1/3 La vie de forain oscille entre « occupation » et « sentiment de vacances »
Quand la musique s’est arrêtée, que les lumières se sont éteintes, que le fil a été attrapé et que les attractions ont cessé de fonctionner, les forains doivent eux aussi dormir quelque part. Leur port d’attache temporaire est situé dans un parking du Ringbaan à Tilburg, où sont installés des camping-cars de toutes formes et tailles. Une sorte de village de foire. Et c’est ainsi que se passe la journée là-bas.
Cela ressemble presque à un camping ordinaire. Il y a du linge à sécher, les tables de jardin sont toujours dehors et la scène de rue est remplie d’énormes campeurs. Nous sommes mardi après-midi et la tornade arc-en-ciel du Lundi Rose vient tout juste de traverser le centre-ville de Tilburg. En fait, tous les camping-cars sont vides désormais : tout le monde est au travail. Mais Janet est assise sous l’auvent avec sa sœur Helma et ses petits-enfants.
« Cela nous semble aussi à l’aise que notre résidence permanente. »
« Oui, vous pouvez jeter un œil à l’intérieur. Mais ce n’est pas très spécial », explique Janet. Elle est originaire d’Emmen et est une femme terre-à-terre de Drenthe, c’est clair. « Bref, il y a le canapé, on le transforme en lit le soir », montre-t-elle sa routine du soir. « C’est petit, mais génial. On s’y sent aussi bien que notre maison habituelle. »
Par exemple, Janet et son mari Geert sautent de foire en foire au cours de la saison, avec leur moulin à bateaux depuis plus de 20 ans maintenant. Caravane, remorque avec lave-linge et toilettes derrière. Et quand une foire est terminée, ils s’effondrent à nouveau. Passons au suivant.
« Un peu une impression de camping », rit avec enthousiasme sœur Helma. Sa caravane fait face à celle de sœur Janet. Elle aime ça comme ça, un peu temps de qualité avec la famille. Même si elle trouve la foire de Tilburg un peu colossale. « On remarque aussi ça un peu dans la mentalité ici. C’est un peu moins cosy. Un peu moins familier avec nous. »
« Il n’y a pas beaucoup de temps pour socialiser. »
Les journées sont extrêmement longues. Les opérateurs doivent ouvrir leur attraction entre 12h et 13h, jusqu’à 1h du matin au moins. « Alors, quand tout le monde revient ici, vous allez directement au lit », explique Janet. « Ensuite, il faut se lever le matin, préparer le dîner et repartir. Il n’y a pas beaucoup de temps pour socialiser. »
Quoi qu’il en soit, la foire est devenue un peu trop grande et trop fréquentée pour Janet. Il y a quelques années, elle a eu un arrêt cardiaque et était dans le coma. « J’ai ensuite subi des lésions cérébrales, donc je ne peux tout simplement pas gérer ces stimuli aussi longtemps. C’est trop occupé pour moi », dit-elle.
« Pour moi, c’est des vacances, mais je le fais surtout parce que je ne veux pas perdre ma sœur. »
Et pourtant, elle ne peut vraiment pas rater la vie. C’est sa vie, sa liberté et la passion de son mari. « Ces visages d’enfants souriants, c’est la plus belle chose qui soit », dit-elle rayonnante.
« C’est pourquoi j’ai dit dès le début que je viendrais pour aider », ajoute sœur Helma. « Pour moi, c’est des vacances, mais je le fais surtout parce que je ne veux pas perdre ma sœur. Parce que je veux qu’elle réussisse. »
Alors ils font parfois le tour de la foire ensemble. Juste quelques heures par jour. « Ensuite, les hommes peuvent se dégourdir les jambes, puis nous revenons », explique Helma. Ensuite, ils repartent à vélo ou discutent simplement un peu. « Et croyez-moi, ce temps m’est très cher. »