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Samedi, les États-Unis ont connu un nouveau creux dans leur longue histoire de violence politique. Quelques minutes après le début de son meeting en Pennsylvanie, Donald Trump a été la cible de plusieurs tirs, ce qui semblait vouloir l’assassiner. L’ancien président américain s’en est sorti de justesse. Il était visiblement ensanglanté et secoué, mais on le voyait lever les poings avec défi tandis qu’on l’escortait hors de son estrade. Un spectateur est mort, d’autres sont grièvement blessés, tandis que le meurtrier présumé a été abattu par les services secrets.

Cet événement risque d’entraîner un pays qui, ces dernières années, est devenu plus amer, plus polarisé et plus enclin à la violence, dans une direction encore plus sombre. La responsabilité de la classe politique américaine de réaffirmer l’importance du calme politique n’a jamais été aussi importante.

La violence n’a pas sa place en démocratie. La liberté d’expression et la tolérance politique ont été bafouées, tout comme la montée en puissance de la désinformation sur les réseaux sociaux, qui caractérisent la politique américaine depuis une décennie. Le clivage partisan entre démocrates et républicains n’a fait que s’élargir et devenir plus toxique. Cette situation s’est accompagnée d’une plus grande propension à recourir à la force physique. Parmi les éruptions de violence sporadiques survenues ces quatre dernières années, on peut citer l’attaque du Capitole par des partisans de Trump le 6 janvier 2021.

Mais, malheureusement, les événements de samedi ne constituent pas une anomalie dans la longue expérience de gouvernance démocratique du pays. Les tentatives d’assassinat ou les complots contre des présidents, des candidats à la présidence et d’autres dirigeants politiques sont monnaie courante.

La réaction des démocraties face à des moments comme celui-ci est le véritable test de leur courage. On craint que les événements de samedi ne fassent qu’aggraver encore davantage la rhétorique amère entre les politiciens. Certains républicains, dont JD Vance, le sénateur de l’Ohio — candidat au poste de colistier de Trump — n’ont pas tardé à imputer la responsabilité de l’incident à l’équipe de campagne de Joe Biden. « Le principe central de la campagne Biden est que… Trump est un fasciste autoritaire qui doit être arrêté à tout prix », a-t-il affirmé sur X.

Trump lui-même a eu recours à un langage incendiaire dans ses discours, notamment lors de la Campagne électorale 2024Il aurait été accusé d’avoir incité à l’émeute du Capitole, après avoir nié le résultat des élections de novembre 2020. Sa tentative d’assassinat risque désormais d’irriter ses plus fervents partisans. Elle pourrait aggraver les divisions ou, pire encore, servir de justification à davantage de violence. Il faut éviter cela.

Par le passé, les assassinats ou tentatives d’assassinats ont sonné le glas du système politique américain, permettant aux voix de la raison de reprendre le dessus. C’est plus que jamais nécessaire aujourd’hui. Les hommes politiques de tous bords ont la grande responsabilité d’appeler au calme et de mettre un terme aux attaques au vitriol. Toute déclaration publique doit être formulée avec soin. Les républicains doivent s’exprimer haut et fort et éviter la tentation d’utiliser cet événement comme un cri de ralliement. L’ancien président a été entendu scander « combat » alors qu’il était conduit en lieu sûr. Le ton modéré qu’il a adopté initialement dans ses publications sur sa plateforme Truth Social est cependant le bienvenu.

Le message clair qui doit ressortir de ce triste épisode est que la violence est inacceptable et qu’un pays divisé qui recourt à la force physique pour résoudre ses problèmes est sans aucun doute plus faible.

Si l’Amérique veut stabiliser son discours public chaotique, elle doit alors réfléchir à la manière dont elle en est arrivée là. Il est choquant de constater que près de 60 % des adultes américains dans un pays récent sondage Les Américains ont convenu que les élections ne résoudraient pas les problèmes politiques et sociaux les plus fondamentaux du pays. Les événements sordides de samedi dernier nous rappellent une fois de plus qu’il existe un problème plus vaste aux États-Unis qui doit être résolu et que la démocratie ne doit jamais être tenue pour acquise.



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