Sça arrive parfois : c’est un sentiment d’incomplétude, de non-dit ou de défait, d’une sorte de « ver » qui reste dans l’esprit. Cela se produit avec une chanson qu’on entend à moitié par hasard et qui continue de résonner dans notre esprit, avec l’épisode de la série télévisée qui se termine en plein rebondissement. ET Cela arrive aussi dans les relations : une histoire se termine mais on n’a pas le temps de clarifier, de se parler et tout reste suspendu. Il s’appelle Effet Zeigarnik et explique toutes les relations suspendues et inachevées dans nos vies.
Les relations, quand on est laissé en suspens : qu’est-ce que l’effet Zeigarnik
La psychologue lituanienne Bluma Zeigarnik a fait une découverte très particulière sur le fonctionnement de l’esprit dans un restaurant viennois : nous nous souvenons bien plus des actions inachevées et inachevées que des actions achevées. C’est parce qu’on est créé état mental de tension qui nous rappelle constamment ce qui n’a pas été accompli. C’est la même raison pour laquelle les fameuses « to do lists » ont été dressées : l’esprit entre dans un état de concentration qui envoie également des messages anxiogènes jusqu’à ce que tout soit terminé.
Cependant, tout ne peut pas être réalisé. Une chanson entendue par hasard, un rebondissement non résolu, des relations amoureuses brusquement conclues sans éclaircissement sont autant de situations suspendues que l’esprit peine à gérer. Et c’est vrai pour l’effet Zeigarnik qui continue de résonner dans la tête ce qui reste en suspens: « Cela s’applique non seulement aux petites choses du quotidien mais aussi aux plus complexes : cela est également observable lorsque nous remarquons que des conflits non résolus du passé surgissent à nouveauils ne disparaissent jamais complètement ou lorsque dans le souvenir des épisodes traumatiques on peut encore ressentir l’effet de l’action que le corps aurait voulu réaliser en défense face à une menace, pour s’échapper ou se défendre, mais qui il n’a pas pu agir”, explique le Dr Roberta de Coppi – psychothérapeute EMDR.
A la base des relations suspendues, les motivations
Pour mieux comprendre ce mécanisme, il faut partir de l’hypothèse que à la base de toute pensée humaine il y a la motivation : « Ce système de motivation complexe est fondamental pour nous pousser à poursuivre des objectifs, nous améliorer et obtenir des résultats. Mais elle est aussi à la base des addictions et du perfectionnisme ou de la performance. C’est une pulsion innée, liée aux émotions positives, qui permet d’agir pour obtenir ce dont on a besoin, même si cela n’est pas utile, voire nuisible.
Chacun a en lui cette « tension » qui le pousse donc vers le but en activant une énergie interne qui reste en suspens lorsque l’action reste incomplète.
L’effet Zeigarnik appliqué à l’amour
Cet effet s’applique donc également à l’amour. Lorsqu’une histoire se termine brusquement au gré de l’autre, il reste des pensées, des ruminations, des non-dits, des manques d’éclaircissements et des confusions qui font partie de cet effet particulier.
«Ce sont les histoires non résolues qui restent comme un ver dans l’esprit. Et cela parce que, comme nous le disent aujourd’hui les neurosciences, en tombant amoureux, le même circuit de récompense est activé dans le cerveau et qui génère un sentiment de gratification. Dans certains cas, ce mécanisme peut encore être actif, par exemple lorsqu’une histoire se termine et qu’il ne reste dans notre esprit que les beaux souvenirs que nous aimerions vraiment retrouver ou lorsque nous avons été abandonnés, peut-être que nous le ressentons comme une défaite ou que nous avons un sens critique envers nous-mêmes. La motivation qui reste a plus à voir avec l’obtention de quelque chose qu’avec une compréhension réfléchie et sage du fait que cette relation est toujours significative ou importante.» explique l’expert.
Dans ce cas l’esprit continue de ruminer parce qu’il essaie seul d’atteindre un sentiment de satisfaction et récompense, essayant donc d’éteindre la tension et d’accomplir la tâche.
Apprendre à aller plus loin en amour
Mais comment surmonter ce tourment ? «Il faut avant tout prendre conscience de ce que véritable raison qui nous pousse encore à revenir plusieurs fois sur le même objet. S’il s’agit d’une petite chose qui ne fait de mal à personne, vous pouvez décider d’y mettre fin et de vous libérer ou de la prendre comme un entraînement et d’arrêter quand même l’action pour apprendre à gérer le sentiment de frustration et augmenter votre tolérance. Même un liste de choses à faire cela pourrait devenir un exercice à faire pour rester concentré sur l’action et ne pas tergiverser mais en même temps être patient s’il n’est pas terminé”, explique le Dr de Coppi.
Si au contraire nous parlons de sentiments, la discussion est plus complexe car nous devons aider l’esprit à boucler le cercle d’une autre manière: « Par exemple, dans une histoire terminée, ils peuvent être utilisés des actes symboliques de clôture qui aident à relâcher les tensions. Par exemple écrire une longue lettre, la relire et la sceller dans une enveloppe ou la brûler».
C’est très utile aussi sortez de votre automatisme. Cet effet se produit parce que l’esprit fonctionne automatiquement : allez au-delà de ce mécanisme et commencez à l’accepter. des situations inachevées et suspendues peuvent survenir, c’est très difficile, parfois plus que d’accepter la perte réelle, mais cela aide beaucoup car “il faut apprendre à vivre avec le sentiment d’incomplétude” conclut le médecin.
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