Mise à jourLes élections législatives qui se déroulent aujourd’hui aux Pays-Bas pourraient profondément remodeler le paysage politique. Après 16 ans en tant que Premier ministre – un record aux Pays-Bas – Mark Rutte (VVD) fait ses adieux à la politique nationale. Il sera clair si les électeurs souhaitent réellement un changement à partir de 21 heures, date à laquelle est attendue la première sortie des urnes.
Les Néerlandais ont l’embarras du choix : pas moins de 26 partis se disputent les faveurs des électeurs. Le plus grand parti au Parlement, le parti au pouvoir VVD, est concurrencé, entre autres, par le Nouveau Contrat Social (NSC), le nouveau parti de Pieter Omtzigt. Une nouvelle alliance des Verts et des sociaux-démocrates espère également rassembler davantage d’électeurs. Pendant ce temps, le parti d’extrême droite PVV espère faire un retour sous la direction de Geert Wilders, l’un des rares dirigeants du parti à rester au pouvoir.
Vers 15h45, environ 40 pour cent des électeurs éligibles avaient voté. Cela ressort clairement des chiffres de l’agence de recherche Ipsos. Ce taux de participation est légèrement inférieur à celui des élections à la Chambre des représentants de 2017, où 43 % des électeurs éligibles avaient voté en même temps. Aux Pays-Bas, il n’y a pas de fréquentation obligatoire.
REGARDER. Les Pays-Bas se rendent aujourd’hui aux urnes pour les élections législatives
Le gouvernement Rutte IV est tombé début juillet car aucun accord n’a pu être trouvé sur la demande du VVD de durcir la politique d’asile et de migration. Quelques jours plus tard, Rutte, 56 ans, a également annoncé qu’il quitterait la politique nationale dès qu’un nouveau gouvernement serait entré en fonction.
Après Rutte, un certain nombre d’autres hommes politiques ont décidé de prendre du recul. La plupart des partis participeront donc aux élections anticipées pour la Chambre des représentants avec un nouveau chef de parti.
La plus grande attention est accordée à Omtzigt
Le chef du parti qui retient le plus l’attention est Pieter Omtzigt (49 ans). Bien qu’il n’ait annoncé la création de son propre parti conservateur du centre, le Nouveau Contrat Social (NSC) qu’en août, il se situe, selon les sondages, dans le groupe de tête.
Omtzigt s’était auparavant fait un nom en s’impliquant dans le dossier des allocations sociales en tant que député du parti chrétien-démocrate CDA. L’affaire concerne environ 26 000 parents (dont un nombre impressionnant d’immigrés) qui ont été accusés à tort de fraude avec compensation financière pour la garde d’enfants. L’approche sévère du fisc face à la fraude, qui a permis de récupérer des dizaines de milliers d’euros entre 2013 et 2019, a mis des milliers de personnes dans des difficultés financières. L’affaire a conduit au limogeage du gouvernement Rutte III début 2021. Cela a donné à l’Omtzigt, auparavant incolore, l’image d’un parlementaire compétent et honnête.
Avec son propre parti, il met surtout l’accent sur « la sécurité de l’existence » et une nouvelle culture administrative plus transparente. Bien que ce dernier thème ne semble pas du tout sexy, il parvient néanmoins à toucher une corde sensible auprès des électeurs néerlandais, après les différents scandales qui ont suivi les gouvernements de Mark Rutte. Résultat, il réussit à attirer les électeurs de gauche comme de droite avec un programme peu concret.
Durant la campagne, l’Omtzigt a été confronté à de nombreuses critiques de la part des partis traditionnels. Son indécision, ses opinions « conservatrices archaïques » sur les questions éthiques et le fait qu’il n’ait pas fait calculer son programme de parti par le Bureau central du Plan, entre autres, ont été critiqués. Le fait qu’Omtzigt ait longtemps gardé le secret sur ses éventuelles ambitions de devenir Premier ministre a également été critiqué. Sous la pression des autres partis, il a exprimé sa « plus forte préférence pour la Chambre des représentants » à deux semaines des élections. Il y a quelques jours, on a répété qu’il pourrait vouloir devenir Premier ministre d’un gouvernement composé de “ministres professionnels”.
Peut-être une femme dans le ‘Torentje’
Dilan Yesilgöz-Zegerius (46 ans), qui a succédé à Mark Rutte à la tête du parti libéral VVD, a exprimé beaucoup plus clairement son ambition de devenir Premier ministre. Yesilgöz pourrait devenir la première femme à siéger au célèbre « Torentje », le bureau du Premier ministre, mais c’est un atout qu’elle ne veut pas utiliser elle-même.
Grâce en partie à une campagne presque sans faille, dans laquelle elle fait également bon usage des médias sociaux, elle assure que le VVD continue d’avoir une chance de devenir Premier ministre après le départ de Rutte.
Le parti Yesilgöz, qui s’exprime clairement, prône une politique stricte en matière de sécurité. Malgré ses origines – Yesilgöz est née en Turquie – elle prône également des règles strictes en matière de migration. En raison de son style féroce et persistant, elle est parfois qualifiée de « pitbull en talons » dans les médias néerlandais.
Effet Timmermans
Une troisième figure marquante de la bataille électorale est l’ancien commissaire européen Frans Timmermans (62 ans). Il dirige une nouvelle alliance de gauche entre les sociaux-démocrates du PvdA et les écologistes de GroenLinks. En tant que membre du PvdA qui a défendu une politique climatique forte en Europe, il semble être le chef de parti idéal pour séduire les électeurs verts et rouges.
Mais l’effet Timmermans espéré, encore à l’œuvre lors des élections européennes de 2019, ne semble cette fois pas s’être concrétisé. Le regroupement GroenLinks/PvdA parvient à attirer quelques électeurs de gauche supplémentaires.
Bataille passionnante
La bataille semble très excitante. Depuis le début de la campagne, les trois partis s’évitent de peu dans les sondages. Par ailleurs, quelques jours avant le scrutin, un quatrième parti a rejoint le groupe de tête : le PVV d’extrême droite de Geert Wilders (60 ans), l’un des rares dirigeants du parti à rester au pouvoir.
Wilders espère pour la première fois avoir l’opportunité de réellement rejoindre un gouvernement. Pour atteindre cet objectif, il a adopté une image plus modérée pendant la campagne, ce qui lui a valu depuis le surnom de « Geert Milders ». Dans l’émission télévisée ‘Nieuwsuur’, par exemple, il a annoncé que ses opinions sur l’islam n’étaient « plus une priorité ». Il cite l’immigration et l’asile, les soins de santé et la sécurité sociale comme des questions actuellement plus importantes.
Le BoerBurgerBeweging (BBB) de Caroline van der Plas (56 ans) espère également rejoindre une coalition. Mais le battage médiatique autour du parti, grand vainqueur des élections provinciales de mars, semble terminé. La montée en puissance de Pieter Omtzigt et une campagne plutôt brouillonne semblent jouer des tours au BBB.
Douze autres partis
En outre, une douzaine d’autres partis revendiquent une place à la Chambre des représentants, mais aucun d’entre eux ne dépasse dix sièges dans les sondages. Cela inclut également les partis gouvernementaux CDA (chrétien-démocrate) et D66 (gauche-libérale), deux partis menacés d’une lourde défaite électorale.
Selon ces sondages, aucun parti n’obtient plus de vingt pour cent. Cette grande fragmentation menace de rendre difficile la création d’une coalition après les élections. Au moins quatre partis peuvent être nécessaires pour obtenir une majorité viable à la Chambre des représentants composée proportionnellement.
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