Paumé à voir sur la RTBF mercredi. La chaîne consacre une soirée aux abus sexuels dans l’Église catholique. « Pour moi, la série en dit long sur la différence entre la Flandre et la Belgique francophone », déclare le journaliste et Le matinle chroniqueur Alain Gerlache.

Ans Boersma

Paumé a provoqué une onde de choc en Flandre en septembre. Était-ce également le cas en Belgique francophone ?

« La série de la VRT a également été relayée dans les médias francophones. Beaucoup de gens sont donc conscients de l’impact majeur en Flandre. Il est bon que les francophones entendent parler directement au contact des crimes commis, du rôle de l’Église et de la justice, ainsi que de toute l’opération de camouflage que le curé Rik Devillé a mise au grand jour. La RTBF en diffusera un résumé mercredi Paumé et un débat suivra. Tous les épisodes sont disponibles en ligne sur RTBF Auvio. La série suscite déjà beaucoup d’intérêt. Une des raisons est que plus de 25 ans après l’affaire Dutroux, la pédophilie et la maltraitance des enfants ont toujours une très forte résonance en Wallonie. Cela touche au même thème auquel la population est encore très sensible.»

Comment avez-vous vu la série ?

« Pour moi, la série en dit long sur la différence entre la Flandre et la Belgique francophone. Ce qui m’a frappé, c’est le pouvoir quasi absolu de l’Église en Flandre à l’époque où les abus ont eu lieu. Cela a alimenté chez certains le sentiment qu’ils étaient tout-puissants, que l’Église et les prêtres étaient au-dessus des lois. Nous n’avons pas vécu cela de la même manière en Wallonie.»

Désormais, des perquisitions ont également été menées lors de l’opération Kelk en Wallonie, comme une perquisition dans le diocèse de Tournai. Quelle est la différence?

« En Wallonie, l’Église a eu moins de pouvoir depuis le XIXe siècle que dans le nord rural : en raison de l’industrialisation, de la montée des syndicats, des partis de gauche, de l’inspiration marxiste. L’Église, le syndicat chrétien et l’enseignement catholique sont moins forts et il y a moins d’internats catholiques. En Flandre, cela ressemble plutôt à un système. En Wallonie, il s’agit de cas isolés et, à notre connaissance, il ne s’agit pas d’une opération d’étouffement majeure. Mais il y a certainement eu aussi des cas de prêtres pédophiles en Wallonie. Pourquoi cela serait-il différent ici qu’ailleurs ?

« C’est donc une bonne chose qu’une commission d’enquête parlementaire sur les abus sexuels dans l’Église ait été créée au niveau fédéral. J’espère que ce comité considérera également la Wallonie ou l’attitude de l’Église du sud. Cela doit être révélé. Même si l’ampleur des abus est moindre, la gravité des abus ne l’est pas moins.

Est-il exceptionnel qu’un documentaire de la VRT soit diffusé de l’autre côté de la frontière linguistique ?

« Cela arrive de plus en plus souvent. Regardez la série 1985 sur le gang de Nijvel, une collaboration entre la RTBF et la VRT. On s’intéresse aujourd’hui davantage aux séries qui nous concernent et qui contribuent à la compréhension du pays et de ses deux parties. L’histoire de la Flandre n’a plus été diffusé. Si cela apparaît comme une glorification de la Flandre au parfum nationaliste, l’intérêt est moindre. (des rires) Paumé est diffusé en néerlandais avec sous-titres. C’est nouveau. Le nom n’a pas non plus été modifié.

Attendez-vous la même indignation sociale en Wallonie qu’en Flandre ?

« Quand on regarde Paumé vous réagissez d’abord en tant qu’être humain, et au niveau humain, cela aura le même impact. Dans une deuxième phase, j’attends une réflexion sur le rôle de l’Église et la manière dont le ministère de la Justice a agi. Je suppose qu’après l’émission de mercredi, la presse francophone évoquera la situation dans le sud du pays. Tout comme ce qui s’est passé en Flandre.

Toujours de la série.Image VRT



ttn-fr-31