Non seulement parmi ceux qui reviennent sans médaille mais surtout parmi ceux qui en ont remporté une. Une fois les Jeux terminés, le « blues post-olympique » se répand : le choc soudain de ne plus avoir d’objectif clair. Michael Phelps et Simone Biles en ont parlé ouvertement mais beaucoup en souffrent. D’un autre côté, nous aussi souffrons du vide, qui n’avons rien fait d’autre que les regarder


LEAu fond, pourrait-on dire, ils devraient le savoir : toutes les bonnes choses ont une fin à un moment donné, et les Jeux olympiques aussi. Les athlètes pouvaient arriver préparés : aux victoires, aux défaites et à la fin des Jeux. Mais, comme le résume brillamment le consultant sportif Andrew Friesen, interviewé par Américain scientifiquec’est comme « demander à quelqu’un qui va se marier s’il a un bon avocat spécialisé en divorce ». Ce n’est pas fait. De grands athlètes, de Simone Biles à Michael Phelps, vont aux JO, transpirent, donnent tout, gagnent puis, une fois leur objectif atteint, ils sont frappés par la tristessedu vide, parfois d’une véritable dépression. De ne plus pouvoir trouver de réponse à la question : « Et maintenant ? ».

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Dépression post-olympique, les athlètes traités comme des vétérans

C’est ainsi qu’il l’a expliqué à la chaîne de télévision américaine NBC Michael Phelpsalias l’athlète qui a remporté le plus de médailles olympiques au monde (en 2004 à Athènes, six d’or et deux de bronze à Athènes, en 2008 à Pékin, huit d’or à Pékin, en 2012, à Londres, six autres médailles). Une dépression centrée sur pensée fixe « de devoir attendre encore quatre ans » pour revivre une expérience aussi intense que celle que vous venez de vivre. C’est-à-dire : pareil.

Sans parler de ceux qui, pour des raisons d’âge, ne reverront plus jamais cette expérience.

De Michael Phelps à Simone Biles, le sentiment de vide opprime ceux qui ont gagné. « Et maintenant? »

Mais Phelps est en bonne compagnie : Aussi Simone Biles dans le documentaire sorti il ​​y a quelques semaines sur Netflix il a dit avoir ressenti le même sentiment de vide insurmontable après les Jeux olympiques de Tokyo (il a dit qu’il avait aussi eu des épisodes de « twisties »).

Simone Biles appelle à un plus grand respect pour les sportifs impliqués dans les compétitions (Photo de Julian Finney/Getty Images)

Et aussi le judoka allemand Anna-Maria Wagner avait dit qu’après avoir remporté deux médailles de bronze en 2021, il avait J’ai perdu toute envie « de faire du judo ou du sport, je voulais juste rester à la maison »je ne suis pas sorti et n’ai pas beaucoup pleuré pour aucune raison. » Idem pour la nageuse britannique Cassie Patten, médaille de bronze à Pékin : « J’allais nager, je m’asseyais au bord de la piscine et je pleurais. »

Le cycliste sur piste britannique avait également tenté d’en parler Victoria Pendleton après les Jeux olympiques de 2012 (au cours desquels il a remporté une médaille d’or) : « les gens pensent que c’est difficile de perdre, mais c’est presque plus facile d’arriver deuxième parce que tu as quelque chose à quoi aspirer quand tout se terminera. Si vous gagnez, vous vous sentez soudain perdu. »

Les athlètes victimes du blues post-olympique sont traités comme des anciens combattants

En 2019 le Comité International Olympique (CIO) a officiellement reconnu le problème parlant de la « crise post-olympique » qui touche « de nombreux autres athlètes », en plus de ceux bien connus, et qui peut avoir des conséquences pouvant conduire à des pensées suicidaires. Et au Royaume-Uni, avant les Jeux olympiques de Tokyo 2021, le British Institute of Sport étudie un programme « décompression » donner des rendez-vous aux sportifs pour les aider à gérer le retour à la normale. Un programme qui prend inspiré par des études sur les anciens combattants, les militaires qui retournent à la vie civile (le Temps Financier). Bref, le traumatisme de la fin des Jeux n’est pas du tout sous-estimé.

«Les émotions négatives sont une réaction normale au retour à la maison, mais les athlètes ne s’attendent pas à les ressentir car elles sont incapable de se concentrer sur ce qui se passera après les Jeux avant leur fin», a-t-il expliqué dans un article sur New York Times Karen Howells, chercheur et psychologue du sport qui étudie le blues post-olympique depuis des années.

Plus qu’une dépression, une baisse d’humeur. Nous pouvons les comprendre

Parfois, suggèrent les experts, parler de dépression revient à utiliser de grands mots. L’expression « humeur maussade », plus ou moins grave, est plus appropriée, et c’est un état auquel il n’est pas difficile de s’identifier, avec les proportions nécessaires. En y regardant de plus près même ceux qui n’ont regardé ces JO de Paris 2024 que depuis leur canapé ressentent désormais un vide. « Et maintenant? » nous pouvons le dire aussi.

Des études spécifiques ont été réalisées sur les conséquences que voir un événement sportif peut avoir au niveau cérébral : les scientifiques de Université Waseda hont parlé de « déclencheurs dans les circuits de récompense du cerveau qui sont à la base de bonheur et plaisir ». Mais comme tous les meilleurs moments vécus ou regardés, même les JO, lorsqu’ils se terminent, laissent un vide. A combler sereinement, nous les vétérans aussi.

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