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L’auteur est rédacteur en chef du FT, président du Centre pour les stratégies libérales de Sofia et membre de l’IWM Vienne.
« Personne ne croit en notre victoire comme moi », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy dans une récente interview au magazine Time. Et il a raison.
Face à la triste réalité d’une contre-offensive au point mort, et au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas contre Israël et de la réponse écrasante de ce dernier, de nombreux observateurs se demandent si l’Occident dispose encore d’une stratégie viable pour faire face à la guerre russe en Europe.
Qui croit de manière réaliste que Kiev pourra regagner les territoires annexés par la Russie dans un an – ou deux – alors que même le général Valery Zaluzhny, le populaire chef d’état-major des forces armées ukrainiennes, a clairement indiqué qu’« il n’y aura probablement pas de conflit profond et profond ». belle percée » ? Et qui, sinon les plus panglossiens d’entre nous, pense que le président Vladimir Poutine est ouvert à toute négociation significative à un an de l’élection présidentielle américaine, alors que son candidat préféré, Donald Trump, est en tête dans les sondages ?
En effet, les faucons et les colombes en Ukraine commencent à paraître dangereusement déconnectés de la réalité.
Sans surprise, l’humeur du public s’assombrit, tant en Ukraine qu’à l’ouest. Et dans un contexte d’opposition républicaine à un financement américain supplémentaire pour l’effort de guerre de Kiev et à un recentrage de l’attention sur le Moyen-Orient, le soutien occidental à l’Ukraine ne peut être tenu pour acquis.
Les Européens sont désormais confrontés à deux guerres très différentes mais interconnectées qui menacent non seulement la sécurité de l’Europe mais aussi l’identité politique des sociétés européennes. Dans les deux guerres, des puissances nucléaires sont impliquées et toutes deux revêtent une grande importance symbolique.
La guerre entre Israël et le Hamas a non seulement déplacé l’attention du public vers le Moyen-Orient et créé une concurrence pour les ressources, mais elle a également affaibli l’idée selon laquelle il y a quelque chose d’exceptionnel dans la nature de l’agression russe. Lorsque la Russie a coupé l’approvisionnement énergétique des villes d’Ukraine, elle a été accusée de commettre des crimes de guerre. Israël a privé Gaza d’approvisionnement en énergie et en eau. L’Ukraine et l’Occident sont-ils prêts à qualifier ces crimes de guerre ?
UN étude récente La « géopolitique des émotions » menée par le Conseil européen des relations étrangères juste avant la guerre à Gaza révèle une tendance inquiétante, quoique peu surprenante. L’opinion publique des grands pays non occidentaux s’intéresse davantage à quand la guerre finira que dans comment ça finira.
L’opinion publique considère l’Occident et l’Ukraine, plutôt que la Russie, comme le principal obstacle à la paix. La plupart des pays du Sud s’attendent à ce que Moscou l’emporte au cours des cinq prochaines années et voient le conflit comme un proxy pour une confrontation entre les États-Unis et la Russie.
La question est donc la suivante : l’Occident peut-il triompher si sa propre population ne croit pas qu’elle devrait être en guerre, alors que la plupart des autres le pensent ?
Dans les premiers mois du conflit, le Kremlin était en proie à la croyance illusoire que son « opération militaire spéciale » prendrait fin dans quelques semaines et que les troupes russes seraient accueillies en Ukraine en tant que libérateurs. Mais la guerre d’agression lancée par Poutine en 2022 n’est pas celle qui est actuellement menée.
De nombreux commentateurs ne parviennent pas à reconnaître que Poutine considère aujourd’hui le conflit en Ukraine comme faisant partie d’une sorte de « guerre éternelle » avec l’Occident. Son objectif n’est plus d’établir une Ukraine pro-russe, mais de démontrer qu’une Ukraine pro-occidentale ne serait guère plus qu’un État en faillite et que, de toute façon, le soutien occidental à l’Ukraine finirait par s’évaporer.
Dans ce nouvel environnement, le défi auquel l’Occident est confronté est étonnamment similaire à celui auquel les États-Unis ont été confrontés en Allemagne de l’Ouest (en particulier à Berlin-Ouest) dans les premières années de la guerre froide.
L’Occident doit prouver que l’Ukraine est un pays dans lequel les investisseurs sont prêts à investir leur argent – protégé, bien entendu, par des batteries de missiles Patriot – avant la fin de la guerre. Ce doit également être un pays dans lequel un grand nombre d’Ukrainiens vivant actuellement hors de leur pays d’origine soient prêts à retourner. Enfin, les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE doivent pouvoir démarrer alors même que la guerre continue de faire rage.
Mais le résultat le plus frappant de l’enquête de l’ECFR est que nombreux sont ceux qui, dans les pays non occidentaux, qui croient à la victoire de la Russie en Ukraine, croient également que l’UE n’existera pas dans 20 ans. Cela devrait faire prendre conscience aux dirigeants européens que ce qui est en jeu ici n’est pas seulement la souveraineté ukrainienne.