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Bruxelles a accusé Microsoft de comportement anticoncurrentiel en regroupant son application Teams avec sa suite Office, dans le cadre des premières accusations antitrust de ce type portées contre le groupe technologique depuis plus d’une décennie.
La Commission européenne a remis mardi à l’entreprise publique la plus précieuse au monde un acte d’accusation faisant état de ses inquiétudes selon lesquelles Microsoft aurait donné à l’application de visioconférence Teams un « avantage indu », nuisant ainsi à des concurrents tels que Slack et Zoom.
Ces accusations sont les plus importantes que Bruxelles ait portées contre Microsoft, hormis le contrôle des fusions, depuis la confrontation du groupe avec les États-Unis et l’Union européenne au sujet de Windows, qui a débuté il y a plus de 20 ans. Cette affaire historique était également centrée sur le regroupement, ou « vente liée », par Microsoft de ses différents produits logiciels.
Cette dernière affaire fait suite à une bataille acharnée avec les régulateurs concernant l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft pour 75 milliards de dollars l’année dernière et survient alors que la société fait l’objet d’un examen minutieux de ses alliances avec des start-ups d’intelligence artificielle, dont OpenAI.
“Nous craignons que Microsoft ne donne à son propre produit de communication Teams un avantage indu sur ses concurrents en le liant à ses suites de productivité populaires pour les entreprises”, a déclaré Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de l’UE en charge de la politique de concurrence. « Si elle était confirmée, la conduite de Microsoft serait illégale au regard de nos règles de concurrence. Microsoft a désormais la possibilité de répondre à nos préoccupations.
En avril, Microsoft a publié des concessions visant à tenter d’éviter des mesures réglementaires, notamment en élargissant ses plans visant à dissocier Teams d’autres logiciels tels qu’Office au-delà de l’Europe. Cependant, les responsables ne pensent pas que cette mesure va assez loin pour permettre la concurrence sur le marché.
Réagissant aux nouvelles accusations, Brad Smith, président de Microsoft, a déclaré : « Après avoir dégroupé Teams et pris les premières mesures d’interopérabilité, nous apprécions la clarté supplémentaire fournie aujourd’hui et nous nous efforcerons de trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes de la commission.
Sabastian Niles, président de Salesforce, qui a déposé la plainte initiale contre Microsoft, a déclaré que les accusations portées contre Microsoft étaient « une victoire pour le choix du client et une affirmation que les pratiques de Microsoft avec Teams ont nui à la concurrence ».
La Commission, l’organe exécutif de l’UE, a déclaré que de nouvelles accusations ne « préjugaient pas de l’issue » de l’enquête. Microsoft cherche à régler l’affaire pour éviter des accusations formelles d’infraction à la loi et une amende potentielle pouvant atteindre 10 pour cent de son chiffre d’affaires mondial annuel, selon des sources proches du raisonnement de l’entreprise.
Cette décision intervient alors que Microsoft fait face à une surveillance accrue de ses activités. Les régulateurs examinent l’entreprise au sujet de son partenariat de 13 milliards de dollars avec OpenAI, et Bruxelles envisage de lancer une enquête approfondie. Le groupe fait également face à une plainte concernant ce que certains concurrents considèrent comme des accords de licence injustes pour le cloud computing.
Bruxelles se tourne également vers d’autres grandes entreprises technologiques. Lundi, la commission a accusé Apple d’étouffer la concurrence sur son App Store, marquant la première fois que les régulateurs européens engagent des poursuites contre un grand groupe technologique en vertu des nouvelles règles numériques.