La mesure s’applique également aux personnes déjà interdites de voyager à l’étranger, comme les employés des services de sécurité et d’autres personnes qui ont accès à des informations sensibles dans le cadre de leur travail. Ils doivent également déposer leur passeport auprès de l’agence gouvernementale compétente. Ils ne récupéreront pas le document tant que leur interdiction de voyager ne sera pas levée.
Cependant, la réglementation semble principalement destinée à empêcher les Russes de tenter d’échapper au service militaire en s’installant à l’étranger. Toute personne ayant reçu un appel au service militaire dispose de cinq jours pour remettre son passeport aux autorités. Vous ne le récupérerez que si vous pouvez prouver que vous avez accompli votre service militaire.
La mesure touche également les Russes déjà à l’étranger. Des centaines de milliers de Russes ont traversé la frontière l’année dernière pour échapper à la guerre en Ukraine après que le Kremlin a déclaré une « mobilisation partielle » en septembre. Ils sont désormais confrontés à un choix difficile. Selon les nouvelles règles, ils doivent (s’ils ont reçu une convocation) remettre leur passeport au consulat ou à l’ambassade de Russie, qui transmettra ensuite le document à Moscou.
Quiconque ne restitue pas son passeport dans le délai obligatoire de cinq jours court le risque de voir celui-ci déclaré invalide. Cela restreindrait considérablement leur liberté de mouvement à l’étranger. Les militants anti-guerre conseillent désormais aux Russes qui se cachent à l’étranger d’éviter les consulats russes pour éviter de se voir confisquer leur passeport.
Le Kremlin compte sur une longue guerre
Cette mesure est une nouvelle indication que le Kremlin s’attend à ce que la guerre contre l’Ukraine se poursuive pendant un certain temps. Les conscrits russes ne sont pas déployés en Ukraine, mais peuvent être appelés pour une nouvelle mobilisation après la fin de leur service militaire.
Pour éviter des troubles au sein de la population, le Kremlin continue d’insister sur le fait qu’il n’est pas prévu de nouveau cycle de mobilisation. Selon les autorités, la campagne de recrutement de personnes pour la lutte en Ukraine a généré suffisamment de volontaires. L’ancien président Dmitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité russe, a récemment déclaré que plus de 450 000 personnes avaient signé des contrats pour ce que le Kremlin appelle « l’opération militaire spéciale » en Ukraine depuis le début de cette année.
Les contrats temporaires suscitent relativement beaucoup d’intérêt, notamment dans les régions reculées de Russie. Le salaire est considérablement plus élevé que la normale, s’il y a des emplois dans ces régions. De plus, les familles des soldats peuvent compter sur de généreuses indemnisations en cas de décès au front.
Élections présidentielles russes
Le président Poutine a annoncé plus tôt ce mois-ci que les forces armées russes seraient renforcées de 170 000 soldats. Cela porte le nombre total à plus de 1,3 million. Selon le ministère de la Défense, cette mesure est nécessaire en raison de la guerre en Ukraine et de « l’expansion continue de l’OTAN ». Pour atteindre le nombre souhaité, le Parlement a augmenté l’âge maximum de conscription de trois ans plus tôt cette année. Désormais, tous les hommes âgés de 18 à 30 ans doivent servir un an dans l’armée.
On s’attend à ce que le Kremlin n’annonce pour l’instant aucune nouvelle mobilisation en vue des élections présidentielles qui approchent en mars de l’année prochaine. Il est déjà certain que Poutine gagnera, mais une faible participation serait quand même dommage. De nombreux Russes craignent qu’un nouveau cycle de mobilisation ne se produise plus tard, compte tenu des lourdes pertes subies par la Russie en Ukraine.