La Belgique consacre environ 13 milliards d’aides d’État aux combustibles fossiles. C’est en fait une nouvelle pleine d’espoir

« Une réorientation progressive des subventions fossiles offre certaines options budgétaires pour rendre la transition énergétique financièrement et socialement acceptable. » Bart Eeckhout, commentateur en chef de ce journal, a écrit ceci aujourd’hui.

Bart Eeckhout

Il y a peu de chances que l’expression « élimination progressive des combustibles fossiles » figure dans les textes finaux du sommet de l’ONU sur le climat à Dubaï. Pour beaucoup de passionnés de lutte contre le réchauffement climatique, cela signifie que le sommet dans son ensemble a échoué. On ne peut certes pas qualifier un tel résultat de succès, mais peut-être n’aurait-on pas dû attendre davantage d’une réunion sur laquelle plane l’ombre de l’industrie fossile.

Ce qui est en réalité surprenant, c’est que « l’élimination progressive des fossiles » n’ait pas été incluse auparavant dans les traités sur le climat. La flèche du temps pointe invariablement vers une sortie des énergies fossiles. Cela ne changera pas, car il ne peut tout simplement pas en être autrement. C’est une bataille acharnée que mènent les producteurs de pétrole et de gaz, aux côtés de politiciens complices. Ils gagneront parfois une bataille et retarderont la prise de décision. Mais leur combat reste encore une action d’arrière-garde.

A l’arrière-garde de cette action d’arrière-garde, certains hommes politiques belges tentent également de se joindre au combat. Le MR francophone profite ainsi de l’occasion pour effrayer une nouvelle fois les électeurs à propos de son partenaire de coalition Ecolo. La raison en est l’annonce du ministre du Climat Khattabi (Ecolo) à Dubaï selon laquelle la Belgique devra également cesser progressivement les subventions aux combustibles fossiles. Selon le vice-premier ministre du MR David Clarinval, cela signifie qu’Ecolo veut immédiatement mettre les familles et les entreprises sans subventions aux carburants.

C’est une absurdité bon marché, bien sûr. La transition devra être progressive et prudente. Personne ne le conteste, pas même les Verts. Mais si l’on suppose que le pays atteindra zéro émission d’ici 2050, la suppression progressive des subventions fossiles en est la conséquence logique.

Il y a certainement un débat politique vif sur la manière de supprimer progressivement ces subventions et sur ce qu’il faut en faire. Selon le dernier calcul du Service public fédéral Finances, environ 11 milliards de subventions directes et 2 milliards d’autres aides d’État ont été consacrées aux énergies fossiles en 2020. Les principaux détracteurs sont la réduction des droits d’accises sur les carburants et l’avantage fiscal sur les voitures de société. C’est quelque chose de différent d’une concession de journal.

C’est en fait une nouvelle pleine d’espoir. Il y a donc de l’argent pour rendre les politiques plus durables socialement responsables. La transition de la société et de l’économie vers un avenir sans énergie fossile et la protection de la population contre des conditions météorologiques plus extrêmes imposeront aux gouvernements suivants des milliards de dollars de factures. Une réorientation progressive des subventions fossiles offre certaines options budgétaires pour rendre la transition financièrement et socialement acceptable.

La politique climatique ne se concentre plus sur ce que nous devrions faire depuis un certain temps déjà. La bataille politique porte sur la manière dont nous allons y parvenir. Si l’on veut éviter que la transition climatique ne déchire la société, il faudra en répartir équitablement les coûts et amortir au maximum le choc. Ce n’est pas impossible. Cela nécessite un débat sérieux qui transcende les alarmismes mutuels des apocalyptiques climatiques et des apocalyptiques budgétaires.



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