FMI : la croissance de la dette publique américaine est « inquiétante »

L’augmentation continue de la dette nationale américaine est « inquiétante ». Le Fonds monétaire international l’a déclaré mardi en présentant ses estimations économiques révisées pour les années à venir. C’est la deuxième fois en peu de temps que le FMI tire la sonnette d’alarme sur les finances publiques américaines : cet avertissement avait également été lancé en avril, lors de la présentation des prévisions de printemps du Fonds.

L’économie américaine tourne à plein régime depuis la pandémie et le chômage est faible. Pourtant, le gouvernement américain continue de stimuler l’économie à sa guise. Les déficits budgétaires sont très élevés : 8,8 pour cent du PIB l’année dernière, 6,5 pour cent cette année, prévoit le FMI. A titre de comparaison : dans la zone euro, la moyenne est respectivement de 3,5 et 2,9 pour cent. La dette publique américaine a considérablement augmenté et représente désormais 123 pour cent du PIB, contre 89 pour cent en moyenne dans la zone euro.

L’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a jugé « inquiétant » lors d’une conférence de presse mardi que la dette publique américaine continue de croître, « avec des risques pour l’économie nationale et pour l’économie mondiale ». Les inquiétudes sur les marchés financiers quant à la viabilité de la dette publique de la plus grande économie mondiale se propageraient presque certainement ailleurs, en partie parce que le dollar est la principale monnaie de réserve mondiale. En avril, Gourinchas parlait dans ce contexte de « risques pour la stabilité financière de l’économie mondiale ».

Les messages du FMI semblent tomber dans l’oreille d’un sourd aux États-Unis. Ni les démocrates ni les républicains ne manifestent beaucoup d’intérêt pour la discipline budgétaire. L’organisme de surveillance budgétaire du Congrès américain, le Congressional Budget Office, a également mis en garde à plusieurs reprises contre les dépenses publiques excessives.

Un risque supplémentaire, a déclaré Gourinchas, est que la dette publique américaine soit de plus en plus financée par des obligations d’État à court terme, avec des échéances d’un an ou moins. Lorsque ces prêts arrivent à échéance et que les taux d’intérêt ont augmenté sur les marchés, ils doivent être refinancés à des coûts plus élevés. Gourinchas a parlé d’une « plus grande vulnérabilité » due à ce financement à court terme.

Un peu de stress

Non seulement les États-Unis, mais aussi les autres pays doivent faire preuve de discipline budgétaire, estime le FMI. La « restauration progressive des réserves » – après des dépenses importantes pendant la pandémie et la crise énergétique – est une « priorité essentielle », estime le Fonds.

Récemment, des tensions ont été ressenties sur les marchés financiers à propos des finances publiques d’un autre pays qui a fait preuve de peu de discipline dans ce domaine : la France. Jusqu’à présent, il n’y a aucun signe de tension aux États-Unis. Mais l’ambiance sur les marchés peut changer rapidement. En 2022, le gouvernement britannique de la Première ministre Liz Truss a dû démissionner après de graves troubles sur les marchés en raison de réductions d’impôts non financées qu’il avait annoncées.

En partie grâce aux dépenses importantes du gouvernement américain, l’économie américaine a connu une croissance rapide ces dernières années, même si cette dynamique ralentit quelque peu. Le PIB américain devrait croître de 2,6 pour cent cette année, prévoit le FMI. Dans l’estimation précédente, en avril, le Fonds supposait un pourcentage légèrement plus élevé : 2,7 pour cent. L’estimation de la croissance pour la zone euro est en fait légèrement plus élevée qu’en avril : 0,9 pour cent de croissance au lieu de 0,8 pour cent. En 2025, le FMI s’attend à ce que les taux de croissance des États-Unis et de la zone euro convergent : 1,9 contre 1,5 %.

L’économie mondiale dans son ensemble connaîtra une croissance de 3,2 pour cent cette année et de 3,3 pour cent l’année prochaine, selon la dernière estimation du FMI. Les estimations de croissance pour la Chine pour 2024 passeront de 4,6 à 5 pour cent et pour 2025 de 4,1 à 4,5 pour cent.






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