Les Azzurri passent après avoir été à un pas du gouffre. Ishikawa avec 32 points entraîne son équipe, des Italiens en difficulté mais avec beaucoup de cœur. Michieletto est le meilleur buteur avec 24 points. Maintenant la France ou l’Allemagne

Journaliste

5 août – 16h14 – PARIS

L’Italie s’enfonce au centre de la terre, risque de fondre et, à deux pas de la fin, sort du placard de l’impossible un retour qui entre directement dans les livres d’histoire du volley-ball. Lors du quart de finale contre le Japon, les Azzurri sont venus – à deux reprises – à un point de la défaite mais se sont accrochés à leur rêve de médaille olympique et ont fini par s’imposer 3-2 (20-25 23-25, 27-25. 26-24 , 17-15), un match d’une incroyable intensité émotionnelle. Une victoire dramatique sur laquelle nous devrons réfléchir mais dont nous devons pour le moment profiter comme un glaçon dans le Sahara. Aussi parce que le Japon a joué le match de sa vie, en utilisant ses meilleures armes – la défense et deux attaquants qui sautent comme des sauterelles, nous avons « élevé » Ishikawa en Italie – alors il s’est enthousiasmé comme le font parfois les Asiatiques. Dans le deuxième set, l’Italie n’a pas capitalisé sur un avantage précieux à 22-20 et a donc dû gaspiller trop d’énergie, y compris nerveuse. Puis il a fait appel à des ressources dont seuls les champions disposent, face au gouffre, il a annulé trois balles de match et ramené un succès mémorable. Attendez maintenant le vainqueur de France Allemagne

la stratégie

De Giorgi ne change pas le sextet qui a battu ses adversaires lors des qualifications : Giannelli comme directeur avec Romanò en face, Galassi et Russo au centre, Michieletto et Lavia comme attaquants. Une attaque de Michieletto et un as de Romanò sont les deux premiers coups au visage des Japonais, qui pourtant passent notoirement pour de grands preneurs et des défenseurs encore plus habiles. Ils ne se nient pas. Incisifs dans leur service, ils mettent en difficulté l’équipe italienne et en attaque ils font bon usage des lobs, montant à 9-7 ce qui oblige De Giorgi au premier temps mort. Yamamoto et compagnie mettent tout en œuvre en défense, mais Balaso se transforme en Japonais et, avec une défense extraordinaire, permet à son équipe de porter le score à 10-10. Les risques que prend le Japon au service (aucune erreur contre les trois Italiens dans les 10 premières minutes) sont bien dépensés et un nouveau break arrive (13-10). L’accueil de nos rivaux est d’un excellent niveau et permet au passeur Sekita de mettre en valeur ses Spikers, en sirotant les joueurs centraux pour des contre-attaques sûres. Il atteint 16-12, avec les Azzurri en difficulté pour la première fois et De Giorgi passant la deuxième pause. Mais l’Italie continue de se tromper, payant peut-être la tension du premier (et déjà décisif) à l’envers, le Japon s’emballe et monte 19-12, avec Ishikawa (6/8) et Nishida (4/6) électriques. De Giorgi tente de donner le volant à Sbertoli en rappelant Giannelli sur le banc, mais mettre le ballon au sol est un exploit pour les Azzurri, la défense japonaise se montrant comme Mimì et les volleyeuses. La première erreur de service des Japonais et un bloc monstre bleu arrivent trop tard pour espérer rouvrir le set et donc au final c’est 25-20, sur une énième erreur de service italienne (six au total, la dernière de Lavia), pour représenter une marche supplémentaire à gravir pour la nôtre.

erreurs

Exciter les Japonais est une erreur à ne jamais commettre mais elle est désormais révolue et Sekita continue de distribuer des chocolats à ses attaquants. Heureusement, il y a quelques erreurs de la part des Asiatiques au service, mais la qualité des services italiens n’augmente pas : Yuki Ishikawa, vétéran de mille saisons dans la ligue italienne et meilleur attaquant de la Ligue des Nations 2024, devient fou et avec un l’as pousse son équipe 8-6. C’est un point de service de Lavia qui rend le nul (9-9), c’est un miracle de Balaso en défense qui empêche le Japon de faire un nouveau break, il y a deux salves des défenseurs centraux de De Giorgi (as de Galassi, blocage de Russo) pour envoyer l’Italie à 12-10. Finalement l’Italie entre également en mode combat et un blocage de Galassi donne le score à 17-13. Mais le Japon n’abandonne jamais et, dans un amen, il est de nouveau là (17-17), traîné par les services – devinez quoi ? – par Ishikawa. L’Italie cède trop au service et n’est pas précise dans le blocage, les bombardiers italiens les maintiennent en tête mais c’est un avantage minime et chaque pas en avant coûte aussi cher qu’un pas sur les huit mille himalayens. C’est à nouveau à égalité à 23-23, Giannelli n’ayant jamais opéré les défenseurs centraux. Une défense magique de Yamamoto donne même le ballon au Japon. Ponctuellement exploité par l’habituel Ishikawa. Et à ce moment-là, c’est la nuit.

