75 ans de Cobra : cri de liberté plein d’expérimentation

Le musée Cobra d’Amstelveen présente la vibrante exposition estivale Grenzeloos en Vrij, qui n’aurait pas été déplacée sur une plus grande scène. Environ 75 ans d’art Cobra et le caractère universel du cri de liberté plein d’expérimentation.

C’est le 8 novembre 1948 au café parisien Le Notre Dame que le mouvement Cobra voit le jour. De jeunes artistes comme Karel Appel, Corneille et Constant Nieuwenhuys ont voulu secouer les années de guerre traumatisantes avec leurs homologues belges et danois, comme Christian Dortremont et Asger Jorn, et donner aussi une forme artistique à la liberté retrouvée. « Nous voulions tout recommencer, comme un enfant », a décrit Appel plus tard leur envie irrépressible.

Ils s’appelaient barbouilleurs

« Une éruption de spontanéité bloquée », le créateur d’expositions Maarten Bertheux appelle l’art Cobra. « La liberté était un nouveau concept pour ces artistes après avoir vécu cette terrible guerre pendant cinq ans. Leur travail, présenté en 1949 lors de la toute première exposition Cobra au Stedelijk Museum Amsterdam, est accueilli avec beaucoup de négativité. On les appelait barbouilleurs. Mais cela ne les a pas empêchés de persévérer, de défier la pauvreté.

Bertheux, qui a été conservateur au Stedelijk pendant de nombreuses années sous la direction de Rudi Fuchs, a avec Illimité et gratuit pas envie de faire une revue historique du groupe Cobra qui, après tout, n’a existé que 1000 jours (de 1948 à 1951). Il place Cobra dans un contexte plus large.

L’exposition montre également d’où les membres ont puisé leur inspiration : des dessins d’enfants, des masques africains, de l’art populaire ou des œuvres de malades mentaux, mais aussi des prédécesseurs en peinture folle comme Vincent van Gogh ou des amoureux de l’expérimentation ludique comme Pablo Picasso, Kurt Schwitters, Paul Klee, Max Beckmann et Joan Miro.

Que voulait dire Cobra ?

Il se demande aussi : qu’est-ce que Cobra a voulu dire ? Le tollé qu’il a provoqué à l’époque s’est depuis longtemps apaisé. Leur travail fait depuis partie du canon de l’art occidental avec un A majuscule.

Mais Bertheux montre que les idées perdurent. Leur style de peinture rugueux et sauvage, leur fantaisie enfantine et donc désarmante et leur langage visuel expressif inspirent encore après 75 ans de nombreux autres artistes plus jeunes.

C’est précisément cet aspect qui rend cette exposition si pétillante et attrayante. Bertheux précise que Cobra s’inscrit dans une longue tradition de l’art expressionniste : de Vincent van Gogh à de jeunes peintres comme l’artiste allemand Jonathan Meese.

Des collègues endettés et une attention particulière pour les femmes

A Amstelveen, la célèbre œuvre Cobra d’Appels Interroger les enfants aux créatures mythiques des oiseaux de Corneille au monde idéal de la Nouvelle Babylone de Constant présentés en dialogue avec des toiles ou des sculptures d’artistes plus jeunes qui leur sont redevables. Parmi eux, de nombreux peintres de renom, dont il est merveilleux de revoir le travail, comme Georg Baselitz, dont Trümmerfrau de 1978 de la collection du Van Abbemuseum à Eindhoven, au graffeur américain Jean-Michel Basquiat décédé beaucoup trop jeune.

Une attention particulière est également accordée aux artistes féminines, telles que Lotti van der Gaag, Dora Tuynman et Frieda Hunziker, qui ont préféré être tenues à l’écart des projecteurs par les hommes machos dominants Cobra (Appel et Corneille en tête). À juste titre, maintenant, à l’occasion du 75e anniversaire de Cobra, ils ne devraient pas manquer.

Illimité et gratuit visible au Cobra Museum Amstelveen jusqu’au 8 octobre.



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