Les filles de Velasco sont le summum d’un mouvement populaire et festif. Une réussite qui est aussi un message : il faut avoir conscience d’être une grande nation

Journaliste

12 août – 7h22 -MILAN

Paris est bleu le jour qui rapporte l’or le plus beau, le plus attendu, le plus désiré et toujours manqué. Cette fois, c’est grâce aux volleyeuses, dans un sport qui n’avait encore aucune victoire aux Jeux olympiques. Ils sont la fierté italienne à montrer au monde. Et ceci est aussi pour toi, Vigor, qui chérissais ce rêve il y a 28 ans et qui l’encourageais de là-haut. Et pour les volleyeurs qui ont soutenu une équipe d’ici qui faisait déjà partie de notre patrimoine sportif, qui appartient à l’histoire. Leurs noms sont Paola, Ekaterina, Myriam, Alessia, Anna, Carlotta, Caterina, Gaia, Ilaria, Marina, Oghosasere Loveth, Monica et Sarah Luisa. Compacte, forte, unie sous un seul patronyme : l’Italie. Car depuis hier, protagonistes d’une entreprise immortelle, elles sont devenues sœurs pour toujours. À leurs côtés, sur le chemin qui les a conduits à la gloire, ils ont trouvé un autre père, Julio Velasco. Argentin de naissance, maître du volley-ball et citoyen du monde, qui a heureusement découvert l’Italie il y a de nombreuses années et cette équipe nationale depuis le 1er janvier. Il s’est vengé après 28 ans, de l’or perdu contre les Pays-Bas à Atlanta en 1996. Il a entraîné la génération de phénomènes où Vigor Bovolenta a également joué et « a évolué », là-haut.

chef-d’œuvre

Cette fois Julio pleure de joie, le chef-d’œuvre arrive à 72 ans. Avec ses filles capables de battre les Etats-Unis d’entrée de jeu. Les Italiens sont entrés sur le terrain en courant, la volonté de commencer à frapper fort chaque ballon, pour ne jamais le laisser tomber au sol, était évidente. Ainsi, l’arène se transformait en un chahut agréable, même le bruit des acclamations pouvait devenir aussi beau qu’un crescendo de Rossini à La Scala. L’Italie n’a jamais laissé de répit aux États-Unis, au contraire, ils ont progressé point après point, portés par des services rapides et des smashs sur trois mètres. Le 3-0 final est la synthèse numérique d’un match parfait, remporté même avec le jeu arrêté. À chaque fois, les yeux de Velasco et des filles exprimaient ensemble calme, clarté et détermination. Point après point, l’Italie ne s’est jamais accordée de répit, n’a jamais baissé d’intensité.

L'entraîneur-chef de l'équipe italienne Julio Velasco (R) pleure alors qu'il célèbre après avoir remporté la médaille d'or féminine entre les États-Unis et l'Italie lors des compétitions de volley-ball des Jeux Olympiques de Paris 2024, à l'Arène Sud de Paris à Paris, France, le 11 août 2024. ANSA/ETTORE FERRARI

message

Et maintenant oui, les Jeux olympiques de volley-ball sont enfin à nous. C’est un message qui part clairement du sport : nous devons avoir conscience d’être une grande nation. Les volleyeuses qui tapaient dans les ballons nous l’ont expliqué hier, à chaque rassemblement les États-Unis. Paris 2024 se termine par la victoire d’équipe qui nous manquait depuis vingt ans, depuis l’or en water-polo de Setterosa à Athènes 2004. C’est un triomphe qui montre comment on gagne avec la force du groupe. Celui façonné par Julio Velasco est la pointe d’un mouvement devenu populaire, dans l’ADN d’une communauté qui a connu une croissance exponentielle au cours des cinquante dernières années, depuis la Coupe du monde 1978 à Rome avec la médaille d’argent de l’équipe nationale masculine. Désormais, le volleyball italien est animé par un vrai peuple, passionné et festif, qui s’est réuni hier à la South Arena. Eux aussi étaient prêts le matin, avec des danses et des chants devant les Américains, à prêter main-forte aux filles avec la force de leur voix ou les applaudissements rythmés de milliers de mains. C’était une trop belle histoire pour ne pas se réaliser. Et c’est ainsi que vint le triomphe qui semblait interdit à Italvolley.

Paris doux

L’équipe nationale numéro 1 au classement mondial se met l’or autour du cou dans un Paris qui nous est encore doux. Ce fut le cas en 1938 avec les Azzurri de Vittorio Pozzo à la Coupe du monde de football et en 1999 avec l’équipe nationale de basket-ball qui remporta les Championnats d’Europe à Bercy. Le tableau final des médailles compte 40 médailles et égale le record global de Tokyo 2021, mais ici il y a douze médailles d’or, deux de plus qu’il y a trois ans. Il s’agissait des Jeux féminins (7 d’or et 2 mixtes) et des Jeux de la jeunesse, avec huit Italiennes de moins de 23 ans médaillées dans les compétitions individuelles. Les données les plus impressionnantes de cette expédition sont celles des Italiens qui ont terminé aux 4 premières places : 92 sur 402, soit 22,8%. Nous restons parmi les dix premières puissances sportives mondiales, à la neuvième place devant l’Allemagne. Et après l’or en volley, on quitte Paris avec une certitude. Si les filles comme celle-là portent du bleu, nous pourrons tous penser à l’avenir avec plus de sérénité.





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