Macron face à la crise liée à la réforme de l’immigration en France


Débloquez gratuitement Editor’s Digest

Le gouvernement d’Emmanuel Macron a été plongé dans la crise mardi alors que l’alliance centriste du président français s’est brisée et que plusieurs de ses ministres ont menacé de démissionner avant un vote parlementaire crucial sur une version renforcée d’un projet de réforme de l’immigration.

Macron a convoqué une réunion d’urgence à l’Elysée avec la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin quelques heures seulement avant le vote crucial à l’Assemblée nationale.

Cette décision intervient après 10 jours de drame au cours desquels le gouvernement a perdu le contrôle de sa réforme de l’immigration, dernier signe en date de la manière dont Macron ne peut plus imposer ses priorités législatives maintenant que son alliance centriste ne dispose pas de majorité parlementaire.

Le gouvernement Macron, sous la pression de la leader d’extrême droite Marine Le Pen et d’une opinion publique sceptique, a initialement présenté sa réforme comme une réforme « équilibrée » qui résoudrait des problèmes de longue date.

Il a proposé un projet de loi sur l’immigration qui durcirait certains aspects du système d’asile pour les migrants, tout en incluant également une mesure favorable aux entreprises pour accorder des permis de travail aux personnes sans papiers employées dans des secteurs en pénurie de main d’œuvre.

Mais la réforme a cristallisé l’opposition de tous les bords politiques et, dans le but de sauver la réforme, le gouvernement a durci ses plans.

Mardi après-midi, Le Pen a fait demi-tour et a ordonné à ses 88 députés de voter pour la version plus stricte de la loi sur l’immigration, bien qu’elle l’ait qualifiée de trop laxiste il y a seulement quelques jours.

Cette décision a mis le gouvernement en retrait alors qu’il avait trouvé un compromis en commission parlementaire multipartite après des négociations avec le conservateur Les Républicains.

“Si nous étions au pouvoir, nous irions plus loin et agirions plus efficacement, mais cette loi est sur la bonne voie”, a déclaré Le Pen.

Son changement a accru la pression sur les députés de l’alliance centriste de Macron au Parlement, dont certains ont des convictions de gauche en matière d’immigration.

S’exprimant sur BFMTV, Mohamed Laqhila, député du parti centriste Modem allié à Macron, a appelé le président à annuler le vote parlementaire en déclarant : “Je voterai contre cette loi”.

Trois membres du gouvernement, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau et le ministre du Logement Patrice Vergriete, ont déclaré à Borne qu’ils envisageaient de démissionner.

Une poignée d’autres ministres de gauche, dont le ministre des Transports Clément Beaune, seraient également inquiets, selon l’Agence France-Presse.

La dernière version de la loi conserve des propositions visant à permettre aux travailleurs sans papiers de demander un permis de travail s’ils travaillent dans des secteurs comme la santé ou la construction, qui sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre.

Mais les députés de droite ont également ajouté de nouvelles dispositions que le gouvernement Macron n’avait pas proposées, comme des quotas annuels pour les migrants et l’obligation pour les étrangers de rester en France pendant cinq ans avant d’être éligibles aux programmes de lutte contre la pauvreté tels que les aides au logement.

“Il y a un accord politique qui ne satisfait pas complètement tout le monde, mais qui nous permet de nous mettre d’accord sur une chose : la nécessité essentielle de protéger les Français”, a déclaré Darmanin.

Le Sénat, la chambre haute du Parlement, a voté mardi soir par 214 voix contre 114 pour approuver la loi. L’Assemblée nationale, la chambre basse, devait voter plus tard.



ttn-fr-56