peur

La peur prend peut-être le dessus pour l’Italie, le Japon gère tout et pas une miette n’en tombe en défense. Au lieu de cela, les certitudes bleues s’effondrent. De Giorgi tente d’endiguer la marée avec un temps mort à 6-3, mais le langage corporel de notre équipe n’est pas réconfortant. Ishikawa est déjà à 17 points personnels à 8-5, ses coéquipiers jouent avec un dessin animé et à 10-7 le Japon montre des signes profonds pour notre équipe. Romanò continue de manquer de services, l’équipe entraînée par le Français Blain (une autre vieille connaissance italienne) est en transe compétitive et peut tout faire (même avec un peu de chance, mais dans des jours comme celui-ci, c’est normal). A 15-12, l’Italie est à 10 points du gouffre. Il s’accroche à l’orgueil et aux piqueurs que Giannelli continue obstinément de solliciter, mais les cadeaux au service continuent et le tableau d’affichage coule inexorablement vers l’épilogue. 19-16 marqué par Ishikawa, puis une énième erreur de Romanò au service donne le 20-18 au Soleil Levant. L’Italie s’accroche au match avec deux défenses : 20-20. Mais c’est Ishikawa (21-20) qui est notre damnation et l’idole de la South Arena et Yamamoto décroche le prix du meilleur libéro du tournoi. Le Japon perd la première balle de match à 24-22 et Giannelli invente un ace qui nous défibrille : 24-24. Un bloc sensationnel de Russo donne à l’Italie le premier point de set du match, Ishikawa décide que ce n’est pas fini et porte le score à 25-25. Mais c’est Lavia qui prend les devants avec deux sorts qui nous donnent un quatrième set qui à un moment semblait impossible.

récupération bleue

C’était censé être l’impulsion d’un changement de vitesse et de retrouver la sérénité, la sécurité technique et l’automatisation. Le 7-4 semble le confirmer, les défenses acrobatiques japonaises le mettent en doute, puis un blocage monumental de Galassi libère le cri italien à 10-7. Le Japon continue de tirer des pétards avec sa batterie de grillons sauteurs et joue quelques jokers chanceux qui les maintiennent au contact (14-13 contre 14-10 en Italie). L’Italie est incapable de se débarrasser de la résistance farouche de ses adversaires et perd une fois de plus de petits avantages, alors dès qu’ils sont distraits, le Japon remonte à 21-20. C’est un flot d’émotions, une vraie souffrance. L’Italie met son cœur là où sa tête n’atteint pas, c’est un autre sprint. Michieletto trouve la balle de set (24-22) d’un tir de pure classe, l’incroyable Ishikawa l’annule face au bloc à trois. Michieletto perd la seconde avec une longue attaque, on repart. C’est le mur bleu qui chasse aussi ce cauchemar : 26-24.

bataille et victoire

Le cinquième set est encore une fois une bataille de nerfs : l’énergie est en réserve, vous puisez dans vos réserves d’adrénaline. Nishida inscrit le premier doublé (6-4). Le Japon en défense tire sur chaque ballon et mène 8-6. Une des rares erreurs japonaises en attaque nous donne à nouveau le nul (8-8), Ishikawa porte son équipe à 11-10, le service de Romanò (enfin !) favorise le dépassement : 12-11 Italie, puis concède avec une autre erreur au 12 -12. Slash du gauche de Michieletto et c’est 13-12, Nishida fait 13-13. Un sort de Michieletto donne le ballon du match aux Azzurri. Ishikawa en annule à lui seul deux et le Japon atteint le troisième ballon qui se qualifie pour les demi-finales. Mais Russo conquiert le bloc et fait exploser le parti italien sur un ballon contesté. Apportez-nous les sels.





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