Ce ne sont pas les réserves naturelles, mais les chevaux, les alpagas et les jardins qui prennent une grande part dans la zone agricole. La « réduction » et le « verzoning » font grimper les prix des terrains. Résoudre ce problème est plus difficile que d’interdire aux associations de protection de la nature d’acheter des parcelles de terrain. « Les réglementations sont conçues de telle manière que l’utilisation abusive des terres agricoles ne fait qu’augmenter. »
Si son intention était de stimuler le mouvement pour la nature, le président du CD&V, Sammy Mahdi, a brillamment réussi. Selon le parti, ni l’Agence pour la nature et les forêts (ANB) ni des associations comme Natuurpunt ne devraient être autorisées à racheter des terres agricoles pour les transformer en nature. Cela forcerait les agriculteurs à quitter le marché. «La nature sert de paratonnerre», explique Natuurpunt.
L’éléphant dans la pièce est dans ce cas un cheval. Selon les statistiques, l’utilisation des terres agricoles comme pâturage pour les chevaux, les alpagas et autres animaux de loisir, ou comme jardin, impose une charge beaucoup plus lourde aux terres agricoles.
Les chiffres du gouvernement flamand montrent qu’environ 783.000 hectares de terres ont été classés comme zones agricoles. Le cabinet du ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) souligne que 1,8 pour cent de cette superficie agricole, soit un peu moins de 15 000 hectares, est actuellement gérée selon un plan de gestion de la nature. D’autre part, environ 180 000 hectares de terres agricoles sont utilisés à d’autres fins, comme des forêts, des zones de loisirs, des habitations, des jardins et des pâturages pour les animaux de loisir.
Désinvestissement et héritage
La prolifération et l’érosion sont des problèmes connus depuis un certain temps. Dès 2009, une étude commandée par le gouvernement flamand montrait que les chevaux paissent sur environ 70 000 hectares de pâturages, qui sont principalement entretenus à titre de loisir. Il n’existe pas de chiffre précis à l’heure actuelle, mais le nombre de chevaux, poneys et ânes enregistrés est passé de 77 597 en 2010 (peut-être une sous-estimation à l’époque, car l’enregistrement n’est obligatoire que depuis 2008) à 190 598 en 2023.
Une étude de l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (ILVO) a révélé en 2015 qu’environ 15 pour cent des terres agricoles ne sont pas utilisées en tant que telles, les jardins et les prairies constituant une utilisation alternative importante.
La part de l’utilisation inappropriée s’élève à plus de 30 pour cent dans certaines régions. « Comme nous avons travaillé de manière très prudente, c’était certainement une sous-estimation », déclare la chercheuse Anna Verhoeve (ILVO), qui travaille sur une mise à jour des chiffres. « Le problème aura certainement augmenté aujourd’hui. »
Comment est-ce possible? « C’est une erreur du système », déclare Guy Vloebergh, maître de conférences en aménagement du territoire (UAntwerp) et co-auteur du livre Prémédité. L’assassinat de l’open space. « Les réglementations sont conçues de telle manière que l’utilisation inappropriée des terres agricoles ne fait qu’augmenter. »
Vloebergh fait notamment référence au « changement de fonction de zone », qui permet de transformer des fermes en habitations ou d’accueillir d’autres activités. Une étude de l’ILVO a par exemple montré qu’en Flandre orientale, 40 pour cent des fermes libérées sont transformées en villas.
« D’anciennes fermes deviennent des jardineries, des villas – avec ou sans chevaux – ou des espaces de stockage pour caravanes », explique Vloebergh. « Cela crée une dynamique qui signifie également que davantage de terres sont achetées dans la région à d’autres fins. »
En outre, la construction d’écuries a également été systématiquement facilitée. «Alors que les réglementations étaient à l’origine très strictes, elles ont été assouplies sous l’influence de l’industrie équestre», explique Vloebergh.
Six fois plus cher
Il est certain que les prix des terres agricoles montent en flèche. Un hectare de terre agricole en Flandre coûte en moyenne 66.288 euros, selon les chiffres les plus récents du Baromètre agricole de la Fédération des notaires. A titre de comparaison : le prix moyen dans l’UE est de 10 500 euros.
«Il est clair que l’achat de terres agricoles à des fins de protection de la nature n’est pas la principale cause de la hausse des prix», explique Verhoeve. « Cela ne change rien au fait que cela peut poser des problèmes aux agriculteurs individuels. »
Selon Vloebergh, c’est principalement l’empiétement et la déforestation des campagnes qui privent les agriculteurs du marché. «La solution consiste à réduire les options de développement qui ne font pas partie de la zone et, par exemple, à ne plus permettre le changement de fonction d’un jardin ou d’une maison qui ne fait pas partie de la zone», explique Vloebergh.
Selon Bram Bombeek, porte-parole du ministre de l’Agriculture Jo Brouns (CD&V), l’achat de terres agricoles pour la nature fait effectivement monter les prix et représente plus un fardeau pour les agriculteurs que l’aménagement paysager. «En plus, cela se fait avec l’argent des contribuables. Il est donc logique que le gouvernement mette un terme à cette pratique.»
Lutter contre le gaspillage et l’érosion pourrait être moins facile qu’il n’y paraît. Car pour de nombreux agriculteurs, vendre leur entreprise à de riches citadins à la recherche d’un logement à la campagne constitue une belle retraite.
Selon Verhoeve, le problème révèle parfois un conflit générationnel au sein de l’agriculture. D’un côté, l’ancienne génération, qui attend avec impatience une généreuse récompense après une vie de dur labeur dans l’incertitude. Et d’un autre côté, les jeunes agriculteurs qui ne trouvent pas de terres abordables.
«Le défi est de garantir que les agriculteurs gagnent bien leur vie tout au long de leur carrière et puissent vendre leur entreprise à d’autres agriculteurs», explique Verhoeve. « Parce que la résidentielisation croissante constitue le plus gros problème des campagnes, de l’agriculture et de la nature. »