibles. Le résultat a été un accord avec le service de streaming DAZN et la chaîne de télévision qatarie beIN Sports qui n’a pas répondu aux attentes. En Espagne, en Italie et en Grande-Bretagne, la Ligue 1 n’a toujours pas de contrat TV pour la saison qui démarre ; en Allemagne, c’est DAZN qui diffuse les matchs.

Le bureau de la ligue française LFP à Paris

L’association de la Ligue, sous la direction du directeur général Vincent Labrune, a également conclu un accord d’investisseur après la crise du Corona, une rupture de contrat de télévision avec le service « Mediapro » et une brouille avec la chaîne Canal+. La LFP doit désormais reverser chaque année 13 pour cent de ses recettes TV au prêteur et pour une durée illimitée. L’accord avec les investisseurs était en fait censé améliorer les choses et couvrir à la fois les besoins financiers de la ligue et ceux de l’investisseur avec des revenus apparemment inexploités. C’était censé être un milliard par saison, soit environ 500 millions, moins les 13 pour cent. Désormais, les clubs sont sous pression financière.

Alors que beIN Sports partage la Ligue 1 avec DAZN, le diffuseur diffuse seul la Ligue 2. A cet effet, beIN Sports, dont le directeur général Nasser Al-Khelaifi est le président du Paris Saint-Germain, versera 40 millions d’euros par saison à la LFP de 2024 à 2029. En raison de la nouvelle grille horaire, la Ligue 2 n’est plus en concurrence avec la Ligue 1 et évite également de nombreux autres sports que la chaîne diffuse au programme. « Avec cette décision, beIN Sports et la LFP affichent leur mépris évident envers les supporters »critiquent les groupes de fans dans leur déclaration. « beIN Sports tue la Ligue 2 ! »

Vincent Labrune, directeur général de la LFP (à g.), avec Nasser Al-Khelaifi, directeur général de beIN Sports et président du Paris Saint-Germain.

beIN Sports n’est pas d’accord : « La critique est injuste »

Florent Houzot, directeur des programmes de beIN Sports en France, a défendu cette démarche dans un entretien au quotidien sportif L’Équipe. La critique est complètement injuste. « Je n’accepte pas que notre image soit ternie, même si nous investissons plus de 40 millions d’euros par saison en Ligue 2 et ne sommes pas responsables de l’attribution tardive des droits »dit Houzot. « Sans beIN, il n’y aurait pas d’investissement significatif, pas de reportage de ce genre sur la Ligue 2. Cela resterait peut-être caché. Donc prétendre qu’on crache sur la Ligue 2 est complètement injuste. »

Il a appelé les clubs et la ligue à soutenir le diffuseur. « La ligue et les présidents l’ont approuvé »dit Houzot. Si la LFP n’a pas encore commenté au-delà de l’annonce générale de l’accord, certains clubs donnent désormais raison aux supporters.

Florent Houzot, directeur des programmes de beIN Sports en France

Critiques de plusieurs clubs sur le nouveau plan de jeu

Le FC Lorient dit regretter « que ce nouveau calendrier punit la présence des supporters dans le stade, à domicile et à l’extérieur, et lui coupe une partie de son âme ». Le club a souligné qu’il espérait un compromis et l’USL Dunkerque a exprimé des vues similaires. Le FC Paris a écrit que le changement « conduira à une baisse significative de la fréquentation des stades ». La décision ne devrait pas être remise en question uniquement en fin de saison, a indiqué le FC Paris. Clermont Foot s’est également prononcé en faveur du retrait de la mesure.

Le Red Star Paris s’est rangé sans équivoque aux côtés des supporters et a envoyé les joueurs en match amical contre l’AJ Auxerre avec des T-shirts avec le slogan de protestation. « Le football, c’est le week-end ! » à l’endroit.

Le président de Grenoble parle de économique Contraintes : « Il a fallu l’accepter »

Stéphane Rosnoblet, président de Grenoble Foot, a exprimé sa compréhension du mécontentement des supporters dans un communiqué et a admis que la démarche était pour les supporters. « est généralement brutal et peut sembler irrespectueux ». Il a évoqué les contraintes apparues ces dernières années.

Le football français souffre « comme jamais auparavant, avec des droits de télévision atrophiés et le manque de diffuseurs ayant les moyens de les payer »écrit Rosnoblet. beIN Sports est le seul diffuseur prêt à réaliser un investissement important. « Notre santé économique incroyablement mauvaise exige que nous acceptions ces changements le jour du match. »

Stéphane Rosnoblet, président de Grenoble Foot



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