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Coca-Cola vend 1 milliard d’euros de nouvelle dette qu’elle pourrait utiliser pour aider à payer d’éventuelles charges découlant d’un différend vieux de dix ans avec les autorités fiscales américaines, dans lequel l’entreprise pourrait devoir 16 milliards de dollars.

Le fabricant américain de boissons gazeuses a annoncé jeudi son intention d’émettre deux obligations de 500 millions d’euros, dont le produit serait utilisé en partie « pour effectuer d’éventuels paiements dans le cadre de notre litige fiscal en cours avec le [Internal Revenue Service] ».

L’émission de « Yankee inversé », par laquelle les entreprises américaines lèvent des fonds sur le marché obligataire en euros, intervient un jour après que le Financial Times a rapporté que Coca-Cola pourrait devoir 16 milliards de dollars d’arriérés d’impôts sur des processus de fabrication situés dans des pays comme l’Irlande et le Brésil. Ce montant est suffisant pour effacer un an et demi de bénéfices, avec un chiffre qui augmente de plus d’un milliard de dollars par an.

Le montant d’un milliard d’euros qui sera mis sur le marché ce mois-ci sera réparti à parts égales sur deux obligations senior non garanties à échéance de 13 et 29 ans, et servira également à régler le dernier versement de 2025 de Coca-Cola pour son acquisition de Fairlife, un producteur de boissons lactées ultrafiltrées. Il pourra potentiellement servir à rembourser d’autres dettes en cours.

Selon un jugement d’un tribunal fiscal américain, l’entreprise aurait dissimulé des « niveaux astronomiques » de bénéfices dans des pays à faible fiscalité pour se protéger des autorités américaines.

L’émission prévue de Coca-Cola en fait la dernière entreprise américaine à se tourner vers les marchés obligataires européens cette année, les coûts d’emprunt pour la dette libellée en euros étant inférieurs à ceux de la dette en dollars américains.

Selon les données de Bank of America, les entreprises américaines, dont Johnson & Johnson et Booking Holdings, avaient levé un total de 30 milliards d’euros dans le cadre d’opérations dites « reverse Yankee » jusqu’en mai de cette année.

Barclays, BNP Paribas et JPMorgan Chase sont les teneurs de livre de l’opération, qui sera finalisée le 15 août.

L’émission de dette intervient alors que Coca-Cola prépare le paiement d’un montant initial de 6 milliards de dollars en espèces pour couvrir les impôts et intérêts impayés des années 2007 à 2009. La somme a été finalisée la semaine dernière, la dernière d’une série de quatre années de décisions judiciaires en faveur de l’Internal Revenue Service américain.

Le groupe de boissons pourra récupérer sa sanction s’il remporte un appel, qu’il prévoit de lancer plus tard cette année.

Les enjeux ne sont pas seulement élevés pour Coca-Cola, car les 16 milliards de dollars pourraient couvrir le budget annuel de l’IRS et testeront la capacité de l’agence à traiter des cas complexes à un moment où elle a promis de sévir contre l’évasion fiscale des entreprises.

Ni la pénalité de 6 milliards de dollars ni les 10 milliards de dollars qu’elle pourrait devoir payer au cours des 15 années suivantes ne devraient porter préjudice aux bénéfices de Coca-Cola à court terme.

Les paiements n’ont pas besoin d’être comptabilisés dans son compte de résultat si la société basée à Atlanta et son auditeur EY conviennent qu’il y a plus de 50 % de chances que Coca-Cola gagne en appel.

Reportage supplémentaire de Stephen Foley à New York



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