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Les rumeurs selon lesquelles Saks Fifth Avenue pourrait racheter son rival Neiman Marcus vont bon train depuis que ce dernier a déposé le bilan pendant la pandémie. L’opération visant à réunir les deux principaux grands magasins de luxe d’Amérique du Nord a finalement eu lieu ce mois-ci. Mais l’aide est venue d’une source inattendue : Amazon.
Le géant du commerce électronique fait partie des investisseurs qui soutiennent l’acquisition du groupe Neiman Marcus par HBC, la maison mère de Saks, pour 2,65 milliards de dollars, dette comprise. Amazon et Salesforce, la société de logiciels en cloud, prendront des participations minoritaires dans la nouvelle entreprise, qui s’appellera Saks Global.
Il est loin d’être certain que la présence de deux poids lourds de la technologie à bord suffira à relancer le modèle économique des grands magasins en difficulté. Le rôle d’Amazon, au moins dans un premier temps, consistera probablement à fournir une expertise technologique et logistique.
Avant cela, les autorités américaines devraient autoriser la transaction. Elles ont déjà intenté une action en justice pour bloquer le rapprochement de 8,5 milliards de dollars entre Tapestry, propriétaire de Coach, et Capri Holdings, la maison mère de Michael Kors.
Sur le papier, la fusion de Saks et de Neiman semble logique. Les deux s’adressent à une clientèle haut de gamme similaire et ont de nombreux sites qui se chevauchent. La fusion de leurs entrepôts, bureaux et opérations de back-end devrait permettre de réaliser des économies rapides. Elle présente également des avantages d’échelle. La nouvelle société, qui devrait générer 10 milliards de dollars de ventes annuelles, compterait 75 magasins principaux ainsi que 100 points de vente à prix réduits. Cela devrait lui donner un plus grand pouvoir de négociation avec les marques et les fournisseurs.
Les grands magasins restent un secteur difficile. Sears, JCPenney, Barneys New York, Lord & Taylor et Century 21 ont également déposé le bilan ces dernières années.
Les magasins qui sont encore debout sont en difficulté. Dans les autres grands magasins cotés en bourse, les cartes de crédit, plutôt que les ventes au détail, génèrent désormais une part étonnamment importante des bénéfices. Selon Bank of America Global Research, les revenus de crédit ont représenté respectivement environ 47 % et 66 % du résultat d’exploitation de Nordstrom et de Kohl l’année dernière. Chez Macy’s, ce chiffre était d’environ 55 % en 2022, a déclaré Citigroup.
La vente de produits de luxe aux consommateurs fortunés offre une certaine protection contre le recul des dépenses des classes moyennes et inférieures. Mais les grands fabricants de produits de luxe comme LVMH, Kering et Prada souhaitent vendre plus directement aux consommateurs. Les acheteurs ont désormais plusieurs moyens d’acheter directement auprès de leurs marques de luxe préférées, notamment dans les magasins ou sur les sites Web des marques.
Le modèle économique des grands magasins a désespérément besoin d’être repensé. Même avec le soutien d’Amazon, Saks et Neiman ont du pain sur la planche.