Quelle est la solidité de notre constitution ?


La Loi fondamentale peut-elle être protégée de manière étanche ?

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Lorsque le Conseil parlementaire s’est réuni le 1er septembre 1948 pour rédiger la Loi fondamentale, il a cherché à tirer les leçons des erreurs de la République de Weimar. L’objectif était de stabiliser la démocratie et de la rendre moins vulnérable aux crises grâce à de nombreux mécanismes de sécurité.

Par exemple, les dissolutions parlementaires ont été rendues plus difficiles, le rôle du président fédéral a été limité et le pouvoir a été réparti entre différentes épaules. Mais les inquiétudes concernant le succès électoral des populistes autoritaires en Allemagne ont une fois de plus déclenché un débat sur la stabilité de notre Loi fondamentale. Également avec des suggestions pour sécuriser les organes de contrôle tels que la Cour constitutionnelle fédérale.

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La justice et les médias dans le viseur des dirigeants autoritaires

Les avocats du portail Constitution Blog étudient la vulnérabilité de la démocratie. Dans le « Projet Thuringe », ils conçoivent différents scénarios autour du succès électoral fictif d’un parti autoritaire lors d’élections nationales.

Ils s’inspirent par exemple des approches polonaises, turques ou hongroises. Les dirigeants autoritaires se concentrent principalement sur le système judiciaire, le paysage médiatique et le droit de vote afin de reconstruire un État en leur faveur. “La première chose qu’ils feraient probablement serait d’attaquer les tribunaux et de les neutraliser en tant qu’acteur”, explique Marie Müller-Elmau de Constitutionblog.de et ajoute :

Cela signifie avant tout que l’on s’efforcera de doter les tribunaux de nos propres collaborateurs.

Marie Müller-Elmau, Constitutionblog.de

Ce qui est perfide, c’est que le démantèlement des garanties démocratiques se produit généralement progressivement, sans violation manifeste de la loi ou de la Constitution.

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Point faible : l’élection des juges constitutionnels fédéraux

Et la Constitution allemande présente également des points faibles. L’un d’entre eux concerne les plus hauts gardiens constitutionnels eux-mêmes. Le rôle de la Cour constitutionnelle fédérale est inscrit dans la Loi fondamentale et ne peut être modifié qu’avec des majorités constitutionnelles. Cependant, la structure et la procédure d’élection des juges sont réglementées par une loi simple.

Cela signifie qu’ils pourraient également être ajustés à la majorité simple au Bundestag. Par exemple, si le tribunal devait être élargi grâce à une telle loi, de nombreux nouveaux postes judiciaires pourraient être pourvus d’un seul coup par du personnel affilié au parti. La Cour constitutionnelle fédérale serait effectivement paralysée en tant qu’autorité de contrôle.

Exigences de protection dans la Loi fondamentale

C’est l’une des raisons pour lesquelles des voix s’élèvent actuellement pour que la Cour constitutionnelle soit mieux sécurisée. Les directeurs parlementaires du groupe parlementaire SPD, Johannes Fechner, et du groupe parlementaire FDP, Stephan Thomae, ont récemment suggéré que des aspects importants de l’élection des juges et de la structure du tribunal soient ancrés dans la Loi fondamentale elle-même. Celles-ci ne pourraient alors être modifiées qu’à la majorité des deux tiers.

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Cependant, un parti qui disposerait d’un tiers des voix pourrait alors bloquer les ajustements nécessaires ; il disposerait alors d’une soi-disant minorité de blocage. Ce ne serait pas un scénario totalement irréaliste, surtout au vu des sondages électoraux de l’AfD.

Un ancien juge constitutionnel estime que ce projet n’est pas réalisable

C’est pour cette raison que l’ancien juge constitutionnel Peter M. Huber se montre sceptique quant à de tels projets. La discussion sur la garantie de la Cour constitutionnelle dure depuis longtemps, déclare-t-il à ZDF. Toutefois, de telles propositions auraient des inconvénients.

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La Loi fondamentale prévoit suffisamment d’autres instruments contre les partis anticonstitutionnels.

En principe, je suis optimiste quant au fait que la démocratie défensive instaurée par la Loi fondamentale est également à l’abri de nouveaux défis.

Peter M. Huber, ancien juge constitutionnel

Quoi qu’il en soit, Huber ne croit pas qu’une constitution puisse être étanche. Ce qui compte est de savoir si les citoyens soutiennent la Constitution et lui donnent vie.

Jan Henrich est rédacteur au sein de l’équipe éditoriale de ZDF Law and Justice.



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