La loi sur l’immigration de Macron fait également échouer sa stratégie politique


Après la réforme des retraites âprement disputée, c’était la loi la plus importante qu’Emmanuel Macron avait prévue pour cette année. Mais avant que le texte final d’une nouvelle loi sur l’immigration puisse être débattu sur le fond à l’Assemblée nationale lundi, une coalition occasionnelle de nombreuses nuances de droite et de gauche a fait échouer les projets. Dix-huit mois après le début du deuxième mandat de Macron, une motion présentée par un député vert, soutenu notamment par le Rassemblement national de droite radicale de Marine Le Pen, a plongé le gouvernement français dans une profonde crise politique.

L’idée de la loi était, comme toujours chez Macron, double : les plans devaient inclure quelque chose à la fois pour la droite et pour la gauche. Depuis son entrée en fonction en 2017, Macron, avec l’idée de renforcer le centre politique et de trouver des solutions pragmatiques, a et meme temps (« en même temps ») le cœur battant de son idéologie. Avec seulement une majorité relative au Parlement et une polarisation croissante, cette stratégie semble avoir échoué.

D’une part, la nouvelle loi devrait rendre légèrement plus difficile l’entrée en France des nouveaux arrivants. Par exemple, le nombre de recours possibles contre une décision relative au statut de séjour a dû être réduit de douze à deux. Les immigrés qui, selon les mots de l’ambitieux ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, « se sont mal comportés », pourraient être expulsés plus facilement. Ceux qui étaient autorisés à rester devaient s’intégrer ou, mieux encore, s’assimiler.

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<strong>On estime qu’entre quatre cent mille et un million de migrants sans papiers vivent en France, dont beaucoup travaillent.  Cet homme originaire du Mali montre sa carte d’accès au chantier où il a travaillé illégalement pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris. ” class=”dmt-article-suggestion__image” src=”https://images.nrc.nl/y1pJE-8qTQyXrzCydYfyxToruOo=/160×96/smart/filters:no_upscale()/s3/static.nrc.nl/images/gn4/stripped/data96304146-ff4fc7.jpg”/></p><p>Cependant, cela devrait devenir plus facile pour de nombreux immigrés qui vivent et travaillent déjà en France mais ne disposent pas des documents adéquats pour « régulariser » leur situation.  Ce n’était pas pour des raisons purement humanitaires, mais aussi pour pallier aux fortes pénuries du marché du travail français.  Malgré un taux de chômage encore relativement élevé dans toute la France, selon le ministère du Travail <a rel=environ 350 000 postes vacants ouverts. En présentant son texte juridique au début de cette année, Darmanin s’est dit “méchant” envers les “méchants migrants” et “gentil avec les gentils migrants”.

« Arnaque politique »

Au Sénat, où la droite dispose d’une large majorité, la loi a été légèrement renforcée, avec notamment des options visant à faciliter l’expulsion des migrants ayant un casier judiciaire. Par la suite, un certain nombre de questions ont été édulcorées à la Chambre basse du Parlement avant le débat, de sorte qu’au final, presque personne, à l’exception des membres du parti Renaissance de Macron, n’a été satisfait de l’ensemble. La droite estimait que la loi n’allait pas assez loin, la gauche jugeait le texte trop répressif.

Mais plus encore que le contenu, pour de nombreux députés, l’opportunité politique de porter un coup à Macron déjà affaibli et au gouvernement de l’impopulaire Première ministre Élisabeth Borne comptait. En partie parce qu’un certain nombre de membres de Renaissance se sont retirés, une courte majorité de 270 députés contre 265 ont voté en faveur de la motion visant à rejeter immédiatement la loi sur l’immigration. “C’est une condamnation et meme temps» de Macron, a également conclu Marine Le Pen dans une première réponse. Selon elle, son idée d’une politique un peu à gauche et un peu à droite est une “arnaque politique”. De son côté, la dirigeante du parti d’extrême gauche Mathilde Panot, La France Insoumise, s’est félicitée que le pays ait désormais été épargné par “deux semaines de déclarations racistes et xénophobes” en raison de l’annulation du débat parlementaire.

Le vote est une défaite douloureuse pour Macron. Son deuxième mandat de président ne démarre pas vraiment. Dès le début, les partisans se détournent de lui. L’ancien homme politique vert Daniel Cohn Bendit dit cette semaine Le Monde que la « vieille politique » est de retour, alors que lui aussi avait été initialement séduit par les Macron et meme temps.

Des mesures plus strictes

Les politiciens de son parti murmurent désormais aux médias français que cela est dû en grande partie à l’absence d’une majorité claire (lire : absolue) à l’Assemblée depuis les élections de juin de l’année dernière. Selon eux, le président devrait dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections. Une large majorité de 78 pour cent des Français soutiennent selon un sondage de l’agence Odoxa la loi sur l’immigration, désormais rejetée, y compris les assouplissements pour les migrants sans papiers. Mais les chances que de nouvelles élections débouchent sur une majorité plus viable pour Macron sont faibles.

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Le ministre français de l'Intérieur <strong>Gérald Darmanin</strong> lors d’une conférence de presse à Avignon, dans le sud-est de la France, début mai.<em></em>” class=”dmt-article-suggestion__image” src=”https://images.nrc.nl/DiyPYt-o8GCyIRE2HsQEgIUNGl0=/160×96/smart/filters:no_upscale()/s3/static.nrc.nl/images/gn4/stripped/data71557032-a31df1.jpg”/></p><p>Le ministre Darmanin, pressenti comme futur président par l’ancien président Nicolas Sarkozy en raison de son profil décisif et plutôt à droite, a présenté sa démission à Macron immédiatement après le vote.  Il avait transformé la nouvelle loi sur l’immigration en un combat personnel.  Mais le président a refusé d’accorder cette démission.  Il a demandé au ministre d’abroger la loi d’une autre manière.  Il pourrait choisir de soumettre le texte resserré du Sénat au vote de l’Assemblée, mais il aurait alors besoin de la droite radicale pour obtenir une majorité.  Il a déclaré mardi matin qu’il envisageait une autre option : demander à une commission dite mixte de membres du Sénat et de l’Assemblée de parvenir à un texte de compromis.  À plus court terme, il a annoncé des mesures plus strictes contre l’immigration clandestine.</p><p><dmt-util-bar article=

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