C’était un rêve de Dorien Reitsma d’Alkmaar, réalisé par la chorégraphe de Haarlem Haya Maëla et ses danseurs. Le journal de guerre de la mère de Dorien, l’héroïne de la résistance Hetty van der Togt, a été traduit de gribouillis sur du papier toilette en musique et en danse. La performance spéciale est mise en scène dans le cadre du projet ‘Theater Na de Dam’. Dans les prochains jours, des spectacles culturels auront lieu dans tout le pays pour commémorer la Seconde Guerre mondiale.
Le journal de Hetty van der Togt de la dernière année de la guerre n’est rien d’autre qu’une collection de cartons, de papiers peints et de papier toilette, dans lesquels elle écrit sa vie quotidienne en petits caractères après son arrestation. Elle a été surprise en train de livrer le journal de la résistance Parool. Et qui sait, elle pourrait même en faire plus. Mais ses enfants ne le savent pas. Hetty n’a pas parlé de la guerre.
Les enfants ne savaient rien non plus de ses écrits et le journal a été presque perdu lorsque Hetty est décédée en 2011. Alors qu’ils nettoient la maison parentale, une boîte contenant des dossiers d’archives et un vieux sac à main rouge finit dans le couloir, prêt à être jeté à la poubelle. Jusqu’à ce qu’une de ses belles-filles aille lire ce qu’il contient.
“Cela ne peut pas disparaître”
« Oh, ça ne doit pas disparaître. C’est de l’histoire », rappelle Dorien Reitsma à sa belle-sœur. Dorien d’Alkmaar est une fille de Hetty. Ce n’est que trois ans après la mort de sa mère qu’elle ose vraiment lire les notes. Et elle les transcrit pour préserver l’histoire d’Hetty.
Devrait-il s’agir d’un livre, d’un film ou d’une comédie musicale ? Dorien ne peut pas lâcher prise. Jusqu’à ce qu’elle assiste à une performance du Dansgroep Haarlem de la directrice artistique Haya Maëla. Alors elle sait : le journal doit être mis en musique et en danse. “Je l’ai vu”, dit-elle lorsqu’elle assiste à une répétition d’un groupe de danse. “Je me suis dit : ‘Je dois faire quelque chose à ce sujet’. Pas seulement pour nous, ses enfants, mais pour tout le monde.”
“Je dois faire quelque chose à ce sujet. Pas seulement pour nous, ses enfants, mais pour tout le monde”
Haya Maëla a écrit une danse impressionnante, dont la première a eu lieu l’automne dernier. Ce n’était qu’alors que ce n’était que pour un petit public en raison des mesures corona. Maintenant qu’il est inscrit au programme du ‘Theater Na De Dam’, le chorégraphe trouve ‘très honorable’ de pouvoir refaire le spectacle juste après la commémoration des morts.
Mais elle se souvient encore du travail que c’était que de faire la performance. “Quelle histoire et comment allez-vous en faire une danse !” Haya a beaucoup parlé avec Dorien, a fait beaucoup de recherches sur la guerre et sur la façon dont les gens font face à tant de souffrances. “Et il n’y a pas grand-chose dans le journal, juste des petites phrases. Mais c’était assez visuel pour que j’aie tout de suite des idées.”
Formes de mouvement
Pendant la répétition, elle explique à nouveau à ses danseurs l’importance du rythme et de la direction du mouvement. “Nous avons tous cherché des formes de mouvement pour clarifier la pensée pour soi et pour les autres : ‘Je ne participe pas à cela, je vais le faire différemment’. Alors oui, allez-vous rester immobile, allez-vous suivre le long ou courrez-vous contre lui ? »
Le choix de Dorien de traduire les mots en danse tourne bien. Même sans texte ni explication, vous voyez un groupe de femmes qui se retrouvent et s’entraident dans les cellules, pendant le transport vers l’Allemagne et dans le camp de travail. L’émotion explose, alors que le texte d’Hetty sur les journaux est très factuel. “Elle écrit très sobrement”, dit Dorien. “Presque nulle part elle n’écrit sur le fait que sa famille lui manque, ou sur le garçon dont elle était amoureuse à l’époque. Elle écrit même dans le train pour Munich que c’est un ‘beau voyage’, alors qu’elle est très malade. Je pense que est cynique pense Dorian.
Émotions
Les enfants d’Hetty ne savent presque rien de ses actes de résistance et de l’époque où elle a été prisonnière des Allemands. A l’âge où ses contemporains acceptent de parler des années de guerre, Hetty devient aphasique et elle n’arrive plus à le mettre en mots. Pour Dorien, son geste exprime enfin les émotions que sa mère n’arrivait pas à écrire.
Le spectacle ‘Dagboek 44 45’ pourra être vu le mercredi 4 mai à 21h00 au De Schuur à Haarlem et sera plus tard également joué à La Haye. Après cela, d’autres groupes de danse de tout le pays sont autorisés à travailler avec la chorégraphie de Haya Maëla et à interpréter leur propre interprétation.
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