Le jour de vérité pour Jacobs : essayez de défendre le trône du 100 mètres, ce sera une bataille de nerfs


Dans la chaleur, l’or de Tokyo n’a pas brillé (10”05), mais il nous a habitué aux résurrections. Lyles raide, Thompson grand favori

par notre correspondant Giorgio Specchia

4 août 2024 (modifié à 00h43) – PARIS

Confirmer le titre olympique du 100 mètres est un exploit réalisé jusqu’à présent seulement par deux légendes comme Carl Lewis, médaillé d’or à Los Angeles 1984 et Séoul 1988 (après la disqualification du Canadien Ben Johnson pour dopage) et Usain Bolt, vainqueur à Pékin 2008, Londres 2012 et Rio 2016. Marcell Jacobs tentera d’y parvenir ce soir, mais le premier tour d’hier n’augure rien de bon. L’Olympien de Tokyo a semblé terne dès les premiers mètres et n’a ensuite pas pu produire l’accélération qui, il y a trois ans, ne laissait aucune échappatoire à personne. La deuxième place en 10”05 l’a promu aux demi-finales, mais cette fois il faudra vraiment un peu de magie pour se transformer, en une nuit, dans le même Marcell de Tokyo. Pour se répéter, il devra s’exprimer sur ces standards dès la demi-finale, le véritable obstacle à surmonter car alors tout tend à se stabiliser dans l’acte final du 100 mètres. À Paris 2024, la course la plus courte de l’athlétisme olympique s’avère encore être une bataille de nerfs sans fin et l’espoir, étant donné qu’il n’y a pas de dominateur comme Bolt dans les parages, est que l’impossible puisse se produire aujourd’hui. Quelque chose qui sort de la logique, du timing et des résultats, comme cela s’est produit hier soir.

Lyles en difficulté

Nous, les Italiens, l’avons malheureusement découvert, car nous espérions Leonardo Fabbri, invaincu lors de la saison en plein air, et à la place, un autre athlète est apparu dans la finale du lancer du poids, timide et désorienté déjà dès l’échauffement. Et Noah Lyles l’a aussi découvert, de manière moins douloureuse, le sprinteur sur lequel le sponsor technique mise énormément (2 millions par saison jusqu’aux JO de Los Angeles 2028) pour en faire l’image gagnante qui rapporte une médaille d’or aux Etats-Unis. qui manque depuis Athènes 2004, lorsque Justin Gatlin a gagné. Lyles s’est présenté sur la piste avec le diable en lui : il a sauté, encouragé le public, se balancé sur ses jambes. Mais le ressort de son enthousiasme ne s’est pas transformé en vitesse après le tir. A 50 ans, il se raidit même, effrayé par ces formes qui restaient à ses côtés. Il a donc dû pousser jusqu’au dernier mètre pour terminer deuxième en 10”04 de sa série avec un gaspillage d’énergie infini. Il est parti la tête baissée, promu oui mais essoufflé. En demi-finale, il découvrira et nous saurons s’il a vraiment banni les fantômes de Tokyo 2021, dont le bronze au 200 mètres – dans une course dont il était favori – l’a plongé dans la dépression.

Ce Thompson

Avec Jacobs et Lyles maîtrisés, les séries du premier tour ont rebattu les cartes et brouillonné encore davantage les pronostics de la veille, mais seulement à partir de la deuxième place vers le bas. Parce qu’au lieu de cela, ils ont indiqué le grand favori du 100 mètres de ces Jeux olympiques. Kishane Thompson est l’homme à battre, vainqueur des Jamaican Trials de Kingston en 9”77, meilleur temps de 2024. A Paris, 10 secondes chrono lui ont suffi, mais avec un freinage notable sur la fin, pour repartir. la meilleure impression. Un physique imposant, avant de se pencher sur les blocs, il se cambre et crie vers le ciel si fort qu’on l’entend clairement dans un stade de 80 000 personnes toujours plein et bruyant. Même dans une discipline où le contact physique n’existe pas, il finit par susciter la même peur qu’un Mike Tyson du bon vieux temps. Mais aujourd’hui, on tourne la page : Thompson, Jacobs et Lyles ne se rencontreront pas lors des trois demi-finales. Tout le monde démarre sur un pied d’égalité, mais force est de constater que Jacobs n’atteint pas le jour le plus important de la saison comme il l’aurait espéré. Le climat est bien différent de celui de Tokyo où il avait parcouru le 100 mètres au premier tour en 9”94. Mais les Jeux olympiques japonais eux-mêmes enseignent que rien n’est acquis ni déjà écrit car, avant de remporter l’or, Marcell a atteint la finale avec la première des deux périodes de repêchage. Rares sont ceux qui auraient parié sur lui. Et puis le Stade de France sur 100 mètres réserve toujours de belles surprises, ce qui à ce stade nous plaît. Aux Championnats du monde 2003, Kim Collins, de Saint-Kitts-et-Nevis, a triomphé ; hier Julien Alfred, 23 ans, originaire de Sainte-Lucie, a remporté la médaille d’or olympique chez les femmes.

Déceptions

Quelle que soit la manière dont elle se termine, la soirée de Marcell Jacobs représente le point culminant en émotion d’une olympiade qui peine à décoller en athlétisme. Stano et Palmisano n’ont pas défendu leur médaille d’or à la marche, Fabbri a réalisé sa pire course de l’année le jour le plus important. Marcell n’a pas brillé au premier tour du 100 mètres. Ces “pointes de vitesse remarquables” des derniers entraînements à Terminillo n’ont pas été vues sur la piste couleur lilas du Stade de France. Cependant, une chose est sûre et son histoire de champion le prouve. Lorsqu’il atteint la finale, Jacobs sait toujours faire ressortir le meilleur de ce qu’il a en lui. Thompson a 23 ans et participe à ses premiers Jeux olympiques : ce n’est que ce soir qu’il saura s’il est vraiment numéro 1 comme il l’a fait croire à tout le monde hier.





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