Charles Michel démissionnera prématurément de son poste de président du Conseil européen


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Le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé qu’il se présenterait pour son parti belge aux élections européennes de juin, suscitant les craintes des libéraux que sa démission anticipée pourrait ouvrir la porte au Premier ministre hongrois Viktor Orbán pour exercer une plus grande influence sur l’élaboration des politiques européennes.

Michel a déclaré samedi dans une interview accordée à trois médias belges qu’il prévoyait de se présenter comme tête de liste de son parti libéral, le Mouvement réformateur, lors des élections européennes du 6 au 9 juin.

« Je veux servir là où je suis utile, et je pense que je peux être utile au niveau européen », a-t-il déclaré au Soir, De Standaard et La Libre.

S’il est élu, il sera contraint de se retirer avant de prêter serment comme député au Parlement européen le 16 juillet, a déclaré l’ancien Premier ministre belge.

Les gouvernements des 27 États membres de l’UE « devront décider quand mon successeur prendra ses fonctions », a-t-il déclaré. Si aucun candidat n’est trouvé rapidement, a-t-il ajouté, les États membres pourraient voter pour permettre à la Hongrie, qui assurera alors déjà la présidence tournante des réunions du Conseil de l’UE, d’assurer la présidence jusqu’à ce qu’un remplaçant soit trouvé.

Cela placerait le Premier ministre hongrois Viktor Orbán dans le rôle de médiateur normalement tenu par le président du conseil.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán lors d'une réunion du Conseil européen à Bruxelles le mois dernier
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, à gauche, lors d’une réunion du Conseil européen à Bruxelles le mois dernier. Il a été une épine dans le pied de l’UE au cours de l’année écoulée. © Olivier Hoslet/EPA-EFE/Shutterstock

Orbán a été une épine persistante dans le pied de l’élaboration des politiques européennes au cours de l’année écoulée. Lors d’un sommet des dirigeants du bloc en décembre, il a refusé d’accepter un programme d’aide financière de 50 milliards d’euros sur quatre ans à l’Ukraine, considéré comme vital pour la survie du pays cette année face à l’invasion russe. Il a également rencontré le président russe Vladimir Poutine en octobre de l’année dernière, le seul dirigeant de l’UE autre que l’autrichien Karl Nehammer à le faire depuis le début de l’invasion à grande échelle en 2022.

Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris Business School, a déclaré que « Orbán n’a pas le droit d’occuper la présidence tournante de l’UE en raison de son conflit d’intérêts manifeste entre le fait d’être en violation du droit européen et [Hungary] être potentiellement président des réunions du conseil décidant des sanctions [against Hungary]».

La Commission européenne a retenu plus de 30 milliards d’euros de fonds européens à la Hongrie en raison de préoccupations liées à l’état de droit et aux droits de l’homme, dans un contexte de rhétorique de plus en plus anti-européenne de Budapest.

En novembre, la commission a accepté de débloquer un premier versement d’un montant potentiel de 10,2 milliards d’euros auquel la Hongrie pourrait désormais prétendre grâce à quelques tentatives de réformes.

Michel sera le premier président du Conseil européen en exercice à se présenter aux élections européennes. Deux précédents présidents du Conseil – Herman Van Rompuy et Donald Tusk – ont ensuite siégé en tant que membres du Parlement européen. Tusk a été nommé Premier ministre de Pologne en décembre.

L’annonce de Michel augmentera la pression sur la présidente de la commission, Ursula von der Leyen, membre du Parti populaire européen conservateur, pour qu’elle révèle ses intentions concernant son avenir. Elle devrait se présenter pour un second mandat.

Après les précédentes élections européennes, le plus grand groupe parlementaire a eu la possibilité de nommer le président de la commission, l’organe exécutif de l’UE, laissant le rôle de président du conseil, chargé de négocier entre les dirigeants de l’UE et de convoquer des sommets de l’UE, ouvert à un groupe plus restreint.

Les deux candidats doivent être approuvés par une majorité des 27 dirigeants de l’UE, et le président de la Commission a également besoin du soutien du Parlement.

Les derniers sondages sur le résultat des élections dans le bloc montrent un basculement significatif vers l’extrême droite. Les projections de l’analyste électoral EU Elects publiées le 30 décembre montrent que le groupe d’extrême droite Identité et Démocratie, dont est membre la nationaliste française Marine Le Pen, dépasse le groupe libéral Renew pour devenir la troisième faction au Parlement européen.



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