Lors des qualifications pour le lancer du poids à Paris 2024 il a épaté par son look. En 2018, elle s’est arrêtée à deux pas de se jeter d’un viaduc autoroutier
Cheveux mi-violets mi-verts, lunettes de soleil à verres jaunes et masque noir style cagoule couvrant entièrement son visage. Le lanceur américain Raven Saunders n’est certainement pas passé inaperçu en s’illustrant dès la matinée au Stade de France et en se qualifiant pour la finale du lancer du poids. Mais ce n’est pas seulement le look de cet athlète étoilé qui frappe. Déjà argent à Tokyo 2020, son histoire entre tentative de suicide et revendication des droits civiques avait fait le tour du monde…
Raven Saunders, en enfer et retour
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Née en 1996 à Charleston en Caroline du Sud, elle a fait ses débuts aux Jeux de Rio 2016 et a obtenu une excellente cinquième place, ce qui lui a même valu, à son retour dans la ville, la mise en place du « Raven Saunders Day » et un défilé du « Burke High School », son lycée, au centre. Cela semble être le début d’une histoire heureuse, mais c’est plutôt le début de la crise. Raven a déménagé au Mississippi et s’est inscrit à « Ole Miss University » à Oxford, mais n’a pas répété ses exploits olympiques, a subi ses premières blessures et a commencé à avoir des problèmes d’argent. Et ainsi, petit à petit, ça coule. Le matin du 26 janvier 2018, il a arrêté sa voiture au bord d’un viaduc d’autoroute, à deux pas du ravin d’où il s’apprêtait à sauter. « Je savais que j’aurais dû m’arrêter à l’université – a-t-elle dit plus tard -. Mais j’étais confuse, brumeuse. Je suis passée devant la porte du campus et j’ai continué tout droit ». «Je n’avais plus aucune motivation pour faire quoi que ce soit dans ma vie», a-t-elle expliqué, mais soudain, c’est un acte simple qui lui a sauvé la vie : le message qu’elle a envoyé à un psychothérapeute de l’université. « Je voulais qu’elle sache ce qui se passait dans ma tête », se souvient Saunders. « Je lui ai écrit que j’avais peur et que je ne savais pas ce que j’allais me faire. » Et voilà, en quelques secondes, sa vie change : le médecin l’appelle, l’invite calmement à rentrer chez elle et à se faire examiner. Elle se laisse convaincre et le diagnostic est impitoyable : « Dépression, anxiété sévère et syndrome de stress post-traumatique ». L’admission dans un centre spécialisé pour patients souffrant de problèmes mentaux est inévitable. Raven Saunders se remet de l’enfer, se guérit grâce à la méditation et à la thérapie de groupe et remporte à nouveau l’argent olympique.
Raven Saunders et les masques
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Et maintenant, elle consacre sa vie à sensibiliser à la justice raciale et à la santé mentale. Elle a accepté de filmer un documentaire (« Out of the Dark ») sur son histoire et à Tokyo, lors de la cérémonie de remise des prix, sur le podium, elle a levé les bras en formant une opprimée. « Je voulais donner de la visibilité aux personnes du monde entier qui sont en difficulté et qui n’ont pas la capacité de parler », a-t-il précisé. Mais une question reste en suspens : pourquoi Raven Saunders porte-t-elle des masques sur scène, comme ceux de Hulk (son surnom) ou du Joker vus à Tokyo ou celui complètement noir à Paris ? Les raisons sont multiples : c’est d’abord un moyen de faire parler d’eux et, par conséquent, de mieux faire passer les messages sociaux qu’ils souhaitent diffuser. Deuxièmement, parce qu’elle s’était rendu compte, au temps du Covid, qu’avec le masque elle était moins distraite par ses adversaires en avant-match. « Je dois seulement penser à moi avant une course », a-t-elle expliqué. Il y a trois ans, elle l’a fait à merveille, qui sait si elle pourra recommencer demain soir. Et si oui, quel déguisement inventera-t-il pour fêter ça…
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