92e tournage cette année à Bruxelles : que s’est-il passé exactement ? « Hitman a tiré sur l’ami de Mboyo »


La fusillade de mercredi soir à Ixelles semble s’inscrire dans le cadre d’une guerre entre bandes de trafiquants de drogue dans le quartier africain de Matonge. Avec en second rôle l’ancien Diable Rouge et enfant terrible Ilombe Mboyo, touché par un tir rasé.

Douglas De Coninck

L’une des cinq victimes de la fusillade survenue mercredi soir à l’avenue Gulden Vlies à Ixelles était l’ex-Diable Rouge Ilombe Mboyo (36 ans). Il n’a été touché que par une balle écorchée au bras et n’a pas dû être hospitalisé.

Selon des sources policières, la véritable cible était AM, un ami de Mboyo qui marchait avec lui vers la place Louise. L’AM a été associée à plusieurs reprises à des infractions liées aux drogues dans le passé. Il ferait partie d’un gang urbain du quartier africain de Matonge, à proximité du quartier commerçant à la mode de Naamsepoort. Une guerre fait rage à Matonge depuis des années avec des gangs qui se disputent des territoires pour vendre de la drogue. Adolescent, Mboyo faisait partie du gang très violent qui se faisait appeler « Mafia Africaine ».

« Auteur impulsif »

Un fragment d’image circulant sur les réseaux sociaux montre comment l’agresseur blanc, encore non identifié, court derrière un groupe d’hommes africains et tire en marchant. Selon des sources policières citées par les journaux Sudpresse, l’auteur des faits était un « tueur à gages assisté d’un soi-disant guetteur, quelqu’un qui marchait devant lui et lui montrait qui devait être liquidé ». L’agresseur a tiré avec un pistolet classique de 9 mm.

AM a été touché à quatre endroits : à la tête, à la poitrine, à la cuisse et à la hanche, mais est hors de danger. Parmi les autres victimes se trouvait également un Suédois à l’extérieur de Mboyo, ce qui a d’abord fait penser aux passants à une répétition de l’attaque du 16 octobre.

Des policiers montent la garde sur les lieux de la fusillade.Image REUTERS

Cette fusillade rappelle au directeur de l’Institut flamand pour la paix, Nils Duquet, une tendance de plus en plus visible dans toute l’Europe. «Nous constatons que l’accès aux armes pour les jeunes criminels de drogue devient plus facile», dit-il. « Et puis, comme aux Pays-Bas et en Suède, on fait de plus en plus appel à de jeunes artistes issus de milieux vulnérables. Ce sont des garçons de 16 ou 17 ans. En Suède, où ce type d’incidents devient progressivement quotidien, on voit désormais également des âges de 13 et 14 ans. Cet agresseur a tiré alors qu’il marchait. Cela n’indique pas vraiment un tireur expérimenté. Il est également loin d’être intelligent de faire quelque chose comme ça dans une zone commerçante très fréquentée. Il y a de fortes chances que vous frappiez quelqu’un d’autre. Je pense plutôt à un jeune agresseur impulsif.

« Ce que je crains, c’est que ce ne soit pas seulement cette fusillade. Vous en avez vu de plus en plus ces dernières années des fusillades presque répétées. Un gang tire sur un autre, il faut donc se venger.

Flux d’armes

Ce tournage est déjà le 92e à avoir lieu à Bruxelles en 2023. En 2022, il y en avait 85. Duquet considère la fusillade comme une autre bonne raison pour que le gouvernement investisse davantage dans la lutte contre le commerce illégal d’armes. Chaque guerre déclenche un afflux d’armes illégales dans le monde entier et deux décennies après la fin de la dernière guerre en Yougoslavie, les armes fabriquées en Europe de l’Est et déployées dans ce pays restent la principale source d’origine. Suite aux lois européennes plus strictes sur les armes à feu, deux flux ont été récemment ajoutés.

« Des pistolets d’alarme qui, avec quelques soudures, peuvent être transformés et équipés d’un vrai canon », précise Duquet. « Jusqu’à récemment, en Bulgarie, on pouvait acheter des pistolets d’alarme pour 80 euros pièce, et autant que l’on voulait. Il existe également la route de la Slovaquie. Là-bas, des armes ont été neutralisées à grande échelle, mais de manière mauvaise. Souvent, il y a simplement deux broches soudées dans le canon du pistolet. Quiconque sait souder un peu peut le souder à nouveau en un rien de temps.

« De nouveaux flux arrivent également à notre rencontre. Il existe déjà des rapports faisant état d’armes imprimées en 3D. Nous devons également réfléchir à ce qui se passera une fois la guerre en Ukraine terminée. Il est certain qu’un jour, cela deviendra une nouvelle voie de contrebande d’armes.»

En formation

Même s’il n’était pas la cible, cet incident est un énième pour Ilombe Mboyo dans ce qui aurait facilement pu être une carrière comme celle de Vincent Kompany ou de Dries Mertens. Adolescent, il a joué avec eux deux dans l’équipe de jeunes d’Anderlecht, où il a été renvoyé en raison de problèmes de comportement.

A l’âge de dix-sept ans, Mboyo a écopé d’une double condamnation grave pour voies de fait et participation à un viol collectif. Sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’il est repéré par un éclaireur du Sporting Charleroi à la prison d’Ittre lors d’un match du projet ‘foot en prison’. Il pourrait y débuter en tant que professionnel. C’était le début d’une carrière qui semblait culminer avec un transfert à West Ham en 2013, via le KV Courtrai et l’AA Gent, entre autres. Elle a été annulée à la dernière minute, justement en raison de ses antécédents criminels. Mboyo a poursuivi sa carrière au KRC Genk et a également été Diable Rouge à deux reprises en 2012.

Tout au long de sa carrière, l’attaquant a changé de club presque chaque année, presque toujours en raison de son comportement en dehors du terrain. Il y a eu des allégations de violence domestique et lors de sa dernière saison à l’AA Gent, également des accusations de trucage de compétition. Mboyo joue désormais au Royal Excelsior Virton, en première ligue amateur. Selon la direction du club, il s’est simplement présenté à l’entraînement de jeudi.



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