Berlinale : la politique à l’écran et sur le tapis


Pompes et protestations à Berlin : la 74e Berlinale a débuté par un grand gala d’ouverture sur la Potsdamer Platz.15/02/2024 | 2:43 minutes


« Défendre la démocratie », ont crié certains invités d’honneur lors de la soirée d’ouverture. Une chaîne avec la mention « FCK AFD » sur le cou d’une actrice. Sur le dos d’un producteur, une banderole indiquant « Cessez-le-feu maintenant ! »

La Berlinale, lieu de conflits sociaux ? Un thème récurrent : la guerre en cours au Moyen-Orient. Lors de manifestations, dans des discours – mais aussi dans le programme de la Berlinale. Mariëtte Rissenbeek, directrice générale de la Berlinale, déclare :

Nous considérons le festival comme une plateforme de discussions ouvertes, mais nous ne voulons aucune polarisation. Nous recherchons un dialogue pacifique. C’est pourquoi nous voulons garantir qu’il n’y aura pas de manifestations antisémites ou antimusulmanes sur le tapis rouge.

Mariëtte Rissenbeek, directrice générale de la Berlinale

Outre le glamour, la politique joue également un rôle majeur lors du gala d’ouverture de la Berlinale.16/02/2024 | 2:59 minutes


La guerre au Moyen-Orient au programme de la Berlinale

Le documentaire « No Other Land » est présenté chez « Panorama Documents » et célèbre sa première mondiale à la Berlinale. Le jeune militant palestinien Basel Adra lutte depuis son enfance contre l’expulsion de sa communauté de certaines parties de Cisjordanie.

Il documente l’évacuation progressive de la région de Masafer Yatta. A ses côtés se trouve Yuval Abraham, un journaliste israélien qui soutient ses efforts.

Les photographies de Basel Adra, prises avec un petit appareil photo, en partie en fuite, toujours dans la mêlée, documentent ce combat inégal. Il confronte les soldats dans leurs actes et tente de traduire les responsables en justice sur place. À côté se trouvent les images d’une clarté déprimante prises par l’équipe de tournage israélienne autour de Yuval. Dans l’interview de ZDF, Basel Adra déclare :

C’est une guerre silencieuse – c’est comme ça qu’on l’appelle – que personne ne voit.

Basel Adra, activiste et cinéaste palestinien

Yuval Abraham, Hamdan Ballal, Rachel Szor et Basel Adra (de gauche à droite) lors de la première de « No Other Land » à Berlin.

Source : dpa


« No Other Land » en dit long – sans commentaire

Lorsqu’un matin les bulldozers israéliens arrivent et détruisent l’école locale, le caractère arbitraire de l’expulsion israélienne devient perceptible. Le film se passe de commentaires et documente la spirale toujours croissante de violence et de perte de domicile.

Abraham dit : « Les gens fuient vers les villes. Il y a de plus en plus de monde là-bas – c’est vraiment comme un ghetto. Entourés de murs, ils construisent en hauteur. »

Non seulement ils perdent leur patrie, mais ils cessent d’être agriculteurs. Ils perdent leur pays. ta vie. Ils vivent sous occupation. L’économie est au plus bas. Et c’est ainsi qu’ils deviennent ouvriers du bâtiment. Ils construisent des maisons pour les Israéliens – ceux qui ont détruit leurs maisons.

Yuval Abraham, journaliste israélien

Les actions de protestation pendant la Berlinale en images :

Les cinéastes crient « Défendre la démocratie »

Les cinéastes manifestent sur le tapis rouge de la Berlinale lors de la soirée d’ouverture pour « la démocratie, la diversité et la coexistence pacifique ».

Source: epa


Yuval indique clairement qu’il est assis ici devant la caméra, l’Israélien qui vit sous le droit civil. Et Basel, le Palestinien, qui est soumis au droit militaire. Il exige que les nations occidentales fassent pression sur l’État israélien pour qu’il renonce à « l’occupation » – si nécessaire avec des sanctions :

Si Bâle et moi ne pouvons pas être égaux, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni liberté. Nous devons tous les deux être libres.

Yuval Abraham, journaliste israélien

Dans une double interview avec son collègue réalisateur palestinien Basel Adra dans « Spiegel », le journaliste israélien Yuval Abraham a notamment accusé Israël d’avoir introduit un « système d’apartheid » contre les Palestiniens. Cette accusation est répétée à plusieurs reprises par les acteurs pro-palestiniens – et l’organisation de défense des droits humains Amnesty International utilise aussi parfois ce terme. Cependant, son utilisation est controversée ; Israël contredit avec véhémence cette accusation.

Le Statut de Rome de Cour pénale internationale (CPI) de 1998 définit le « crime d’apartheid » comme « des actes inhumains (…) commis par un groupe racial dans le contexte d’un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématique d’un ou plusieurs autres groupes raciaux dans l’intention de maintenir ce régime ». « 

Jusqu’à présent existent selon les services scientifiques du Bundestag allemand cependant Non « Convictions d’un État (…) fondées sur la Convention anti-apartheid ». « La pratique des États en matière de traitement des allégations d’apartheid est jusqu’à présent restée très gérable – à l’exception du cas de l’Afrique du Sud », poursuit-il.


« Shikun » montre les rencontres entre Israéliens et Palestiniens

Le film israélien « Shikun » du réalisateur Amos Gitai fête sa première mondiale à la Berlinale Special. Une parabole – un échantillon représentatif de la société israélienne. Le film a été réalisé en grande partie avant le 7 octobre et l’attaque contre Israël par le groupe islamique radical Hamas. Acteurs israéliens et palestiniens – des personnes de langues et de générations différentes se rencontrent dans des épisodes scéniques.

Le film iranien « Keyke Mahboobe Man » fête sa première en compétition à la Berlinale – sans son duo de réalisateurs.17/02/2024 | 2:32 minutes


Dans une interview accordée à ZDF, le réalisateur Amos Gitai affirme que son film sera entre de bonnes mains à la Berlinale sous le ciel hivernal de Berlin : « Il a besoin d’interprétation. Mes films sont un dialogue avec des gens qui veulent non seulement consommer, mais aussi s’engager. »

Un film abstrait sur un sujet d’actualité.

Amos Gitai, réalisateur israélien

Amos Gitai déclare : « Dans chaque période historiquement difficile, il y a toujours eu des gens qui ont résisté. Qui n’ont pas suivi la foule. Qui n’ont pas participé à un nationalisme excessif ou à un fanatisme religieux ou quoi que ce soit de ce genre. Et d’une manière ou d’une autre, c’est un film pour ces gens. »

Photos du tapis rouge

:Ouverture de la Berlinale : c’est ainsi que les stars ont célébré

Cérémonie d’ouverture endiablée de la 74e Berlinale : des stars hollywoodiennes comme Cillian Murphy se sont mêlées à des célébrités allemandes sur le tapis rouge. Certains d’entre eux avaient des messages politiques.

par Laura Schäfer

Matt Damon et Cillian Murphy sur le tapis rouge du gala d'ouverture de la 74e Berlinale Festival international du film de Berlin, le 15 février 2024.

Série de photos



ttn-fr-39