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Le Premier ministre Donald Tusk a échoué dans sa première tentative de revenir sur certaines parties de l’interdiction de l’avortement votée par le précédent gouvernement ultraconservateur polonais, lors d’un vote parlementaire qui a souligné de profondes divisions sur les questions sociales au sein de la coalition au pouvoir.

L’un des petits partis de Donald Tusk, le Parti populaire polonais (PSL), un parti conservateur agraire, a rejoint vendredi l’opposition de droite et a voté contre un projet de loi qui aurait dépénalisé l’aide aux femmes enceintes pour interrompre leur grossesse, notamment en leur proposant des pilules contraceptives d’urgence. Selon la réglementation actuelle, les médecins et les pharmaciens peuvent être condamnés à trois ans de prison pour avoir fourni une telle aide.

Le résultat du scrutin est un coup dur pour Tusk, élu l’année dernière sur un programme progressiste qui incluait la promesse de revenir sur l’interdiction de l’avortement imposée par le gouvernement précédent dirigé par le parti Droit et Justice (PiS). L’interdiction a déclenché des manifestations de masse en 2020 lorsqu’elle a été confirmée par la Cour constitutionnelle du pays composée de juges nommés par le PiS.

Mais Donald Tusk a du mal à tenir ses promesses, car deux de ses partenaires de coalition sont plus conservateurs sur le plan social que son parti de centre-droit, la Plateforme civique. Outre le PSL, il y a aussi le parti Pologne 2050 dirigé par Szymon Hołownia, un catholique pratiquant qui est président du Parlement.

Les députés ont voté vendredi contre le projet de loi par 218 voix contre 215 et deux abstentions. Le vice-Premier ministre Władysław Kosiniak-Kamysz a été le principal opposant du PSL, même si quatre de ses députés ont voté en sa faveur.

Hołownia et ses députés de Pologne 2050 ont convenu de soutenir le projet de loi, mais le président du Parlement a appelé à un référendum national sur toute nouvelle modification des lois sur l’avortement.

Le projet de loi présenté vendredi était considéré comme le moins controversé d’un ensemble de quatre projets de loi pro-avortement proposés par un parti de gauche de la coalition de Tusk.

Le vote a porté sur « la proposition de changement la plus conservatrice, qui était de garantir la sécurité des femmes », a déclaré la ministre polonaise de l’Égalité, Katarzyna Kotula, déçue. Elle a appelé les femmes à tirer les leçons du revers de vendredi et à « se rappeler qui freine leurs changements et à voter pour celles qui sont toujours de leur côté ».

Le parti de gauche, auteur du projet de loi, a promis de faire prochainement une nouvelle tentative pour le faire passer au parlement après le rejet de vendredi. « Nous ne baissons pas les bras, nous lutterons jusqu’au bout, jusqu’à ce que cesse l’enfer pour les femmes en Pologne », a déclaré la députée de gauche Anna Maria Żukowska.

Même si le projet de loi avait été approuvé vendredi, le président du pays, Andrzej Duda, avait déjà indiqué qu’il y opposerait son veto. Duda, candidat du PiS, est en conflit avec Tusk et a déjà utilisé ses pouvoirs pour bloquer d’autres textes de loi, ainsi que la nomination de plusieurs ambassadeurs et d’autres hauts fonctionnaires.



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