3 octobre 2013. 368 personnes sont mortes à Lampedusa et, pour la première fois, les corps des naufragés étaient visibles au monde entier. À partir de ce jour, la perception collective des naufrages a changé et se déchaîne la première grande vague émotionnelle, la première réaction sur le plan politique, médiatique et social. Depuis ce jour, nous parlons en vain de "urgence pour les migrants". L’exposition "La mémoire des objets"à Milan, collectionne des objets, des photos et des portraits qui aident aussi à comprendre le présent


ETUrgence des migrants à Lampedusa. Ces trois mots, l’un à côté de l’autre, dominent – une fois de plus – l’actualité : comme c’est le cas de manière cyclique depuis des années. Une affluence record dans le hotspot de Lampedusa début septembre a ravivé l’inquiétude sociale sur l’île, théâtre de débarquements et de tragédies maritimes sans égal en Méditerranée. Des massacres qui marquent notre histoire et notre conscience depuis ce qui est désormais une date symbolique : le 3 octobre 2013. Lorsque 368 personnes ont perdu la vie au large de Lampedusa.

Lampedusa : la première grande tragédie des migrants, il y a 10 ans

Il ouvre le mardi 26 septembre à 18h à Milan, au Mémorial de la Shoahune exposition « consacrée » à la première grande tragédie de la Méditerranée. La mémoire des objets. Lampedusa, le 3 octobre 2013 rappelez-vous comment ce jour-là du début octobre, pour la première fois, les corps des naufragés étaient visibles au monde entier. À partir de ce jour, la perception collective des naufrages a changé et se déchaîne la première grande vague émotionnelle, la première réaction sur le plan politique, médiatique et social.

L’exposition La mémoire des objets. Lampedusa, le 3 octobre 2013

L’exposition comprend des images de Karim El Maktafi, photographe italo-marocain, né en 1992. Sa nature morte d’objets appartenant à des migrants. Ses clichés de la mer et des paysages de Lampedusa. Et ses portraits de certains sauveteurs, comme Giusi Nicoliniancien maire de Lampedusa, et quelques survivants et proches des victimes.

Mais il y en a aussi qui sont exposés des objets ayant appartenu aux migrants décédés lors de ce tragique 3 octobre. Une voiture rouge d’enfant, une paire de lunettes de soleil, un flacon de parfum, un miroir brisé, une boussole, une note écrite au stylo et soigneusement pliée dans la poche. Objets ensuite trouvés par la police comme preuve pénale, preuve à apporter au tribunal qui leur a permis de identifier les personnes décédées également grâce aux détections ADN. Pour leur donner un nom et redonner une dignité à leurs familles aussi. Des objets du quotidien qui sont l’image la plus évidente d’une humanité en fuite. Certains membres de la famille ont dû attendre jusqu’à 12 mois pour que les corps soient reconnus et que leurs droits soient également protégés, comme le simple fait d’avoir un acte de décès.

«La force de ces objets, c’est qu’ils nous obligent à regarder dans nos poches», expliquent Valerio Cataldi et Imma Carpiniello de Carta di Roma et Associazione Museo Migrante dans les textes accompagnant l’exposition. «Je cherche ces lunettes de soleil, cette montre, ce flacon de parfum, ce miroir, ce téléphone. Ils nous obligent à reconnaître que notre vie est pleine des mêmes choses. Cette seule chance nous a permis de ne pas avoir besoin de récupérer ces objets et de quitter notre monde pour toujours. »

L’exposition est enrichie par l’audio des premiers secours, la vidéo du bateau coulé et les reportages télévisés de Valerio Cataldi, le journaliste de la Rai qui a révélé en décembre 2013 sur TG2 le traitement inhumain réservé aux hôtes du centre d’accueil initial de l’île théâtre du massacre, qui a ensuite été fermé.

Adal et ses dessins qui racontent la torture

Un autre protagoniste du Mémorial de la Shoah est Adal Neguse, réfugié érythréen, avec ses dessins et son histoire. Son frère Abraham faisait partie des victimes du naufrage de Lampedusa. Adal a plutôt atterri à Malte sur un bateau, rapatrié et enfermé dans une prison sur l’île de Dalak, dans la mer Rouge, puis torturé. Avec ses dessins, il raconte les atrocités de torture subies par les jeunes de son pays qui tentaient d’échapper au régime. Puisqu’il n’existe aucune preuve de torture, ces dessins ont été acquis comme preuve par les Nations Unies dans la résolution condamnant le régime érythréen pour crimes contre l’humanité.

Adal Neguse, réfugié érythréen, avec sa fille, en Suède. Photo de Karim El Maktafi.

Pourquoi le Mémorial de la Shoah

Le choix du Mémorial de la Shoah en tant que lieu, il est particulièrement important. « Il s’agit d’un engagement important pour le Mémorial, qui s’inscrit tout d’abord dans la lignée des actions entreprises en collaboration avec la Communauté de Sant’Egidio entre 2015 et 2017, lorsque nous avons accueilli plus de 8 000 personnes arrivées en Italie en tant que réfugiés, et dans un but propre. social », rappelle Roberto Jarach, président de la Shoah Memorial Foundation à Milan. Pas seulement: « Le Mémorial est un lieu lié aux horreurs que les guerres et les injustices ont crééeset il faut donc qu’aujourd’hui soit un espace de réflexion sur ces questions. »

Dans le cadre de l’exposition, un programme d’une série de rencontres approfondies est prévu. L’accès à l’exposition est inclus dans le billet d’entrée au Mémorial.

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