Survêtement du Cambodge:Le vrai prix du look sportif

Le survêtement : autrefois une vieille tenue de sport, aujourd’hui une mode street cool. Les joggers sont souvent produits au Cambodge. Mais quiconque se rebelle risque son emploi.

jeune femme dans un costume de jogging élégant

Les survêtements – autrefois de simples vêtements de sport, aujourd’hui une déclaration de mode, même dans la rue. Avec beaucoup de paillettes et de glamour. Mais le nouveau look a aussi ses inconvénients.4 août 2024 | 28:41 minutes


De l’underground au grand public : les costumes de jogging sont très appréciés des jeunes. A travers les films, les séries et les légendes du hip-hop, les survêtements ont désormais acquis un statut culte dans la pop culture. Les marques de mode sportive bien connues telles qu’Adidas, Puma et Nike sont les grands gagnants de ce battage médiatique, car les costumes de jogging font partie de leur activité principale – et ils sont presque toujours produits en Asie du Sud-Est.

Travail à la pièce en production au Cambodge

L’un des pays fournisseurs les plus importants est le Cambodge. L’industrie textile du pays est énorme. Environ 800 000 personnes travaillent dans le secteur, dont les trois quarts sont des femmes. De nombreuses usines produisent des vêtements de sport pour les grandes marques.

Après de longues recherches, l’un d’entre eux ouvre ses portes. Environ 200 000 vêtements y sont cousus chaque mois et environ 1 000 collaborateurs travaillent à la pièce. Le directeur de l’usine affirme que les conditions de travail sont bonnes :

Dans notre usine au Cambodge, nous respectons à la fois les lois du travail locales et les réglementations internationales.

Directeur d’usine au Cambodge

Sacs à main

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Les travailleurs font des heures supplémentaires pour être mieux payés

Mais tout le monde qui travaille dans les usines textiles n’est pas content. Yorn, ouvrière d’usine, qui veut seulement donner son prénom, coud chaque jour les manches de T-shirts. Elle doit produire 70 pièces par jour.

Comme dans de nombreuses usines au Cambodge, Yorn perçoit également le salaire minimum légal, soit l’équivalent d’environ 200 euros par mois. Mais elle n’a pas assez d’argent pour vivre, dit-elle : « Je saute le petit-déjeuner, ce qui me permet d’économiser environ 50 centimes par jour. Je ne mange que le midi et le soir. »

Le Cambodge est l’un des principaux pays fournisseurs de l’industrie textile. Le salaire minimum légal pour les travailleurs est l’équivalent de 200 euros par mois.

Source : ZDF



De nombreux Cambodgiens s’endettent grâce aux microcrédits

Pour compléter son salaire, elle fait des heures supplémentaires. Elle passe devant la machine à coudre six jours par semaine, dix heures par jour. Elle reçoit environ deux euros de plus chaque jour.

Yorn n’est pas un cas isolé. Comme de nombreux Cambodgiens parviennent à peine à joindre les deux bouts, ils doivent contracter des microcrédits. Dans presque aucun pays comparable au monde, il y a autant de personnes endettées à cause des microcrédits qu’au Cambodge. Cela touche particulièrement ceux qui travaillent dans le secteur textile. Selon des enquêtes menées par des organisations non gouvernementales, plus de 90 pour cent des ouvriers d’usine ont contracté des microcrédits. La pandémie du coronavirus a encore aggravé la situation.

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Quiconque se rebelle risque son emploi

La seule façon de changer les conditions de travail dans le pays est de fonder des syndicats indépendants, estime Tola Moeun de l’organisation non gouvernementale Central : « C’est la seule façon pour eux d’avoir un levier pour négocier avec les employeurs ».

Mais c’est risqué, car quiconque souhaite créer un syndicat doit en informer l’employeur et lui remettre une liste avec les noms des membres fondateurs. « Lorsque les employeurs voient les noms, ils mettent simplement fin aux contrats », explique Moeun.

Gros plan des mains cousant sur une machine à coudre.

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L’ouvrier d’usine Rudh a également dû en faire l’expérience. Avec d’autres, elle souhaitait créer un syndicat indépendant pour améliorer les conditions de travail dans l’usine, par exemple en réduisant les heures supplémentaires. Elle a alors été mise sous pression et intimidée par la direction de l’usine. « Ils sont venus chez nous pour nous surveiller et nous menacer », dit-elle. Lorsqu’ils ont commencé à former un syndicat, ils ont été licenciés.

Ils ont imputé cela au fait qu’ils ne pouvaient malheureusement pas prolonger nos contrats.

Rudh, ouvrier d’usine au Cambodge

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Cambodge : les lois ne peuvent pas être appliquées

La lutte contre les syndicats est en fait illégale au Cambodge. Mais dans la pratique, il manque souvent des mécanismes efficaces pour faire appliquer cette mesure.

Se défendre contre l’arbitraire des entreprises est difficile. Tola Moeun sait que de nombreux travailleurs ne connaissent souvent pas exactement leurs propres droits.

Nous fournissons aux gens des avocats gratuits afin qu’ils puissent se défendre légalement contre l’oppression.

Tola Moeun, ONG Centrale

Mais ce combat peut durer très longtemps. Rudh a dû faire des petits boulots pendant un an avant de retrouver enfin son emploi. Ce sont des femmes comme Rudh et Yorn qui paient le prix des joggings à la mode avec des conditions de travail et de vie difficiles.

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Une personne tient un smartphone à la main.  La chaîne WhatsApp de ZDFheute y est visible.

Source : ZDF


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