Envie d’un fragment de personnes disparues

Après l’attaque du vol MH17, les proches ont également été confrontés à des tâches pratiques, comme vider les maisons des défunts. À l’intérieur, les maisons ne ressemblaient pas aux maisons de personnes décédées. On aurait dit des maisons de gens qui venaient de partir en vacances. Des gens qui venaient de sortir du linge juste avant de partir et avaient accroché la couette au-dessus de la porte de la chambre. Reconnaissable pour tous ceux qui ont déjà passé des vacances chez quelqu’un. Et reconnaissable pour quiconque a soudainement perdu un être cher.

Ce mercredi, cela fera dix ans qu’un avion de ligne a été abattu au-dessus de l’Ukraine par une milice pro-russe. 298 personnes ont été « accidentellement assassinées ». La commémoration nationale aura lieu mercredi après-midi au monument de Vijfhuizen en présence du roi et du Premier ministre Schoof. Il est clair à quel point cette commémoration est significative L’écho du MH17, un documentaire en quatre parties que KRO-NCRV diffuse cette semaine. Cela comprend également une série de podcasts d’Herman van der Zandt.

Dans L’écho du MH17 La réalisatrice Ines ten Berge ne se concentre pas sur l’histoire politique ou juridique, elle ramène l’histoire au personnel, à l’humain. Lors d’entretiens intimes, des proches et d’autres parties prenantes, dont l’ancien Premier ministre Rutte, retracent méticuleusement les moments importants : la dernière fois qu’ils ont vu les passagers, les derniers SMS envoyés dans l’avion. Puis la nouvelle du malheur, le retour des restes – parfois une poignée d’ossements, parfois rien du tout – les funérailles. «J’ai entendu ma mère pleurer comme si je ne voulais entendre personne pleurer.»

On voit à maintes reprises les proches aspirer à un fragment des personnes disparues. Le moment où on leur montre les images des caméras de surveillance de Schiphol, le matin avant le décollage de l’avion, est poignant. Soudain, ils aperçoivent à nouveau le défunt se promenant dans le hall de l’aéroport. « René, je suis pressé, marche toujours quelques mètres en avant. » Là, les passagers se dirigent vers l’avion, le chariot plein de valises, franchissent la porte, tournent à gauche et s’en vont. L’un des membres de la famille dit qu’elle n’arrêtait pas de rembobiner, espérant que les passagers feraient demi-tour.

Ce qui est frappant, c’est la valeur que les proches attachent aux rituels : la cérémonie militaire à l’arrivée de la dépouille à Eindhoven, les commémorations, le procès. Toutes ces étapes formelles les aident à traiter la perte, car elle est incluse dans un tout plus vaste. Soudain, il y a de la place pour des mots positifs tels que « belle » et « fière ». Un homme qui a perdu sa fille de dix-sept ans raconte : « Je me suis dit : comme tout cela est merveilleux pour les proches… Bon sang, j’en suis aussi un. »

L’écho du MH17 est un documentaire si beau et émouvant, surtout parce qu’il permet de sympathiser, même si l’on n’est pas personnellement impliqué dans la catastrophe. Oui, c’est ce que l’on ressent lorsque l’on manque un être cher, le lendemain et dix ans plus tard. Pour paraphraser une déclaration bien connue de l’écrivain Abel Herzberg : le MH17 n’a pas tué 298 personnes, mais une personne a été assassinée 298 fois.






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