Comment un accord secret entre Demir et Brouns a rendu possible l’accord sur l’azote


L’accord sur l’azote est le résultat d’une entente entre les ministres Zuhal Demir (N-VA) et Jo Brouns (CD&V). Après tout, ils se sont retrouvés. Comme il sied aux Limbourgeois : avec une part de tarte.

Jeroen Van Horenbeek

Samedi 28 octobre. Une réunion secrète a lieu à Genk. La veille, après le Conseil des ministres flamand, Demir et Brouns avaient décidé de discuter du dossier de l’azote, désespérément prolongé. En privé. Pour la première fois. Mais il s’avère que tous les débuts sont difficiles, même entre ministres. Demir guide accidentellement sa collègue via WhatsApp vers la maison numéro 35. Elle habite au numéro 5.

Derrière le jargon et les pourcentages du dossier de l’azote se cache une histoire de profonde méfiance entre les partis gouvernementaux N-VA, CD&V et Open Vld. Les choses ne se passent jamais vraiment bien, surtout entre les ministres compétents Demir et Brouns. Pas personnel. Et certainement pas en termes de contenu. Alors qu’elle estime que Brouns est dans la poche du Syndicat des Paysans, lui juge que Demir est en croisade contre l’agriculture flamande.

Résultat de cette contradiction, la question de l’azote reste une épine dans le pied du Jambon I. En mars 2023, toutes les disputes aboutissent à une crise gouvernementale. Les choses vont déjà mal au début des vacances d’été. Et quand, peu après, l’entreprise chimique Ineos perd son permis pour une usine de 5 milliards d’euros dans le port d’Anvers, l’hostilité devient presque palpable. Notamment avec un certain Bart De Wever (N-VA).

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Vendredi 3 novembre. Un peu moins d’une semaine après leur première rencontre, Demir et Brouns se regardent à nouveau dans les yeux. Cette fois dans son cabinet près de Bruxelles Nord. Les négociations pour une part du gâteau limbourgeois durent près de trois heures.

La glace semble se briser progressivement. Les principales lignes rouges sont exposées. Demir s’en tient à l’effort promis : réduire de moitié les émissions d’azote d’ici 2030. Des règles plus strictes en matière d’autorisations pour l’agriculture sont également indispensables. Brouns exige que les jeunes agriculteurs conservent un avenir. Comprenez : obtenez un permis.

Les contours d’un accord sur l’azote tant attendu se dessinent progressivement. Demir et Brouns se parlent désormais au téléphone tous les jours. Comme s’ils n’avaient jamais rien fait d’autre. Cela peut changer. Demir : « Au cours de nos conversations, nous nous sommes demandé : quel est réellement le problème ? Et comment s’en sortir ensemble ? Pour moi, ce n’était pas une option de transporter ce fichier. Pas pour Jo non plus. C’est une bonne chose aussi. »

La base de ce mariage de raison est la prise de conscience commune que retarder davantage un accord sur l’azote signifie une négligence coupable à l’égard du monde des affaires flamand. De plus, le dossier technique menace d’éclipser les élections de 2024. Un scénario perdant-perdant, pour ainsi dire. Brouns : « Je pense que c’était une vision progressive. Le Conseil d’Etat nous a invités ici début octobre (avec des critiques particulièrement sévères à l’égard des projets flamands, éd.) a également aidé. L’organisme judiciaire indique la voie juridique à suivre dans son jugement.

Et le Premier ministre ? Il reste ostensiblement à l’écart dans le dossier qui domine son premier (et unique ?) mandat. Même si Jan Jambon (N-VA) ne veut pas entendre cela lui-même. « J’ai tout suivi de seconde en seconde. Je suis resté chez moi après une mission en Australie pour superviser ce dossier. Mais si vous sentez qu’il y a un énorme rapprochement entre deux ministres, alors en tant que chef du gouvernement, vous ne devriez pas nécessairement vouloir intervenir.»

Rutten

Attention : tout ne semble pas être oublié et pardonné. Demir reste méfiant. Si, lundi 6 novembre, le CD&V flirte à nouveau ouvertement avec l’idée de reporter les objectifs azote après 2030, par exemple. Le parti le fait par l’intermédiaire du vice-président Robrecht Bothuyne sur

Brouns reste également sur ses gardes. Dans la dernière ligne droite, il y a un sentiment étrange au sein de son cabinet, à savoir que les accords conclus verbalement avec Demir ne sont inclus qu’à moitié dans les textes de compromis eux-mêmes. Ou plus court : que Demir essaie toujours de les déjouer. Si quelque chose a agacé le membre du CD&V ces derniers mois, c’est peut-être cela. L’idée qu’il est trompé.

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Reste : Gwendolyn Rutten (Open Vld). Son retour tout à fait inattendu en tant que ministre, mardi 7 novembre, a également provoqué la surprise au sein du gouvernement. Et le désespoir.

Ces dernières années, Rutten est devenu un critique majeur des plans flamands en matière d’azote. Et si, si proche d’un accord, elle voulait quand même effacer le tableau ? C’est une question que se posent, entre autres, Demir. Quelques larmes nerveuses coulent même dans son cabinet : « C’est pour rien ? ».

Rutten ne causera pas de dégâts. Dans l’ensemble, elle est tout à fait d’accord avec le compromis trouvé entre-temps par Demir et Brouns. Rutten souligne toutefois une éventuelle réorientation de la politique flamande de l’azote après 2030. Il sera notamment étudié s’il convient d’accorder davantage d’attention aux émissions d’azote elles-mêmes plutôt qu’aux dépôts d’azote.

Rutten : « Lors de ma nomination, j’ai dit que je voulais commencer à travailler dès le premier jour. Et c’est ce que j’ai fait. Avant même de prêter serment, j’ai eu mes premiers contacts avec des collègues à propos de ce dossier. J’étais heureux d’avoir déjà maîtrisé le contenu. Sinon, cela aurait été presque impossible.

La question de l’azote n’est plus à l’ordre du jour. Enfin. Provisoire.



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