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Le commissaire européen au Commerce a déclaré vouloir conclure un accord commercial avec le groupe des pays d’Amérique latine du Mercosur malgré les objections soulevées par la France.
Le président Emmanuel Macron a lancé la semaine dernière une attaque à grande échelle contre le projet de pacte, affirmant qu’il serait désastreux pour l’environnement, les agriculteurs et l’industrie français.
Mais Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne en charge de la politique commerciale, a déclaré au Financial Times qu’une majorité des pays de l’UE soutenaient l’accord et que bon nombre des préoccupations françaises seraient prises en compte dans l’accord final.
“Je pense que la partie française devrait examiner le contenu réel de cet accord final, que nous sommes toujours en train de négocier, et dans quelle mesure il répond aux préoccupations exprimées par le président”, a déclaré Dombrovskis.
Les accords commerciaux sont traités au niveau de l’UE, la Commission dispose donc de tous les pouvoirs de négociation. Tout accord doit ensuite être approuvé par une majorité des États membres, ce qui signifie que la France et l’Autriche – qui s’est également ouvertement opposée au pacte – auraient besoin de plusieurs autres pays pour bloquer sa ratification.
« Il s’agit d’un accord d’une importance géopolitique et économique majeure. Nous nous engageons à essayer de le faire. . . finaliser cet accord », a déclaré Dombrovskis.
Le Mercosur, qui comprend le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, constitue une récompense précieuse pour les exportateurs de l’UE.
L’accord créerait un marché de 780 millions de personnes et permettrait aux entreprises européennes d’économiser plus de 4 milliards d’euros par an en taxes, selon la commission. Les entreprises européennes investissent 330 milliards d’euros dans la région du Mercosur. Les échanges de marchandises entre les deux blocs représentaient 119 milliards d’euros l’année dernière.
Concernant les préoccupations de Macron liées au climat, un engagement à mettre en œuvre l’Accord de Paris, qui s’engage à maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degré Celsius, serait un « élément essentiel » de l’accord, a déclaré Dombrovskis.
Bruxelles travaillait également sur des exigences supplémentaires en matière de durabilité, notamment des engagements visant à protéger l’Amazonie. En outre, l’UE a déjà introduit des lois interdisant l’importation de produits fabriqués sur des terres déboisées et taxant les importations à forte intensité de carbone, a-t-il déclaré.
Dombrovskis a déclaré que les deux parties étaient « en phase finale » et que les progrès pourraient être « très rapides », même si le Mercosur avait ses propres contre-exigences.
Javier Milei, le nouveau président argentin, soutient l’accord, tout comme l’Allemagne, qui s’efforce de parvenir à une conclusion. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que l’accord était « nécessaire » plus de 20 ans après le début des négociations.
“J’appelle tous les acteurs à faire preuve d’un maximum de pragmatisme et de volonté de compromis afin que nous puissions enfin mener à bien cette affaire”, a déclaré Scholz lors d’une conférence de presse conjointe avec le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva à Berlin la semaine dernière.
Le dirigeant brésilien a qualifié la France de « protectionniste » dans la mesure où l’accord autoriserait davantage de viande et de produits agricoles sud-américains à entrer dans l’UE.
Un responsable européen a déclaré que Macron avait des « raisons politiques internes » puisque la chef de l’opposition Marine Le Pen était contre l’accord. Mais les accords commerciaux précédents ont stimulé les exportations françaises telles que le fromage, le vin et les voitures. « Beaucoup d’entreprises françaises vont en bénéficier. Et l’industrie des produits agricoles en bénéficiera grandement.»
Dombrovskis a déclaré qu’il espérait conclure l’accord d’ici la mi-2024, ce qui signifie qu’il appartiendrait au prochain Parlement européen, élu en juin, de ratifier l’accord.
Pour accélérer sa mise en œuvre, la Commission peut appliquer provisoirement l’accord sur le commerce des marchandises, avec l’accord des gouvernements nationaux et du Parlement européen. La protection des investissements ne prendra effet qu’une fois que les parlements nationaux, dont certains sont profondément sceptiques, auront ratifié l’intégralité de l’accord.
Reportage complémentaire de Guy Chazan à Berlin et Paola Tamma à Bruxelles