L’ancien ingénieur de Mercedes sera directeur technique après le départ de Cardile. L’avance du Génie s’estompe. Et Binotto cherche des renforts…

Journaliste

25 juillet – 8h38 -MILAN

L’opération de relance est plus difficile que prévu. L’impulsion donnée par Frédéric Vasseur, après son arrivée chez Ferrari en janvier 2023, a porté quelques fruits. Nous avons constaté une réaction de l’équipe, une meilleure organisation des opérations en piste et une avancée de la voiture en ce début d’année. Mais ensuite est venu l’obstacle habituel lié aux évolutions aérodynamiques au cours de la saison, un vieux point faible du Cavallino, pour compliquer le parcours du chef d’équipe. Les performances des rouges ont connu un net ralentissement lors des cinq dernières courses, après le triomphe illusoire de Charles Leclerc dans les rues de Monte-Carlo, et les adversaires ont de nouveau pris le large. On a le sentiment que Ferrari rate une autre grande opportunité, maintenant que la Red Bull de Max Verstappen est devenue vulnérable, et que McLaren et la Mercedes relancée pourraient plutôt en profiter, dirigées respectivement aux commandes sportive et technique par l’ancien pilote Ferrari Andrea. Stella et James Allison.

Rôle amélioré

Actuellement, Vasseur se bat sur plusieurs fronts. D’une part, nous devons retrouver de la compétitivité sur la piste, dès la course de dimanche à Spa-Francorchamps, car l’actuelle troisième place au Championnat du Monde des Constructeurs ne peut pas suffire. En revanche, les bases doivent être posées pour la saison prochaine, lorsque le septuple champion du monde Lewis Hamilton arrivera à Maranello à la place de Carlos Sainz, créant ainsi des conditions adéquates. Après l’été, plus précisément le 1er octobre, sera opérationnel dans l’usine le Français Loïc Serra, compatriote de Vasseur, que le directeur d’équipe a retiré à la Mercedes de son ami Toto Wolff, obtenant une réduction de la période de « repos forcé » à l’origine attendu. Chez Mercedes, Serra s’occupait de la dynamique du véhicule, donc de l’interaction entre le châssis, la suspension et les pneus, et fut l’un des protagonistes du cycle d’or qui a abouti à huit titres de champion du monde. Certes, son arrivée sera également saluée par Hamilton. Initialement, Serra devait assumer le rôle de responsable de l’ingénierie du châssis et du développement des performances, coordonnant divers départements, notamment l’ingénierie de la piste, le développement aérodynamique et la dynamique des véhicules. Il aurait dû rendre compte au directeur technique Enrico Cardile. Mais maintenant que ce dernier a quitté l’équipe, pour rejoindre Aston Martin à partir de 2025, il est probable que Serra le remplacera effectivement, avec un nouveau renforcement de sa position. Il est évident que Cardile s’est senti « délégitimé » avec l’embauche de Serra, ce qui a facilité l’acceptation de l’offre financière substantielle du magnat Lawrence Stroll, apparemment le double du salaire qu’il recevait à Maranello.

Le directeur français de l'équipe Ferrari, Frédéric Vasseur, est photographié lors de la troisième séance d'essais sur le circuit de Catalunya le 22 juin 2024 à Montmelo, dans la banlieue de Barcelone, lors du Grand Prix d'Espagne de Formule 1.  (Photo de Thomas COEX / AFP)

Assaut à vide

Pour Serra, l’aventure chez Ferrari sera un grand test, car jusqu’à présent, il n’a jamais eu des responsabilités aussi étendues. Vasseur a pleinement confiance en lui. Une mise. Le team principal de Cavallino tente de s’en prendre à Adrian Newey depuis des mois, après l’annonce du divorce entre le brillant ingénieur anglais et Red Bull. La cour a été intense, avec des réunions, des discussions et de nombreuses ébauches de contrat échangées entre les parties, mais à la fin les chemins du magicien et de la rousse ont divergé. Newey serait sur le point de signer avec Aston Martin, où Stroll est prêt à lui faire des ponts d’or, en mettant sur la table un projet ambitieux et une offre de cent millions de dollars sur quatre ans. Travailler au nouveau siège social de Silverstone permettrait au superviseur technique de 65 ans de rester dans sa bien-aimée Grande-Bretagne jusqu’à la fin de sa carrière en F1.

Menace externe

La campagne de signature de Vasseur, qui bénéficie du soutien du président John Elkann, a été remarquable depuis qu’il a pris le commandement. L’équipe a été renforcée avec l’embauche d’une cinquantaine d’ingénieurs. De nombreux chiffres clés ont changé par rapport aux années précédentes, avec le départ du stratège Inaki Rueda, de l’aérodynamicien David Sanchez, du directeur sportif Laurent Mekies et plus récemment de Xavi Marcos, l’ingénieur automobile de Leclerc, et de Cardile. Désormais, une « menace » pourrait être représentée par l’ancien directeur de l’équipe Ferrari, Mattia Binotto, qui vient d’être nommé directeur opérationnel et directeur technique du programme avec lequel Audi entrera en F.1 à partir de 2026, alignant sa propre équipe et son propre moteur. Binotto a travaillé pendant 27 ans à Maranello et a pu exploiter son passé de chef du département moteur-groupe motopropulseur et ses connaissances pour arracher quelques techniciens importants à Ferrari. Enrico Gualtieri, le numéro un de la division groupes motopropulseurs, ne devrait pas bouger, mais il est probable que d’autres le feront. Pendant ce temps, Binotto retrouvera dans son équipe d’ingénieurs moteurs un Italien qu’il a déjà rencontré à Maranello entre 2005 et 2019 : il s’agit de Walter Citterio, un ingénieur de la Brianza arrivé à Neuburg en mars comme responsable du développement du 6 cylindres. moteur qui sera le cœur de la puissance Audi. Il apporte avec lui de nombreuses expériences et secrets appris chez Ferrari.





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